Google est-il mort ? L'avenir de la recherche en ligne entre IA, réseaux sociaux et fragmentation
Google n'est pas mort, mais son modèle change profondément. Avec les AI Overviews, près de 60% des recherches ne génèrent plus aucun clic vers un site externe. Les usages se fragmentent.
Google, un géant en pleine mutation
Depuis plus de vingt ans, Google s'impose comme le point d'entrée quasi exclusif vers l'information en ligne. Pourtant, son modèle est en pleine transformation.
La firme de Mountain View a introduit en 2023 les AI Overviews, des réponses générées automatiquement par intelligence artificielle et placées en haut des pages de résultats. Ces synthèses permettent aux internautes d'obtenir immédiatement l'essentiel d'une réponse, sans cliquer sur un lien externe.
Pour les sites web, la conséquence est directe : le trafic organique s'érode. Une étude SimilarWeb a mesuré une baisse de 6,7 % des visites sortantes entre 2024 et 2025.
Dans le même temps, près de 60 % des recherches se soldent par un "zero-click", c'est-à-dire aucune visite vers un site tiers. Google capte également une part croissante des clics pour ses propres services (YouTube, Maps, Shopping).
Un paysage de la recherche éclaté
- Google reste dominant en volume, mais son monopole s'effrite. Les usages des internautes se diversifient :
- TikTok s'impose comme moteur de découverte pour la Génération Z. Plus de 51 % des jeunes femmes de cette génération l'utilisent de préférence à Google pour leurs recherches.
- YouTube demeure une référence pour les tutoriels, comparatifs ou tests produits.
- Amazon concentre plus de la moitié des recherches produits aux États-Unis, devant les moteurs traditionnels.
- Les IA conversationnelles comme ChatGPT, Bing Chat ou Perplexity redéfinissent l'accès à l'information avec des réponses directes et contextuelles.
- La recherche devient multicanale et fragmentée, obligeant les marques à adapter leur stratégie de visibilité au-delà du seul référencement Google.
Le SEO face à ses limites
Le SEO (Search Engine Optimization) reste une discipline incontournable, mais il atteint un plafond d'efficacité.
Le modèle des "10 liens bleus" n'existe plus : il est remplacé par des extraits enrichis, des Knowledge Panels et des réponses IA.
Les signaux d'autorité priment : expertise, fiabilité et réputation prennent le pas sur le volume de backlinks.
Le concept d'E-E-A-T (Expérience, Expertise, Autorité, Fiabilité) devient central dans les critères de Google.
Même en première position, un site peut capter moins de trafic qu'avant, car l'essentiel de la réponse est désormais visible directement dans la page de résultats.
Du SEO au GEO : la prochaine étape
Une nouvelle discipline se dessine : le GEO (Generative Engine Optimization). Elle consiste à optimiser ses contenus pour être intégrés dans les réponses fournies par des IA génératives. Une stratégie à déployer lors d'un projet de refonte.
Dans ce modèle, la performance ne se mesure plus uniquement en clics mais en citations : combien de fois une marque, un produit ou une donnée est reprise par une IA dans ses réponses.
Les premières bonnes pratiques du GEO incluent :
- produire des contenus structurés, faciles à extraire (FAQ, résumés, définitions),
- renforcer l'autorité de la marque dans son domaine,
- utiliser des données structurées (Schema.org) pour améliorer la lisibilité machine,
- surveiller la présence de ses contenus dans ChatGPT, Perplexity ou les AI Overviews de Google.
- Des outils émergent déjà, comme Ahrefs ou Semrush, pour suivre les mentions de marques dans ces réponses générées.
Chiffres-clés de la "zero-click economy"
- 58,5 % des recherches aux États-Unis ne génèrent aucun clic vers un site externe.
- Seuls 36 % des clics profitent aux sites tiers.
- Environ 30 % des clics redirigent vers des services Google.
- Les recherches liées à l'actualité affichent désormais un taux de 69 % de zero-click.
Ces chiffres traduisent un basculement : la visibilité ne passe plus uniquement par le trafic, mais par la capacité à être présent dans les réponses instantanées et les environnements génératifs.
Quelles stratégies pour les entreprises ?
Pour s'adapter à cette nouvelle donne, les marques doivent :
- produire du contenu original, expert et actualisé ;
- diversifier leur présence (YouTube, TikTok, Amazon, LinkedIn, podcasts) ;
- cibler des requêtes complexes et à forte valeur ajoutée, moins bien couvertes par les IA ;
- investir dans la structuration sémantique et la lisibilité machine ;
- suivre de nouveaux indicateurs de performance, comme les mentions dans les réponses génératives.
Vers une économie de l'attention ?
Google n'est pas mort. Mais son rôle évolue : d'un moteur de recherche, il devient un moteur de réponses.
Pour les marques, la visibilité digitale ne se joue plus uniquement sur la SERP. Elle se gagne dans un écosystème élargi où coexistent moteurs IA, réseaux sociaux, plateformes vidéo et marketplaces.