Mediapart et Arrêt sur Images ont récolté près de 800 000 euros de dons
La longue bataille judiciaire menée par Edwy Plenel et Daniel Schneidermann pour un taux de TVA aligné sur celui de la presse papier avait abouti à une sanction du Fisc. Pour se sauver, ils ont fait appel au crowdfunding.
L'appel aux dons de Edwy Plenel et Daniel Schneidermann a été entendu. Les fondateurs de Mediapart et d'Arrêt sur Images ont chacun reçu près de 400 000 euros, selon les données transmises ce lundi par les sites de dons. Un appel à la générosité qui résultait de la notification d'un redressement fiscal de 4,1 millions d'euros pour la période allant de sa création en 2008 à début 2014 pour Mediapart, et de 540 000 euros pour ASI.
Cette décision du Fisc sanctionnait leur refus de se plier au taux de TVA de la presse en ligne pratiqué avant 2014 (de 19,6%, puis de 20%). Un taux qu'ils jugeaient discriminatoire par rapport à celui pratiqué pour la presse papier, historiquement de 2,1%.Début 2014, le gouvernement avait d'ailleurs consenti à aligner le taux de la presse en ligne sur celui des journaux papiers, s'attirant les foudres de la Commission Européenne.
Une décision qui ne signifiait pas pour autant l'abandon de leur litige avec le Fisc. "Nous sommes prêts à aller jusqu'au tribunal administratif car nous sommes très solides sur ce dossier", nous confiait Edwy Plenel fin 2014 dans l'émission "Les Décideurs du Net".
Dont acte. Mediapart a effectivement saisi la justice administrative pour contester la légalité du redressement fiscal, explique Edwy Plenel sur son site. Mais le recours n'étant pas suspensif, il doit toutefois devoir payer et en a donc appellé à la solidarité des lecteurs, "notre seule ressource".
"Nous allons provisionner dans les comptes de la fin d'année le principal, sans les pénalités", rappelait Edwy Plenel dans les Décideurs du Net. Problème, ces dernières sont très lourdes. Elles représentent en effet plus de 40% de la somme totale, le Fisc accusant Mediapart d'un "manquement libéré". Une décision "injuste" pour Edwy Plenel, "comme si nous avions été des fraudeurs agissant en cachette de l'administration".
Arrêt du Images avait de son coté décidé de lancer un appel aux dons sur Ulule. S'il a économisé ces dernières années, il lui manquait encore 200 000 euros pour payer la facture. Et plutôt que de faire appel à un investisseur ou une banque, ASI a fait appel aux internautes : "On se refuse à solliciter un investisseur. On se refuse aussi à dépendre d’une banque en demandant un prêt. Notre modèle est sain, nous tenons à le garder", expliquait sa page Ulule.
Le pure-player a réussi à récolter près de 216 000 euros sur la plateforme. Montant auquel s'ajoutent les 175 500 euros récoltés sur la plateforme "j'Aime l'Info".
Le combat des deux pure players aura quoi qu'il en soit eu une résonnance au niveau européen. "La Commission va proposer ce taux de TVA réduit à tous les États membres en 2016", avait d'ailleurs déclaré aux éditeurs de journaux allemands le président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker.