Investir quoi qu'il en coûte ? Les particuliers dans le flou des frais de placement

Frais d'entrée, de sortie, de gestion, de compte, de passage d'ordre… Difficile pour un particulier non initié de ne pas se perdre dans les méandres des coûts liés aux placements financiers. Une complexité qui tient à la multiplicité des acteurs de la chaîne de valeur financière et des modèles économiques en place. Si le marché ne peut que difficilement être rationalisé du fait du rôle clé joué par chaque partie prenante, transparence et performance doivent désormais y régner en maîtres.

De l’importance d’un référentiel pour une transparence des frais

Banquier, fintech, courtier, assureur, CGP, société de gestion, family office… Il existe de nombreux acteurs financiers auxquels l’investisseur particulier peut avoir recours pour placer son argent et gérer son patrimoine. Mais peu importe le point d’entrée qu’il choisit pour accéder aux marchés financiers, il est ensuite confronté - sciemment ou non - à plusieurs intermédiaires : un conseiller d’abord, qui va s’occuper de l’accompagner dans le choix des produits financiers ; un teneur de compte ensuite, qui peut prendre la forme d’une compagnie d’assurance en cas de souscription à une assurance-vie ou d’une banque dans le cas d’un PEA ; et un gestionnaire de fonds enfin, souvent représenté par des traders chargés d’intervenir en faveur de ses investissements dans des fonds communs de placement. Trois grandes typologies de parties prenantes qui doivent donc légitimement être rémunérées et qui, pour compliquer encore la chose, disposent de modèles économiques très diversifiés.

Outre la multitude de frais possibles, la manière dont ces derniers sont prélevés est un frein supplémentaire à une bonne lisibilité des coûts. Car là où un prélèvement régulier sur le compte courant de l’investisseur est facilement traçable pour lui, une ponction sur les sommes placées à coup de 0,01% est beaucoup plus difficilement perceptible. Il devient alors très complexe de calculer le rendement net, et donc de connaître le coût réel de ses investissements, ce même pour un particulier ayant une bonne compréhension des marchés financiers. Si l’AMF impose depuis 2018 aux intermédiaires financiers de fournir au client le détail des frais liés au conseil et aux placements recommandés, en pourcentage (%) et en montant (euros), comprendre véritablement ce que cette somme représente reste difficile pour un néo-investisseur peu averti. Alors que la crise économique renforce le besoin de réassurance des particuliers concernant leurs finances et dans l’objectif de démocratiser l’investissement financier, source de reprise économique, ne pourrions-nous pas ainsi imaginer la mise en place d’un référentiel de base ? En prenant la forme d’un ratio frais engagés / performance potentielle, cet indicateur universel permettrait tout à la fois à l’investisseur de réaliser facilement une évaluation coûts/bénéfices, mais aussi de prendre des décisions, après comparaison, en toute connaissance de cause.

De l’importance d’un alignement des intérêts au profit de la valeur conseil

Cette notion de performance est également importante dans la réflexion autour des business models de l’univers financier. Car pour qu’un modèle économique fonctionne, il faut, avant même les différents intermédiaires, que l’utilisateur lui-même y trouve un réel bénéfice. Un changement de paradigme est ainsi à opérer sur le marché, plaçant l’investisseur au cœur, et permettant un alignement des intérêts.

Attention néanmoins à ne pas basculer alors vers la proposition d’offres low cost, qui ne peuvent exister qu’au détriment du conseil. Ce service comprend en effet une réelle valeur ajoutée et ne peut être proposé gratuitement. Néanmoins, à contrario des acteurs traditionnels qui répercutent son coût à travers des frais fixes (d’entrée ou de sortie par exemple), il paraît plus opportun de s’inspirer des solutions en ligne émergentes, qui fonctionnent de plus en plus sur la base de commissions de performance, aussi appelées "success fees". N’est-il pas étonnant de devoir payer à l’identique un conseiller qui a accompagné son client vers un produit financier qui a performé et un conseiller qui se trouve dans le cas contraire ? S’il n’est pas responsable des pertes encourues, leur partage semble plus juste pour les investisseurs. Cette rémunération au succès, pratiquée en parallèle de leviers visant à impliquer l’investisseur pour qu’il prenne pleinement conscience de la valeur de son accompagnement, est ainsi une des clés pour rassurer l’épargnant et l’aider à sauter le pas de l’investissement financier, ce quel que soit son patrimoine !