Vente-privée rachète son copycat Privalia pour dominer l'Europe

Vente-privée rachète son copycat Privalia pour dominer l'Europe Vente-Privée veut consolider le marché européen des ventes événementielles et devenir le numéro un dans l'ensemble des pays pour proposer de la valeur aux marques.

Selon nos informations, Vente-Privée vient de racheter 100% du capital de son rival espagnol Privalia. Le 21 mars, La Tribune évoquait un montant de 470 à 500 millions d'euros, à 70 ou 80% en numéraire et le reste en action. Mais selon nos sources, c'est finalement 500 millions d'euros entièrement en cash que le leader français des ventes événementielles a décidé de débourser pour se payer son copycat. Vente-Privée conteste ce montant et affirme qu'il est "bien moindre".

En septembre 2015, Vente-Privée avait déjà pris le contrôle du belge Vente-Exclusive, créé en 2006 et numéro 1 au Benelux. Avec 120 millions de chiffre d'affaires TTC et 4 millions de membres, il constituait pour son acquéreur "une porte qui s'ouvre sur le Nord de l'Europe". Quant à Privalia, également lancé en 2006, il s'est depuis étendu à l'Italie, au Brésil et au Mexique. En 2014, le Barcelonais affichait un volume d'affaires de 415 millions d'euros nets et 11,7 millions d'euros d'Ebitda… mais avec un fonctionnement "à la Gilt" ou "à la Zalando" peu prisé de Jacques-Antoine Granjon : de grosses levées de fonds (500 millions d'euros au total) finançant le marketing et la croissance sans rentabilité. Selon Vente-Privée en 2015, l'EBITDA de Privalia était "bien supérieur". Fondé en 2001, Vente-Privée a toujours auto-financé financé son développement et affiche en 2015 un volume d'affaires de 2 milliards d'euros.

En ligne de mire, la bourse

Pourquoi son patron, après avoir affirmé pendant des années qu'il ne rachèterait jamais ni Privalia ni aucun copycat (ici en 2008, 2011 et 2014), change-t-il aujourd'hui son fusil d'épaule ? Depuis l'arrivée de son nouveau DG, Charles-Hubert de Chaudenay, en septembre 2015, auparavant banquier-conseil du groupe pour les opérations de fusion-acquisition, on se doutait qu'une série de rachats se profilait. Mais la raison de fond, selon nos sources, est que Vente-Privée a finalement décidé de s'introduire en bourse d'ici deux ou trois ans. Ce que Vente-Privée conteste toutefois. Pour convaincre les investisseurs, le leader français va d'ici là s'attacher à constituer un groupe international de ventes événementielles en adoptant une stratégie agressive d'acquisitions.

Les fondateurs vont-ils rester ?

Ce rachat ne semble pas exempt de risques. Combien de temps les fondateurs de Privalia, Lucas Carné et José Manuel Villanueva, resteront-ils aux manettes s'ils ne sont pas intéressés aux synergies de la nouvelle entité ? Le départ des fondateurs de Dress for Less, racheté pas moins de 200 millions d'euros par Privalia en 2011, avait déjà signé la chute du site allemand, revendu l'an dernier. Sur les marchés complexes que sont le Mexique et le Brésil, pays particulièrement coûteux en marketing et dont la monnaie est en chute libre, l'importance de la continuité managériale est plus grande encore. Mais Vente-Privée compte également sur la profitabilité et la croissance de ces deux marchés. 

Le fonds d'investissement General Atlantic, premier actionnaire de Privalia avec 35% du capital, aurait sans doute vu de l'intérêt à un deal partiellement en actions, qui encourage toutes les parties prenantes à accroître la valorisation de la nouvelle entité. Il en a finalement été décidé autrement, ce montant élevé servant peut-être à emporter le morceau sur d'autres offres. Il atteste également que Privalia, longtemps considérée comme une licorne européenne même si sa valorisation restait inconnue, n'en était en réalité pas une.