E-commerce alimentaire : la France fait bande à part en Europe
L'e-commerce européen continue de croître tandis que la baisse de l'inflation se ressent. D'après le dernier rapport de NIQ Digital Purchases, les ventes de janvier progressent de 7% en valeur et 9% en volume sur un an. Un faible écart qui ne s'était pas vu depuis longtemps. Pour rappel, en décembre 2024 les ventes avaient crû de 11% et de 19% en volume.
Dans les 10 pays européens, l'univers de la maison continue de tirer la croissance du e-commerce. Il est le troisième poste de dépense, derrière la mode et le high tech qui poursuivent leur recul. La catégorie meuble est en hausse sur un an dans neuf pays sur 10, l'Irlande étant l'exception.

En France, tout comme au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, la croissance des ventes alimentaire (hors livraison de repas) impressionne tout autant. Dans l'Hexagone la catégorie concentre 18% des achats en ligne, un record européen. A l'inverse, en Autriche, en Italie et en Belgique, les courses en ligne, bien que leur valeur augmente sur un an, ne représentent pas plus de 6% des dépenses. En bref, acheter ses repas sur internet est la pratique qui divise le plus les Européens.
Les spécificités françaises
Et la raison est simple : les habitudes de consommation alimentaire cristallisent les différences culturelles et géographiques en Europe. La France, tout comme le Royaume Uni et les Pays-Bas, est organisée autour de grandes villes où le pouvoir d'achat et la densité de population sont élevés. Les consommateurs sont donc plus enclins à payer pour la commodité qu'offre la livraison. Et pour les enseignes, il est plus rentable de livrer des métropoles que des zones peu peuplées. C'est ainsi que dès les années 2000, les leaders de la distribution britanniques et néerlandais ont misé sur le développement de leurs services. La France, un peu en retard, a emprunté avec Leclerc une autre voie, celle du Drive.
Avec ses 1000 hypermarchés et 5000 supermarchés, le quadrillage de grandes surfaces permet un service de retrait en magasin facile à déployer et peu coûteux… pour les distributeurs comme pour les consommateurs. De plus, les Français restent très attachés au modèle du grand magasin généraliste hebdomadaire.
Chez la plupart des e-acheteurs européens les plus dépensiers, une à deux enseignes de supermarchés figurent dans le top 10 des sites favoris. L'Irlande, pour qui l'alimentaire représente 18% des dépenses va jusqu'à en enregistrer trois. Mais c'est encore loin derrière la France où les enseignes de grande distribution représente la moitié du top 10. Avec Leclerc en tête, suivi de Carrefour, puis par Intermarché, Super U, Auchan. Bien que la vente d'électroménager et de produits high tech contribue au chiffre d'affaires e-commerce de ces distributeurs, l'épicerie demeure leur activité principale.