OVH et Dassault Systèmes prêts à contribuer à un nouveau cloud souverain

OVH et Dassault Systèmes prêts à contribuer à un nouveau cloud souverain Le gouvernement demande aux deux groupes de plancher sur des propositions en vue d'enclencher le chantier en 2020. Côté cloud dédié à l'Etat, trois prestataires sont en lice pour remporter le marché.

Après les échecs de Cloudwatt et Numergy lancés à l'initiative de Nicolas Sarkozy en 2012, le gouvernement Macron relance l'idée d'un cloud souverain. Dassault Systèmes et OVH sont chargés de travailler sur des propositions dans l'optique d'enclencher un nouveau projet de cloud souverain en 2020. Un chantier qui aura pour vocation d'être mis en œuvre au niveau franco-allemand voire au niveau européen. C'est ce qu'a annoncé Bruno Le Maire à l'occasion d'un passage chez Criteo le 3 septembre. Les deux acteurs devront déposer leurs propositions sur la table du ministre de l'économie en décembre. Objectif du gouvernement : proposer une alternative aux clouds américains, et éviter que les entreprises françaises et européennes n'aient d'autre choix que d'héberger leurs data sensibles sur des plateformes US dépendantes de la législation étasunienne sur les données. La problématique porte évidemment sur le Cloud d'Act qui permet aux autorités fédérales d'outre-Atlantique d'accéder à des informations stockées sur des infrastructures d'entreprises américaines, quelle que soit leur localisation dans le monde. "Cette situation est totalement inacceptable", a insisté Bruno Le Maire.  

Du côté de Dassault Systèmes, c'est 3DS Outscale qui, sans surprise, est à la manœuvre.  "Nous sommes directement concernés et prêts pour amorcer cette nouvelle phase", souligne David Chassan, chief communications officer du cloud français filiale de Dassault Systèmes. Force est de reconnaître que 3DS Outscale avait bien préparé le terrain. L'entreprise fait partie du comité stratégique sur la souveraineté numérique du groupement Exatrust, qui vise à fédérer les champions français du cloud. Aux côtés d'OVH, entre autres, elle est aussi membre du Cispe qui affiche la même vocation, mais au niveau européen. "Notre stratégie consiste à proposer une offre de cloud industrielle, sécurisée et de confiance", insiste David Chassan. Dans cette optique, 3DS Outscale a créé, parallèlement à son cloud historique, un cloud taillé pour le secteur public ciblant à la fois l'administration, les sociétés publiques et les opérateurs d'importance vitale. "Cette infrastructure est en cours de qualification pour obtenir la certification SecNumCloud de l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information ndlr)", ajoute David Chassan. Enfin, 3DS Outscale a déjà commencé à collaborer avec OVH. Au sein de l'association EuroCloud France, le fournisseur a contribué en lien avec la société roubaisienne à la réalisation d'un livre blanc formalisant des propositions sur la transformation numérique de l'Etat. "Nous avons par ailleurs des positionnements de marché différents qui ouvrent la voie à ce travail conjoint", conclut David Chassan.

Le JDN a également contacté OVH pour recueillir son point de vue sur le nouveau chapitre qui s'ouvre. Un porte-parole du groupe nous a confirmé qu'OVH était effectivement en train de travailler avec le gouvernement sur le sujet. "Mais nous ne faisons pas de commentaires à ce stade", a-t-il précisé.

Deux clouds privés également en projet

Un an après avoir annoncé le programme de transformation numérique de ses système d'information Tech.gouv, l'Etat a dévoilé la feuille de route de ce chantier. Hasard de calendrier ou plan savamment concocté, elle a été présentée la veille de l'annonce faite par Bruno Le Maire. Elle s'articule autour de quelque 35 chantiers classés en 8 missions : la gestion des talents, la data, la gestion de l'identité numérique des citoyens, la transformation numérique des procédures administratives, le pilotage des projets informatiques ministériels, et, enfin, l'infrastructure. C'est dans cette dernière catégorie que vient se nicher les projets touchant au cloud.

Autre projet : une digital workplace pour les services de l'Etat

La DINSIC rappelle la politique de l'Etat autour du cloud. Une stratégie qui avait été dévoilée en juillet 2018 par Mounir Mahjoubi, alors secrétaire d'État au numérique. "Deux offres cloud interministérielles verront le jour : un cloud interne, dédié aux données et applications sensibles, fabriqué par et pour l'État (avec l'aide , […] avec des usages interministériels, tandis qu'un cloud pour une moindre sensibilité sera mis en place avec un acteur privé du secteur", précise la DSI de l'Etat. A cela s'ajoutera le déploiement d'applications et services cloud visant à bâtir une digital workplace. Objectif : favoriser le travail collaboratif des agents publics, à distance et en mobilité.

De 60 applications hébergées en mode cloud en 2018, la feuille de route prévoit de passer à 200 applications dans le nuage en 2022. Quant aux effectifs outillés pour le travail en situation de mobilité, l'Etat compte passer de moins de 5% d'agents équipés en 2018 à 25% en 2022.

Capgemni, SoftwareONE et le binôme Atos-SCC

En termes de mise en œuvre,  trois groupes informatiques ont déjà répondu à l'appel d'offres portant sur le cloud de l'Etat destiné aux informations de moindre sensibilité (dixit nos confrères du Figaro.fr). Il s'agit de Capgemni, SoftwareONE et du binôme Atos-SCC. Avec pour mission de jouer un rôle de revendeur, "le candidat retenu sera chargé de proposer aux administrations et aux collectivités locales, via l'Ugap, la centrale d'achat publique, des offres de cloud à un prix négocié", indique le journal. Les opérateurs de cloud américains, AWS, Google, Microsoft notamment, feront partie des fournisseurs, tout comme les clouds français OVH, Outscale ou Scaleway. Mais cette liste pourra varier en fonction du lauréat de l'appel d'offres. Le marché potentiel de ces services cloud dédiés représenterait à lui seul "de 350 à 450 millions d'euros", selon une source industrielle contactée par le Figaro. 

Feuille de route de l'Etat sur le cloud
Projet Actions Porteur du projet Échéancier
Un cloud interne à l'État (cercle 1), pour accueillir au niveau interministériel les données et applications sensibles - Suivre l'industrialisation des offres (ministère de l'Intérieur, ministère de l'Économie et des Finances, ministère de la Transition écologique et solidaire, ministère de l'Agriculture),
- Appuyer la mise en place des partenariats interministériels et le développement d'applications utilisant les plateformes.
Ministère de l'Économie et des Finances - Finalisation 2019, 
- Extension 2020.
Un cloud dédié à l'État (cercle 2) déployé avec un industriel, pour les données et applications de moindre sensibilité - Réaliser une étude technico-économique,
- Construire le cloud cercle 2 avec l'industriel retenu ,
- Déployer l'offre de service (État, collectivités territoriales).
Ministère des Armées et DINSIC - Étude 2nd semestre 2019 : Capgemni, SoftwareONE, et le binôme Atos-SCC en lice pour remporter le marché
- Projet 2020, 
- Ouverture 1er trimestre 2021.
Des outils et applications SaaS numériques de nouvelle génération pour les agents - Déployer Tchap, la messagerie instantanée de l'État, 
- Déployer un outil interministériel de webconférence (Jitsi),
- Expérimenter le poste de travail du futur, des solutions collaboratives et de mobilité (2019),
- Décliner l'expérimentation selon les situations (mobilité, télétravail, flex-office, collaboratif ouvert),
- Industrialiser et déployer progressivement des solutions adaptées aux différentes situations rencontrées (à partir de 2020).
DINSIC - Tests en 2019, 
- Industrialisation à compter de 2020.
Cloud souverain Déployer un cloud souverain d'envergure européenne. Objectif : briser la domination des clouds américains en proposant aux entreprises françaises une alternative européenne qui les soustrait au Cloud Act des Etats-Unis. Ministère de l'économie - Etude 2nd semestre 2019 par OVH et Dassault Systèmes
- Mise en œuvre en 2020 au niveau franco-allemand voire européen

L'ensemble des projets ne sont pas portés intégralement par la DINSIC. Certains sont orchestrés par la DSI de l'Etat en partenariat avec un ministère. D'autres sont pilotés à 100% par un ministère sans intervention de la DINSIC.  C'est le cas notamment du chantier de cloud interne destiné aux ressources informatiques sensibles. 

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