Ismo, l'application qui investit vos arrondis en Bourse

Ismo, l'application qui investit vos arrondis en Bourse Fondée par cinq anciens de Société Générale, cette fintech,qui vient de se lancer, permet de placer de petits montants sur les marchés financier pour un abonnement d'un euro par mois.

Les Français épargnent beaucoup. Encore plus depuis le début de la crise liée au Covid-19. Et le placement le plus populaire reste le Livret A malgré son taux d'intérêt de seulement 0,5%. "Pourtant, le meilleur placement, si tant est qu'on soit sur du long terme, c'est la Bourse", lâche Eric Le Brusq, ancien responsable mondiale de la vente dérivés actions chez Natixis et désormais fondateur d'Ismo. Cette fintech, qui vient de se lancer, propose une application qui permet d'épargner et d'investir les arrondis des dépenses effectuées en carte bancaire. Concrètement, si vous payez un café 2,10 euros, 90 centimes seront automatiquement épargnés et investis dans des fonds. Il est également possible d'arrondir jusqu'aux 9 euros supérieurs.

"Nous réconcilions l'épargne et la consommation, qui ont longtemps été opposées. En plus d'avoir un acte de consommation, le consommateur a un acte d'investissement", souligne Eric Le Brusq. Une fois par semaine, Ismo prélève la somme des arrondis (il faut un minimum de 5 euros) et les investis. En plus du mécanisme d'arrondi, la fintech permet d'effectuer des virements ponctuels et périodiques du montant désiré.

Pour pouvoir gérer les fonds, l'équipe d'Ismo a créé une société de gestion

Pour déterminer le profil de risque du consommateur, Ismo pose une série de questions lors du processus d'inscription qui dure environ cinq minutes. "Supposons que votre investissement perde 10% en six mois, que faite-vous ?", "Est-ce qu'une action est un titre de propriété d'une entreprise ?"… A la fin, Ismo recommande un profil (prudent, intermédiaire ou dynamique) que le consommateur est libre ou non de choisir. L'argent est ensuite investi uniquement dans des ETF (exchange-traded fund, des fonds qui répliquent l'évolution d'un indice boursier, ndlr). "Ce sont des instruments très liquides, pas chers et très diversifiés en termes géographiques et sectoriels", justifie le dirigeant.

Le consommateur se retrouve ainsi avec un portefeuille composé notamment d'ETF actions américaines et européennes ainsi que des ETF obligations d'entreprises et obligations de pays émergents. A noter qu'Ismo ne pratique pas l'effet de levier. Pour pouvoir gérer les fonds, l'équipe d'Ismo a créé une société de gestion baptisée Wide Asset Management, qui est agréée par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Un agrément qui lui permettra de se transposer dans les 27 autres pays de l'Union européenne, grâce au mécanisme de passeport financier. 

Avoir sa propre société de gestion permet d'acheter les fonds en direct (il n'y a donc pas d'intermédiaire à rémunérer) et donc d'être compétitif en termes de prix. L'application Ismo est disponible pour 1 euro par mois (elle est gratuite les trois premiers mois), auquel il faut ajouter 0,5% par an de frais de gestion. Pratiquer une tarification faible permet à Ismo de s'adresser à une population peu habituée à investir en Bourse : les jeunes. "Nous permettons aux jeunes d'investir sans mise de départ. La Bourse ne doit pas être l'apanage des plus aisés", argue Eric le Brusq. "Aujourd'hui, les jeunes ont l'obligation d'épargner. L'argent se déprécie, investir sur le livret A n'est pas intéressant. Sans compter que le système de retraite bat de l'aile", ajoute-t-il, en précisant qu'il faut investir de façon régulière pour lisser la volatilité à court terme des marchés financiers.

Ismo vise 1 million de clients d'ici cinq ans en Europe

Pour conquérir la tranche des 18-35 ans, Ismo mise principalement sur les réseaux sociaux, comme le font les nouvelles applications de trading comme Robinhood, Freetrade ou encore Bux. Cette dernière, présente sur le marché français depuis près de deux ans, peine toutefois à s'imposer malgré son modèle sans commission et son interface fluide.

Mais Ismo compte sur le regain d'intérêt des Français pour la Bourse, suite au confinement qui a laissé aux consommateurs du temps pour s'intéresser à leurs finances personnelles. Les courtiers en ligne ont vu leur nombres d'ouvertures de comptes et les ordres passés exploser. A l'origine de cette dynamique, principalement des jeunes. "Je ne pense pas que ce soit un épiphénomène mais une tendance durable", estime Eric Le Brusq. En partant de ce principe, la start-up vise 1 million de clients d'ici cinq ans en Europe. L'Allemagne, l'Italie, et l'Espagne sont dans son viseur. Des pays où les taux d'épargne sont importants. Ismo a pour l'instant le champ libre car c'est un modèle qui n'existe pas dans l'Hexagone. La start-up canadienne Moka (ex-Mylo), qui est son concurrent direct, est arrivée en France en juillet dernier mais celle-ci ne peut toujours pas investir dans des fonds car toujours en cours d'acquisition d'une société de gestion. Acorns, la star américaine du secteur, n'a pas encore l'intention de se lancer sur le Vieux Continent.

Pour conquérir le marché français, puis européen, la fintech de neuf salariés compte lever des fonds dans les mois à venir. En attendant, elle peut compter sur son premier tour de table de 1,65 million d'euros qui a eu lieu début 2020. Entre 5 et 7 recrutements sont prévus dans l'année à venir, principalement des développeurs et des profils marketing.