Cloud pour les applications (PaaS) : plus de place pour les pure-players ?

Cette chronique rebondit sur l'arrêt "brutal" de la plateforme de production PaaS de CloudBees et analyse succinctement ce marché du PaaS.

L’actualité récente concernant la fermeture de la plate-forme de PaaS public de CloudBees a provoqué un fort émoi dans les communautés de développeurs qui avaient vu dans cette solution “french-touch” (le CEO Sacha Labourey est suisse) la réponse ultime aux demandes du business au 21ème siècle :
Une plate-forme moderne, complète et industrielle qui supporte le développement et la production,
  • Du provisioning d’environnements en temps réel depuis un self-service alimenté par une carte de crédit,
  • Une console complète et un monitoring satisfaisant pour les “ops”.
En avril 2013 à DevoXX France, Cloudbees était rayonnant, présentant deux références de poids :
  • SFR qui utilisait la plate-forme pour développer le service JoeMobile en quelques mois (mais avec une production finale en interne),
  • Voyages-SNCF dont le lab innovation utilisait la plate-forme pour développer MyTripSet (avec au final une production hébergée chez CloudBees).
Et en effet les développeurs ont raison car ce type de plate-forme permet de réduire le “time to market” des applications sans rogner sur la qualité. Du coup le business est ravi.
Mais voilà malgré deux levées de fonds de $M10,5 (2013) et $M11,2 (2014), le pure-player CloudBees a pivoté, abandonné son business de Run et recentré ses efforts sur l’usine logicielle autour de Jenkins.

Les analyses de ce “pivot” sont nombreuses :

  • Concurrence : les plate-formes de Google, SalesForce (Heroku), Amazon et Microsoft ont remonté la chaîne et offrent maintenant du PaaS avec des forces R&D et commerciales pléthoriques,
  • Dumping sur les SMBs : j’ai ouvert en avril un bureau à New-York dans le co-working de startups WeWork, le lendemain je recevais un crédit de $ 5 000 chez AWS et le même sur Heroku, impossible pour un pure-play de concurrencer,
  • Poids supposé du cloud privé : 60 % des DSI américains (source Pivotal) auraient un projet de PaaS privé type Pivotal CloudFoundry ou RedHat OpenShift entre 2015 (les plus réactifs) et 2020 (ceux qui n’auront plus le choix). Du coup les investissements sont dirigés vers l’interne (cloud privé) et pas l’externe (cloud public).

Alors existe-t-il encore une place pour les pure-players ?

  • Non sur le cloud public : impossible de soutenir un effort de R&D sur un PaaS qui par nature doit évoluer à la vitesse des langages, APIs et frameworks avec pour concurrent Google, SalesForce, Amazon et Microsoft. CloudBees a certainement bien fait de “pivoter”.
  • Oui sur l’implémentation et l’infogérance de PaaS privé : la révolution digitale impose un time to market toujours plus serré à nos grands donneurs d’ordre. Les datacenters sont maintenant en ordre avec un IaaS qui fournit des VMs à la demande avec au mieux une pile applicative pré-packagée. La demande du business est de ne plus s’occuper de cette pile applicative pour que 100 % du temps de développement soit consacré à de nouvelles fonctionnalités et pas à de la plomberie. Il faudra alors que des pure-players fassent de la plomberie. Dommage CloudBees avait fait cet exercice et aurait pu vendre ses solutions dans des datacenters privés. Ils ont fait un choix différent et laissent un boulevard aux PaaS privés comme CloudFoundry et OpenShift….
Références :