Véligo, le service qui ne veut pas garder ses clients

Véligo, le service qui ne veut pas garder ses clients L'offre de location de vélo électrique longue durée (six à neuf mois) de la région Ile-de-France a vu sa popularité exploser en 2020, mais atteindra bientôt les limites de son expansion.

Le coronavirus et la peur des transports ont donné une occasion à de nombreux citadins de s'essayer à la pratique du vélo pour aller travailler. Certains ont même investi dans des vélos électriques. Mais pour ceux qui hésitaient encore à franchir le pas, le service de location de vélo électrique longue durée francilien Véligo, lancé en septembre 2019 par Ile-de-France Mobilités (IDFM), a permis de tester leur motivation. Ainsi, Véligo a vu son nombre d'utilisateurs grimper de près de 40% entre début 2020 et fin février 2021, passant de 8 000 à 11 000 utilisateurs simultanés. Après le premier déconfinement, le service a même dû passer en liste d'attente, n'arrivant pas à faire grossir sa flotte aussi vite que la demande. Un problème réglé à l'automne 2020 : Véligo dispose désormais de 4 000 vélos supplémentaires pas encore loués.

40 euros par mois

Véligo propose de louer un vélo électrique entre six et neuf mois pour 40 euros par mois pour son modèle classique (d'autres modèles, comme le triporteur ou le vélo-cargo, sont également disponibles, mais en plus petites quantités et avec des durées de location plus courtes). Le vélo est livré à l'adresse de son choix ou chez un commerçant partenaire. Ici, pas de stations comme chez Vélib, l'utilisateur est totalement maître de son vélo et paie le même prix, peu importe son usage. Véligo assure l'entretien de l'appareil, avec un bilan complet et gratuit au bout de trois mois, ainsi que les réparations d'imprévus (pneu crevé, phare cassé …). Véligo est éligible au remboursement  par les entreprises de 50% des frais de transport. 

Etre maître de son vélo signifie aussi en être responsable : en cas de vol ou de grosse casse, c'est à l'utilisateur de rembourser le vélo à Véligo. C'est pourquoi 83% d'entre eux souscrivent à l'assurance Véligo, et en majorité à la version de la plus chère de la police (7,10 euros par mois), qui permet de n'avoir qu'une franchise de 20 euros à payer par sinistre. L'assurance propose au maximum deux remplacements, "mais ce n'est jamais arrivé", assure Adeline Gogé Lefaivre, directrice générale adjointe de Véligo. Elle assure que les vols, pourtant fréquents sur les vélos électriques en raison de leur prix élevé, sont rares car les Véligo, très reconnaissables, sont difficiles à écouler pour les voleurs. Véligo surveille d'ailleurs les sites de vente entre particuliers afin de les repérer. Véligo refuse cependant de communiquer le taux de sinistralité du service.  

Neufs mois... et ouste !

Véligo est un service public un peu particulier. Son but n'est pas d'offrir une nouvelle option de transport aux Franciliens, mais de leur permettre de tester sur le long terme un vélo électrique avant d'en acheter un. "Un bon vélo électrique comme le nôtre coute entre 1 500 et 2 000 euros, c'est un gros investissement", rappelle Adeline Gogé Lefaivre. "Il faut tester avant d'investir. Et pas quelques jours ou une semaine, mais plutôt six mois dans l'idéal, ce qui permet d'expérimenter différentes conditions météo et tous les usages possibles." Il faut voir Véligo comme la première marche d'un dispositif d'aide à l'acquisition de vélo électrique, qui passe ensuite par des incitations financières : IDFM rembourse jusqu'à 600 euros pour l'achat d'un engin, et la ville de Paris jusqu'à 400 euros. Le service vise un public d'actifs sur des trajets domicile-travail. Avec près de 46% des usagers, les Parisiens sont surreprésentés chez Véligo, en particulier depuis les grèves de décembre 2019 (ils ne représentaient que 30% des utilisateurs auparavant).

Puisqu'il ne s'agit que d'un test, Véligo a mis en place une pratique rarissime pour un service de mobilités : ses utilisateurs sont mis dehors. Après six mois d'utilisation, ils peuvent renouveler leur location pour trois mois supplémentaires. Mais ensuite, ils doivent rendre le vélo, sans possibilité de le racheter comme sur un contrat de leasing. Impossible aussi de se réinscrire ultérieurement. "Il s'agit d'un service subventionné, or puisque la taille de notre flotte est limitée, nous ne pouvons pas tout le temps subventionner les mêmes personnes", justifie Adeline Gogé Lefaivre. Aujourd'hui forte de 15 000 appareils, la flotte de Véligo devrait prochainement atteindre la taille maximale prévue par son contrat, soit 20 000 unités. Le service n'a donc pas vocation à devenir massif comme Vélib, ni rentable ou même à l'équilibre. Comme les transports en commun, son coût est assumé en majorité par la collectivité. La région a débloqué un budget de 110 millions pour opérer Véligo jusqu'en 2025.