Les oracles décentralisés, une révolution pour la blockchain ?

La recherche de valeur de l'écosystème blockchain - hors spéculation- passe par la production de smart contracts. Hébergés sur des blockchains, ils ont une limite : l'absence de communication avec des informations ou données extérieures. La recherche de solutions pour permettre cette communication passe par la création d'oracles, des intermédiaires dont la fiabilité de la donnée est inattaquable. Reste qu'entre la promesse et la réalité, il est parfois compliqué de s'y retrouver.

Des oracles pourquoi faire ?

Comment alimenter un smart contract avec des données fiables, mais surtout actualisées en temps réel comme les marchés boursiers, les résultats sportifs, des flux logistiques ou bien encore la météo ? La blockchain ne peut pas accéder aux bases de données externes. Ce travail peut être effectué  par des « oracles ». On désigne ainsi ces sources parce qu’elles doivent être, selon la définition du terme oracle, « infaillibles et émaner d’une personne d’une grande autorité ». Dans le monde de l’informatique et des cryptos en particulier, la grande autorité peut être du code donc une base de données. "The code is law" comme l’écrivait en 2000 Lawrence Lessig, d’où la création d’algorithmes pour aller chercher des informations accessibles via une API. Les contrats peuvent ainsi porter sur des données variées, telle que celles contenues dans des bases de paiement (Visa, Paypal, Swift...) ou d’évènement (horaires de vol d’avion, condition météo), ou même des données issues de notre environnement immédiat obtenu par des capteurs physiques (température, image, pression…).

Les oracles nouveau business de la blockchain?

Au cœur de l’écosystème Blockchain, on trouve les mineurs. Ils sont rémunérés en Bitcoins pour leur capacité à créer des blocs dans la blockchain et donc permettre les transactions. Au mois de mai 2020, la rémunération de cette preuve de travail a été divisée par 2. La rentabilité du minage est donc remise en question (sauf si le BTC prend beaucoup de valeur). Le minage est très gourmand en électricité. Donc pour rester rémunératrice, cette activité demande de trouver de l’énergie peu chère. 

Mais on peut imaginer que cette puissance informatique pourrait servir à autre chose. Et c’est là que la gestion d’oracles pourrait se transformer en compléments de revenus pour l’écosystème de la Blockchain.

Avant l’arrivée de Chainlink, le rôle de l’oracle était assuré par des fournisseurs de service comme l’entreprise Oraclize. Mais ces derniers sont par nature centralisés et ne présentent donc qu’un seul point d’attaque pour quelqu’un qui souhaite falsifier des données. La sécurité de ces systèmes est insuffisante pour une adoption généralisée par les grands acteurs de l’économie. Si un contrat porte sur des millions d’euros et que l’oracle qui lui fournit des données est hacké, le contrat pourrait par exemple virer de l’argent à la mauvaise personne.  

ChainLink cherche à résoudre ce problème en utilisant, pour une requête, de nombreux oracles et plusieurs bases de données.

Chainlink est un réseau de nœuds connecté à la blockchain. Ces nœuds collectent et traitent les données fournies par les oracles. Un nœud central échange des informations avec la blockchain et les autres nœuds.  

Les émetteurs de smart contracts choisissent le nombre d’oracles et les sources qu’ils souhaitent. Les oracles, en échange de leur travail, sont payés en token LINK. Le contrat d’oracle Chainlink fixe un montant de LINK qui convient à l’émetteur du contrat et à  l’utilisateur. On pourrait, par exemple, émettre un smart contrat de paris sportif associé à 20 oracles : les 10 premiers sont contraints d’utiliser comme source le site internet du journal l’Equipe et les 10 autres le site internet d’Eurosport.

Pour améliorer la qualité des données fournies  par les oracles,  Chainlink a mis en place 2 types d’incitations :

1. les émetteurs peuvent exiger que les Oracles mettent sous séquestre des token LINK. Ainsi si les données fournies par cet oracle ne correspondent pas à la majorité des données collectées, il ne sera pas payé et perd les LINK provisionnés. Les intérêts économiques sont ainsi alignés.

2. les oracles peuvent être notés par les gestionnaires de smart contacts.

Le token LINK : un nouvel eldorado ?

Le LINK a fait une performance remarquable depuis le début de l’année. Son prix a été multiplié par 4. Pourquoi ? Chainlink bénéficie d’une communauté active et engagée sur le web, le Link Marines. Par ailleurs d’impressionnants partenariats ont été signés, notamment avec Google Cloud et Tezos.

Il a le soutien de personnalités telles que Tyler Winklevoss, connu pour son implication dans le lancement de Facebook, multimillionnaire crypto et cofondateur du crypto exchange Gemini avec son frère. Il compare les progrès de Chainlink a ceux du Bitcoin et de l’Ethereum à leurs débuts.