La 3G bientôt accessible et disponible sur tout le territoire ?

L'Arcep autorise désormais les opérateurs à utiliser la bande de fréquence du GSM pour les réseaux 3G. 99% du territoire sera donc couvert en 2009, ce qui pourrait faire baisser les prix significativement.

Les réseaux 3G auront-ils bientôt une véritable place dans le monde de l'entreprise ? En tout cas, les professionnels des télécommunications s'y emploient. En témoigne la dernière annonce de l'Arcep, l'autorité chargée des standardiser les télécommunications en France , qui prévoit de faire passer les réseaux 3G sur la bande de fréquence du GSM, soit 900 Mhz.

Cette décision, prise le 27 février 2008, engendre plusieurs conséquences. Tout d'abord, les opérateurs vont pouvoir, d'ici 2009, couvrir 99% du territoire avec des services 3G. En utilisant la bande de fréquence des 900 Mhz, ils peuvent en effet s'appuyer sur l'ensemble des bornes relais GSM actuelles. D'autre part, l'UMTS va ainsi bénéficier des propriétés de la bande de fréquence des 900 Mhz, c'est-à-dire une portée étendue et une meilleure couverture en intérieur (immeubles, maisons...).

Car l'un des inconvénients de la 3G jusqu'à présent tenait en partie à l'utilisation de la bande de fréquence des 1885-2025 MHz et 2110-2200 MHz. Ces bandes de fréquence s'avèrent particulièrement problématiques car si elles permettent d'offrir un meilleur débit, cela s'effectue au détriment de la puissance et donc de l'étendue du signal émis par les bornes relais. Conséquence : pour une couverture égale à celle d'un réseau GSM, il faut multiplier les bornes et donc le coût d'investissement et d'entretien.

Or, la 3G représente déjà un lourd investissement pour un opérateur télécoms. Non seulement, il faut acquérir une licence au prix fort auprès de l'Etat (619 millions d'euros), mais en plus, il est nécessaire de redonder ses antennes relais de manière à offrir des antennes sur les bandes de fréquences de la 3G. Avec le passage à la bande de fréquence des 900 Mhz, il suffira de mettre à jour les bornes relais existantes pour assurer une couverture totale.

Le passage à la bande de fréquence ne sera pas sans conséquence toutefois sur les offres existantes, puisque le renouvellement des terminaux mobiles est nécessaire (les téléphones mobiles 3G actuels ne pourront pas travailler sur la bande de fréquences des 900 Mhz), ainsi que celui des cartes 3G pour les PC portables et terminaux mobiles. Toutefois, cette migration reste compatible avec la 3G HSDPA, et ne remet donc pas en cause l'évolution actuelle des réseaux.

Des forfaits 1 Go facturés 60 euros par mois. Le prix de la "data" reste élevé chez les opérateurs

Avec la 3G HSDPA et HSUPA sur la bande de fréquence des 900 Mhz, les professionnels bénéficieront de débits théoriques de 3,6 Mbit/s en réception (au lieu de 384 Kbit/s avec la 3G simple), et de 1,4 Mbit/s théoriques en émission (contre 182 Kbit/s avec la 3G actuelle). Ne reste à lever donc que le frein du prix, et dans ce domaine les économies réalisées sur la bande des 900 Mhz pourraient se traduire par des changements de tarification chez les opérateurs.

Aujourd'hui, il faut payer 50 euros par mois chez Orange par exemple pour bénéficier d'un forfait 5h de communications et de 20 Mo en données. Le Mo supplémentaire est facturé 0,6 euros. Les débits grimpant, le plafond de 20 Mo pourrait sauter de manière à ce que des photos, vidéos, des documents multimédias ou des banques de données un peu volumineuses puissent être échangées.

L'offres en services mobiles de 3ème génération est également un peu pauvre, avec seulement la messagerie instantanée, la cartographie et le géo-positionnement (GPS avec informations de proximité), les MMS et le mail. Jusque là, pas de quoi tirer réellement profit de la bande passante supplémentaire dégagée par la 3G HSDPA. Pour le moment, la consommation de données s'effectue surtout par le surf Internet et le mail.

Mais les opérateurs n'ont pas dit leur dernier mot et se positionnent aussi sur le créneau du machine-to-machine (M2M), essayant de capter un nouveau marché. L'objectif du M2M consiste à faire communiquer des objets jusque là muets pour rendre des services à l'entreprise, comme par exemple une imprimante qui indique lorsque son niveau d'encre est bas ou le déclenchement d'une alerte SMS lorsqu'une machine tombe en panne. Ce marché, en devenir, pourrait être fort consommateur de bande passante.

En attendant la disponibilité des terminaux 3G HSDPA 900 Mhz, les opérateurs mobiles pourraient miser sur les cartes 3G pour les PC portables. Les PC portables offrent en outre une meilleure puissance processeur, un détail qui a son importance car les réseaux 3G HSDPA sont plus consommateurs de ressources pour l'encodage des données. D'autre part, sur ce marché, la 3G 900 Mhz offre l'avantage de fournir aux professionnels un réseau, certes payant, mais disponible sur l'ensemble du territoire, contrairement au Wi-Fi.

Cette nouvelle pourrait aussi faciliter l'arrivée de la concurrence sur ce marché, toujours détenu par les 3 grands opérateurs : Bouygues Telecom, SFR et Orange. Neuf Cegetel par exemple propose déjà une gamme de forfaits mobiles pour surfer en illimité. Free, de son coté, a essayé sans succès d'obtenir la quatrième licence 3G. A l'étranger, l'opérateur télécoms 3 propose de son coté le Skypephone, un mobile fonctionnant sur les réseaux 3G de l'opérateur et offrant des communications en voix sur IP illimitées.

Cette concurrence qui bouillonne pourrait faire chuter les prix et / ou développer l'offre de services disponibles auprès des professionnels. Reste à vaincre les dernières réticences : prix, disponibilité, et qualité de service. En effet, selon une étude menée par l'Arcep en 2007, les réseaux 3G et 3G HSDPA n'offrent pas encore les débits promus. A l'issue de tests menés sur le terrain, l'Arcep a mesuré un débit maximum en réception de 1,4 Mbits (contre 3,6 Mbits théoriques), et un débit moyen de 887 Kbit/s. En émission, l'envoi d'un fichier de 1 Mo s'effectuait à un débit de 340 Kbit/s (384 Kbit/s théoriques).