Pourquoi il faut accélérer l'exploitation des données publiques au service des citoyens

Simplification des procédures, développement de nouveaux usages pour les citoyens : les données publiques sont une véritable mine d'or pour le secteur public qu'il convient d'exploiter. Décryptage.

Administrations centrales, collectivités territoriales, organismes sociaux… Le secteur public est sans conteste un des plus importants producteurs de données de France. Un véritable actif sur lequel il peut s’appuyer, à l’heure où les algorithmes et l’intelligence artificielle sont désormais capables de transformer cette matière première en puissants leviers de simplification et d’optimisation des processus. Décryptage.

Création d’écosystèmes data dans les administration publiques : un retard à combler

Parmi les objectifs annoncés de la transformation numérique du secteur public, la simplification et l’optimisation des services offerts aux usagers occupent une place de choix. Pour répondre à ces exigences, les organisations du secteur public doivent être en capacité de collecter, d’exploiter et de valoriser les données publiques avant de pouvoir développer de nouveaux usages au service des citoyens. La promesse est double : pour les citoyens, il s’agit d’échanger de manière plus fluide avec les administrations et de disposer d’un accès simplifié aux démarches administratives. Pour les agents, c’est l’opportunité de gagner en efficacité, en pro-activité et en visibilité pour un meilleur pilotage des activités au quotidien. 

À travers la production, l’ouverture, la circulation et l’exploitation des données, l'enjeu consiste donc à proposer un service public plus accessible, plus transparent et plus réactif, voire proactif. Toutefois, l’exploitation de cette quantité colossale de matière première représente un défi d’ampleur à la fois technologique et juridique, mais avant tout humain. Pour pouvoir utiliser les données de manière optimale, il faut en effet posséder les compétences pour les rassembler, les préparer et les organiser, ce qui implique de développer une véritable culture des données en entreprise. Pourtant, en juin 2022, seules 28% des organisations publiques avaient déployé ou étaient en train de déployer un écosystème data, soit peu ou prou un quart des administrations en France. La marge de progression reste donc immense.

Organiser et exploiter les données : les 2 leviers d’actions pour tirer parti des données publiques

L’agrégation de données aux formats très hétérogènes est déjà une réalité, en témoigne le nombre d’API déjà accessibles sur api.gouv.fr. Ces API conçues autour de sources de données spécifiques (API de découpage administratif, API de la DGFiP sur les impôts…) permettent déjà le développement de services en ligne innovants. En les associant entre elles ou avec d’autres API externes, il est possible par exemple de créer des portails d’information grand public ou des services de paiement des factures municipales en ligne. Sans oublier les agents : ceux-ci peuvent disposer, entre autres, d’interfaces de visualisation de la performance selon des critères multiples (finances, répartition de l’habitat, profils de populations…). 

L’APIsation représente une avancée majeure pour l’interopérabilité dans une logique de plateforme des administrations : elle permet d’atteindre le « Dites-le nous une fois », c’est-à-dire la possibilité pour les citoyens de communiquer une seule fois leurs informations pour accéder à différents services ou pour déclencher des processus administratifs. 

Pour exploiter les données et créer de nouveaux services, qu’ils soient grand public ou internes à l’administration, il convient de connecter entre elles les différentes API nécessaires. Cet assemblage est assuré par des plateformes où les développeurs viennent enrichir, nettoyer, organiser et agréger les données des API. Les données issues de différentes sources sont dès lors compatibles pour être exploitées. Elles peuvent alors être utilisées par des plateformes de constructions d’applications pour mettre en place le service demandé.

Développer une culture des données : un impératif pour créer de nouveaux usages qui profitent à tous

La clé du succès de cette stratégie pour constituer un écosystème data pérenne consiste à donner accès à des outils ergonomiques pour extraire la donnée, l’explorer et la valoriser, sans que la DSI ou les Chiefs Data Officers n’aient à intervenir en phase d’exploitation. Très accessibles, ces outils incarnent une forme de démocratisation de l’accès à la donnée. Ils permettent aux métiers de construire eux-mêmes leurs propres analyses ou explorations de données selon leurs besoins spécifiques : gestion RH, visualisation de l’impact d’une politique locale, analyse de la performance économique d’une collectivité. Autant de cas d’usages qui s’appuient sur les données pour éclairer les décisions et les arbitrages en matière d’investissement. 

Une telle démarche suppose la création et la diffusion d’une culture des données, du partage et de la connaissance des sources disponibles ce qui reste un défi majeur à relever pour l’administration française. Elle nécessite un renforcement de l’accompagnement des directions métiers, une responsabilisation dans la production et l’analyse des données et, par effet de domino, de celui tous les agents. Objectif : démontrer que la valorisation de la donnée vient à la fois faciliter leur travail mais aussi leur donner la capacité de mieux servir les usagers. 

Avec l’avènement de l’intelligence artificielle et le développement de cas d’usage au service des citoyens, la maîtrise des données est donc plus que jamais essentielle si les pouvoirs publics souhaitent implémenter cette technologie de manière responsable. En améliorant l’organisation, l’exploitation et la valorisation des données, le secteur public pourra ainsi atteindre ses nouveaux objectifs de performance et de proactivité, au bénéfice des citoyens et des agents des pouvoirs publics. Dont acte.