IA & Impact environnemental - le retail doit trouver sa voie

Le commerce de détail doit intégrer l'intelligence artificielle sans augmenter son impact environnemental. Les dirigeants cherchent des solutions en améliorant toute la chaîne de valeur.

Alors que le commerce de détail est déjà critiqué pour être l'un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, comment doit-il intégrer l’intelligence artificielle – une technologie elle-même très gourmande en énergie – sans décupler son impact environnemental ? Voilà un problème à trois corps que les dirigeants du secteur retournent depuis plusieurs mois. Le chemin ? Ils doivent mettre à profit leur influence pour faire progresser l’entièreté de la chaîne de valeur.

Data et IA au service de la durabilité

En effet, la réduction de l'impact environnemental de l'IA est en passe de devenir une priorité. Les réglementations bougent dans le monde :  l’AI Act liste l’environnement parmi les éléments à protéger contre les risques liés à l’IA. Il est d’autant plus essentiel de mettre cette question à l’agenda que comme l’a rappelé Laurent Inard, Associé et membre du conseil de surveillance de Mazars, devant la délégation aux entreprises du Sénat le 11 juin dernier, « il y a un alignement d’intérêt entre le coût d’une IA et son impact environnemental ». Aux Etats-Unis, le sénateur américain Ed Markey a déposé une proposition de loi tout en précisant que « le développement de la prochaine génération d'outils d'IA ne peut se faire au détriment de notre planète ».

L'IA et son usage doivent être envisagés de manière durable dès l’émergence des projets dans les entreprises. Cela implique d'établir des valeurs claires et des objectifs précis pour utiliser l'IA là où elle est véritablement utile et de manière responsable.

Ce n'est pas une question de choisir entre IA et durabilité, mais de comprendre comment intégrer les deux harmonieusement. Des outils technologiques pour assurer un pilotage efficace sont essentiels pour anticiper et répondre aux critiques. Surtout, il est indispensable que les retailers jouent leur rôle de moteur et poussent leurs partenaires à épouser une démarche similaire pour que ces efforts ne soient pas vains.

Amont et aval

Pour les retailers, il est crucial de renforcer le suivi des émissions de carbone, tant en amont qu'en aval de la chaîne de production. En amont, cela signifie mettre en place des lignes directrices ou des recommandations pour la conception et le codage des systèmes d’information. Les retailers ont le pouvoir de tirer leur écosystème vers le haut en requérant de leurs partenaires des engagements fermes sur leur trajectoire de durabilité, en particulier la feuille de route des éditeurs et constructeurs fournisseurs.

En aval, il faut piloter la durabilité à l'aide de tableaux de bord qui englobent l'intégralité de la chaîne de valeur, permettant ainsi un suivi précis et une réactivité accrue. Comme le résume la rédactrice en chef rapport RSE de Decathlon Anne Desormais : « si l’on veut que l’espoir d’une transition globale se réalise, il faut être capable de démontrer scientifiquement cette réalisation de manière indiscutable, ce que la data permet ». De fait, l’entreprise est exemplaire en matière d’éco-conception et de pilotage de sa politique de durabilité.

Le secteur du commerce de détail est à un tournant. Avec l'IA générative, il a la capacité de redéfinir à la fois l'expérience client, sa manière de produire, et son efficacité opérationnelle. Pour quel impact, seul le temps le dira. Mais compte tenu de l’urgence climatique et de la méfiance face au greenwashing – auquel la Commission européenne s’attaque désormais vigoureusement – le secteur n’a pas le choix. Pour reprendre les mots de l’éminent Pierre Rabhi, c'est dans les utopies d'aujourd'hui que sont les solutions de demain.