Quels sont les produits du secteur du luxe qui seront concernés par l'application de l'EUDR ?
L'EUDR exigera des entreprises européennes qu'elles veillent à ce que leurs chaînes d'approvisionnement soient entièrement exemptes de déforestation.
L'EUDR devrait poser un défi au secteur du luxe en particulier, qui dépend fortement de matériaux naturels de haute qualité. Les marques de luxe doivent désormais répondre à des exigences strictes pour garantir un approvisionnement responsable tout au long du processus de production. Heureusement, l'industrie du luxe a déjà pris des mesures importantes pour faire du développement durable une priorité, ce qui lui permet de rester compétitive tout en répondant aux attentes croissantes des consommateurs soucieux de l'environnement. Nombreux sont ceux qui n'associent pas le luxe à la durabilité, mais les produits de luxe ont généralement une durée de vie supérieure à la moyenne, grâce à des matériaux de haute qualité, à un travail artisanal méticuleux et à un design intemporel. Avec l'entrée en vigueur de l'EUDR, les marques de luxe devront s'assurer qu'elles respectent les exigences de ce nouveau règlement tout au long du processus de production d'un produit.
Entrée en vigueur de l’EUDR : qu’est-ce que cela signifiera concrètement pour le secteur du luxe ?
Le secteur du luxe est l'un des fleurons de l'économie française. Il s'agit d'un marché en croissance constante qui, selon un rapport publié par la Fondazione Altagamma, Bain & Company, pourrait atteindre 2 500 milliards d'euros d'ici 2030. Les entreprises du secteur tentent de répondre aux multiples exigences des consommateurs de produits de luxe, qui vont de l'expérience individuelle à la qualité et à la longévité du produit. L'un des défis auxquels sont confrontées les marques de luxe est l'évolution des réglementations, et l'EUDR représente un nouveau défi de taille. Afin de lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts, le règlement se concentre sur les matières premières, telles que le bois, le caoutchouc, le café, le cacao, l'huile de palme, le soja, le bétail et nombre de leurs dérivés. Les exigences de l'EUDR sont considérables, notamment en ce qui concerne la collecte, le traitement et l'analyse de grandes quantités de données.
L'industrie du luxe est touchée à travers plusieurs sous-secteurs dont les produits seront soumis à l'EUDR. À commencer par le secteur de la mode, dont le principal produit transformé est le cuir. Largement utilisé dans la production de sacs à main, de chaussures et de ceintures, le cuir peut également être fabriqué à partir de liège, une matière première dérivée de l'écorce des arbres. En outre, le cuir peut également être fabriqué à partir de liège, une matière première dérivée de l'écorce du chêne-liège. Parmi les autres matières premières concernées par cette réglementation figure le caoutchouc, qui peut également être utilisé dans la fabrication de chaussures de haute qualité.
L'industrie agroalimentaire sera également touchée, car les matières premières concernées par la directive EUDR (café, bœuf, cacao, huile de palme, soja) se retrouvent dans les produits gastronomiques ou dans la production de chocolat, ainsi que dans les marques de café de luxe et dans les produits végétaliens ou végétariens. Les entreprises devront s'assurer que ces produits n'ont pas contribué à la déforestation. Cette extension de la responsabilité signifie que les entreprises du secteur agroalimentaire devront procéder à un examen approfondi de leurs chaînes d'approvisionnement et garantir que chaque produit qu'elles commercialisent n'est pas lié à la déforestation. Ce défi est d'autant plus complexe que certaines matières premières, comme l'huile de palme et le soja, proviennent souvent de régions où la déforestation est très répandue. Les entreprises devront non seulement revoir leurs sources d'approvisionnement, mais aussi s'assurer que chaque maillon de la chaîne, du producteur au distributeur, est en conformité avec l'EUDR.
Parmi les autres produits concernés par le règlement on peut citer les meubles en bois. Pour les producteurs de meubles, l'EUDR affectera non seulement leur utilisation du bois, mais aussi des produits tels que le cuir, le caoutchouc, le papier et les matériaux d'emballage. Le recensement de la conformité de tous ces produits dans la chaîne d'approvisionnement nécessitera un travail considérable.
Enfin, les pneus et les habitacles des voitures de luxe, fabriqués en caoutchouc ou en cuir, seront également touchés. Les producteurs de caoutchouc devront mettre en place des chaînes d'approvisionnement conformes à la directive EUDR car, selon une étude du Jardin botanique royal d'Édimbourg, la déforestation causée par la production de caoutchouc pourrait être 2 à 3 fois plus importante que ce qui a été rapporté.
Mise en œuvre de L’EUDR : défi ou opportunité pour les marques ?
L'entrée en vigueur de l'EUDR marquera le début d'une nouvelle ère de responsabilité pour les marques de luxe en Europe. Si elles ne respectent pas la date limite , les entreprises s'exposeront à de lourdes sanctions, avec des amendes pouvant aller jusqu'à 4 % de leur chiffre d'affaires dans l'UE, ainsi qu'à la confiscation des produits et des revenus non conformes. Alors par où les entreprises doivent-elles commencer ? Le règlement vise des domaines où la transparence fait actuellement défaut, en particulier dans les longues chaînes d'approvisionnement, et il est donc essentiel de commencer par identifier les risques. Garantir la transparence peut sembler un défi, mais pour les entreprises qui veulent atteindre le Graal de la durabilité, il s'agit d'une occasion unique d'établir de nouvelles normes écoresponsables qui deviendront des points de référence pour l'ensemble du secteur. En outre, en adoptant des systèmes de traçabilité et de diligence raisonnable, les marques de luxe renforceront leur avantage concurrentiel sur un marché où les consommateurs accordent de plus en plus d'importance à la responsabilité environnementale. Le défi consiste donc à mettre en place des systèmes de diligence raisonnable et de traçabilité afin de fournir les données de géolocalisation nécessaires à l'application de la législation. Il est également important de noter que le règlement s'appliquera à la fois aux importations et aux exportations impliquant le marché de l'UE, ce qui souligne la nécessité d'une documentation et d'une évaluation approfondie des risques, quel que soit l'endroit où est implanté le fournisseur.
Pour les marques de luxe, la mise en œuvre de ce règlement est conforme à leurs objectifs de durabilité et représente une opportunité de se différencier de la concurrence. Les consommateurs, et la nouvelle génération en particulier, accordent de plus en plus d'attention à l'aspect durable des produits. Les entreprises devront s'assurer qu'il n'y a pas de déforestation dans leur périmètre de production en se concentrant sur l'identification des données pertinentes. Les chaînes d'approvisionnement des entreprises de luxe sont plus complexes, en raison d'un vaste réseau de fournisseurs, ce qui rend l'exercice de traçabilité des matières premières plus périlleux.
En relevant les défis liés à l'EUDR de manière proactive, les marques de luxe peuvent construire un avenir plus résilient et durable et atténuer en même temps les risques de litige et les atteintes à leur réputation. C'est également l'occasion de redéfinir les pratiques du secteur, d'identifier de nouvelles opportunités économiques prometteuses et de contribuer de manière significative à la concrétisation des objectifs mondiaux en matière de protection du climat.