Fleur Pellerin (ministre déléguée à l'Economie numérique) "Nous allons recentrer les Investissements d'avenir"
Taxation de l'indexation Google, projets de Cloud français, brevets logiciels, Open Source... La ministre a répondu aux critiques, et détaillé les avancées du gouvernement sur ses promesses de campagne et ses chantiers actuels.
"Les sites de presse bénéficient aussi du trafic généré par Google", tient à rappeler Fleur Pellerin, lorsqu'elle est questionnée par le JDN sur l'éventualité d'une taxe que devrait payer le moteur pour indexer le contenu de certains éditeurs de presse. La ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique est plutôt favorable à une "solution négociée" sur ce sujet, tout en reconnaissant le problème fiscal posé par des géants comme Google, ou Apple, qui fuient les impôts "en toute légalité".
Autre polémique : l'investissement de l'Etat dans les clouds français Numergy et CloudWatt, qui a été mal vécu par des hébergeurs ou PME qui n'ont pas bénéficié de telles subventions pour monter leurs offres de cloud, et se retrouvent en concurrence avec des offres aidées par le gouvernement. Dans l'entretien qu'elle nous a accordé, la ministre déléguée à l'Economie numérique, également chargée des PME, leur répond en leur faisant un appel du pied, et rappelle qu'elles peuvent encore faire parvenir des demandes de financement.
Par ailleurs, Fleur Pellerin prévient dans cette interview exclusive qu'il faut s'attendre à une "rupture dans les Investissements d'avenir". Ces derniers, lancés sous un gouvernement de droite, seront donc, à en croire la ministre, désormais clairement réorientés et limités à une poignée de domaines jugés stratégiques. Le Cloud en fait toujours partie, tout comme la sécurité ou le Big Data.
Interrogée par la rédaction lors d'une visite au siège de Linagora, société de services spécialisée dans l'Open Source, Fleur Pellerin a également expliqué que la récente circulaire Ayrault, justement favorable à l'utilisation de l'Open Source dans l'administration, disposait bien d'une dimension contraignante : les économies réalisées grâce aux outils Open Source choisis par l'administration devront être compensées par une implication dans le développement de ces solutions.
Enfin, le JDN a rappelé à Fleur Pellerin les engagements pris par le Parti socialiste lors de la campagne présidentielle au sujet des brevets logiciels, que François Hollande voulait combattre "tant au niveau européen que national". Sur ce sujet, la ministre a botté en touche : les discussions en cours au niveau européen cherchent bien à faciliter le dépôt de brevets, mais le fait d'empêcher la brevetabilité des logiciels ne semble pas à l'ordre du jour...