Cooltra, un nouveau concurrent majeur pour Cityscoot à Paris
L'entreprise espagnole, leader européen des scooters en libre-service, commande une flotte de 6 000 appareils dans six villes. Elle souhaite s'imposer par la qualité plutôt que par les prix.
Finie la période de tranquillité pour Cityscoot, qui s'était retrouvé fin 2019 seul sur le marché parisien des scooters en libre-service après le départ de son concurrent allemand Coup. La start-up française doit faire face aux récentes arrivées de Lime et de l'espagnol Yego sur ce créneau, et à présent d'un quatrième concurrent, et non des moindres. Il s'agit du leader européen du secteur, lui aussi espagnol, Cooltra. L'entreprise a déployé fin juillet une centaine de scooters électriques à Paris, avant de grossir progressivement sa flotte jusqu'à 2 000 appareils d'ici septembre. Ils sont accessibles via son application, mais aussi sur celle du VTC Free Now (ex-Kapten), grâce à un partenariat entre les deux entreprises.
L'histoire de Cooltra est celle d'un acteur traditionnel né en 2006 sur un modèle d'agences de location de scooters, et qui a su se transformer en un opérateur de free-floating à partir de 2016. Entre-temps, l'entreprise a également développé une activité B2B de location longue durée de scooters pour des clients comme Just Eat ou Dominos, et qui représente la moitié de son chiffre d'affaires annuel de 40 millions d'euros. Cooltra est d'ailleurs présent en France depuis cinq ans sur sa partie B2B.
80 millions d'euros levés
Cooltra compte aujourd'hui 400 employés et a déployé 6 000 scooters en libre-service en Espagne (Madrid, Barcelone), en Italie (Milan, Rome), au Portugal (Lisbonne) et désormais en France avec Paris. L'entreprise est également présente en Autriche et en République tchèque, uniquement sur son versant B2B. "Nous avons réalisé le double de courses de Cityscoot en mai", affirme le PDG de Cooltra Timo Buetefisch pour illustrer la différence de taille entre les deux sociétés. Il faut dire que Cooltra opère dans six villes (dont Lisbonne en monopole), contre quatre pour Cityscoot. Cityscoot et Cooltra sont en revanche aussi bien financés l'un que l'autre, avec environ 80 millions d'euros levés chacun.
En arrivant à Paris, Cooltra ne compte pas casser les prix comme c'est souvent le cas lorsqu'un acteur étranger majeur s'implante dans une nouvelle ville pour capter des parts de marché. "Nous ne voulons pas déclencher une guerre des prix, assure Timo Buetefisch. Nous essayons de devenir rentables, plusieurs de nos villes le sont déjà, et nous espérons que tout l'entreprise le sera l'année prochaine". Les prix de Cooltra sont donc très proches de ceux de son concurrent français, qui avait d'ailleurs augmenté ses tarifs après s'être retrouvé en monopole. Cooltra met plutôt en avant les avantages de son service, comme la présence de deux casques dans les scooters. "D'après les enquêtes que nous avons menées, 35% des trajets effectués par nos clients se font avec deux personnes sur le scooter", justifie Timo Buetefisch. L'entrepreneur allemand reconnaît volontiers la qualité de service et le sérieux de Cityscoot, avec qui il est déjà en concurrence en Espagne et en Italie.
Si son implantation s'avère concluante à Paris, Cooltra disposera de plusieurs manières d'étendre sa présence. Notamment en lançant de nouvelles villes en France ou proposant aussi des vélos électriques, comme il le fait déjà dans d'autres villes. Mais sa priorité sera plutôt d'étendre l'empreinte géographique de son service à Paris (pour l'instant seulement disponible intra-muros) et de grossir la taille de sa flotte pour rivaliser avec celle de Cityscoot (environ 3 000 appareils). A moins que la mairie de Paris ne vienne contrecarrer ses plans. Elle a fait savoir le 30 juin, juste après l'arrivée de Cooltra, qu'un appel d'offres serait organisé cet automne pour réguler les scooters électriques face à la multiplication du nombre d'opérateurs.