Faire voler des VTOL d'ici 2024, un défi (trop ?) olympique pour ADP et RATP

Faire voler des VTOL d'ici 2024, un défi (trop ?) olympique pour ADP et RATP Expérimentés à Pontoise, ces drones de transport de personnes sans pilote doivent créer un début de réseau aérien francilien dans l'optique des J.O 2024. Une échéance vite arrivée pour un tel projet.

Si elle est encore à des années des vols commerciaux, l'industrie des VTOL, ces drones de transport de personnes sans pilote, commence à faire de premiers pas vers du concret. La RATP, ADP et la région Ile-de-France ont donné le coup d'envoi de leur projet d'expérimentation le 25 novembre à l'aérodrome de Pontoise (Val-d'Oise). Il doit leur permettre de bâtir le début d'un réseau francilien d'une vingtaine de "vertiports" (des mini-aéroports pour VTOL) qui relieront des points névralgiques de la région, comme des extrémités de Paris, ses aéroports, ou encore ses bassins d'activité économique (La Défense, Saclay…).

Le PDG du groupe ADP Augustin de Romanet a annoncé que la start-up allemande Volocopter, fabricante de VTOL, allait débuter en février les tests de l'un de ses engins, "qui sera déployé en premier pour les Jeux Olympiques" à Paris en 2024. Les différents partenaires du projet n'ont cessé d'évoquer cette échéance, bien que les drones soient par essence des transports de niche qui ne sauraient charrier la masse de participants et spectateurs des Jeux Olympiques. De niche, mais aussi de riches, contrairement à ce qu'a affirmé la présidente de la RATP Catherine Guillouard, assurant que les VTOL seraient abordables, en contradiction avec le scénario présenté par une autre cadre de la RATP au JDN l'année dernière (un concurrent des VTC haut de gamme avec seulement quelques milliers de trajets par jour), et qui semble bien plus réaliste.

Une "vitrine" pour la France

Pourquoi donc cet attachement aux J.O ? Pour la communication et l'image de la France, comme l'a reconnu le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari. "C'est l'occasion pour le pays d'être une vitrine de l'innovation". Il a aussi rappelé les enjeux économiques derrière l'affichage : "C'est une course de vitesse qui se joue, les Etats-Unis et la Chine ne nous ont pas attendus. Chez eux, les levées de fonds et les commandes de VTOL se succèdent." Faire de la France une vitrine, mais aussi s'imposer pour les élus locaux l'Ile-de-France comme la région française du développement des VTOL. C'est ce qu'a rappelé la vice-présidente de la région Alexandre Dublanche en envoyant quelques piques à peine voilées et assez inopportunes en direction de la région Occitanie, terre des fleurons français de l'aéronautique, sans oublier de vanter son bilan en matière de soutien au secteur.

Le système de détection et d'évitement de collision développé par Thales © JDN / Jamal El Hassani

A défaut de les faire voler comme ils l'avaient laissé entendre à la presse, la RATP a présenté deux VTOL de ses partenaires Airbus et Volcopter. Surtout, le consortium a montré qu'il ne s'intéressait pas qu'aux drones, mais aussi à tout l'écosystème qu'il faudra développer autour pour leur permettre de voler commercialement. Thales a présenté une technologie qui permet à un drone autonome de détecter tous les autres engins proches de lui, de calculer leurs trajectoires et de forcer un changement de direction en cas de risque de collision. Une technologie qui existe déjà sur les avions et hélicoptères avec pilotes, et qui sera une sorte de dernier recours, en plus des systèmes de contrôle du ciel en cours de développement pour organiser la future cohabitation entres drones taxis, drones livreurs et hélicoptères. 

La start-up britannique Skyports développe des centre de supervision mobiles du trafic aérien. © JDN / Jamal El Hassani

Autre partenaire, la start-up britannique Skyports développe des vertiports avec toute l'infrastructure au sol pour permettre aux VTOL, de décoller et atterrir, mais aussi d'être rechargés et révisés. Elle a présenté une autre de ses missions, l'aiguillage des drones à leur arrivée au vertiport. Dans une camionnette bardée d'écrans, des opérateurs peuvent suivre les trajets des drones en approche et leur donner diverses instructions afin de gérer le trafic local. Un opérateur surveille aujourd'hui deux drones, mais l'entreprise affirme pouvoir passer à dix drones par opérateur l'année prochaine, grâce à davantage d'automatisation.

Alors que les premiers tests démarreront moins de deux ans et demi avant les Jeux Olympiques, une période très courte à l'échelle de lourds projets R&D comme le VTOL, on peut se demander si les acteurs seront véritablement prêts pour les J.O. Infrastructure, technologies, autorisations réglementaires… il reste tant à faire pour proposer des services pré-commerciaux sur les deux lignes privilégiées pour les J.O, Issy-lesMoulineaux-Saint-Cyr et Roissy-Le Bourget-Paris. Le marathon est lancé.