Les géants français du service digital en ordre de bataille contre le coronavirus

Les géants français du service digital en ordre de bataille contre le coronavirus Atos, Capgemini, Orange Business Services et Sopra Steria déploient des plans d'actions pour endiguer le Covid-19 dans leurs rangs. A la fois en France et au niveau mondial.

Les quatre principales entreprises françaises de services du numérique (ESN) se mobilisent pour faire face à la propagation du Covid-19. Présentes sur de multiples géographies, Atos, Capgemini, Orange Business Services (OBS) et Sopra Steria pourraient devenir elles-mêmes, si elles restent immobiles face à l'épidémie, des vecteurs de propagation du virus. Ce qui engendre évidemment des responsabilités déontologiques. Mais pour ces acteurs, l'autre défi, est évidemment économique. La diffusion du coronavirus au sein de leurs équipes de conseil et d'ingénierie pourrait en effet avoir un impact sur leur chiffre d'affaires en enrayant la bonne marche des missions menées chez les clients. Sans parler d'un éventuel effet boule de neige dévastateur : ces ESN accompagnent la transformation numérique de grands groupes, en lien avec un large écosystème de fournisseurs technologiques. C'est le scénario catastrophe.

"La priorité absolue de Capgemini est de préserver la santé et la sécurité des employés, partenaires et clients", commence un porte-parole de la première ESN française (220 000 collaborateurs dans 40 pays). Avant d'ajouter : "Nous traitons la situation de nos clients au cas par cas pour assurer la continuité des activités." Même discours chez Atos : "Nous nous efforçons de minimiser les impacts potentiels et indirects qui seraient liés à l'évolution de la situation sur nos activités et prestations." Du côté de Sopra Steria, quatrième ESN française, on se veut encore plus précis : "En cas de demande émanant de clients visant à limiter la présence de nos collaborateurs dans leurs locaux, nous mettons en place des mesures organisationnelles alternatives pour assurer la continuité de l'activité."

Des mises en quarantaine en télétravail

Alors qu'en France le Covid-19 a contaminé un peu plus de 200 personnes au 3 mars 2020, l'Union européenne fait état d'au moins 2 500 cas confirmés. Au niveau mondial, l'épidémie dépasse les 90 000 personnes touchées, dont 80 261 en Chine. Face à ces chiffres, Atos, qui compte environ 110 000 employés dans 73 pays, a décidé d'appliquer à la lettre les recommandations médicales et sanitaires promulguées par "les autorités compétentes" telles l'Organisation mondiale de la santé et les organismes sanitaires nationaux et locaux. "Cela implique de reporter tout voyage non essentiel, d'éviter tout voyage en cas de maladie et de ne pas se rendre en Chine, ou encore dans les zones officiellement mises en quarantaine, notamment en Corée du Sud et en Italie du Nord", indique l'ESN. Des directives et conseils diffusés à tous les salariés du groupe.

Chez Orange Business Services, "tout salarié revenant de Chine, Hong-Kong, Macao, Taiwan, Singapour, Corée du sud, Italie et Iran, que ce soit à titre professionnel ou personnel, est soumis à une quarantaine en télétravail ou à une autorisation d'absence rémunérée si le télétravail est impossible". Chez Sopra Steria, les collaborateurs en provenance des zones à risque et des communes françaises touchées, ou résidant dans ces dernières, doivent en informer leur manager et appliquer les consignes sanitaires du gouvernement français publiées en ligne. Les déplacements professionnels sur ces géographies sont annulés. Et à l'inverse, tout départ en provenance de ces zones à risque est limité et soumis à la validation des directeurs de chaque pays.

Des gouvernances mondiales

Pour piloter et coordonner leurs actions, les quatre ESN ont mis en place des gouvernances mondiales qui adaptent les mesures au fur et à mesure de l'évolution de l'épidémie et des recommandations des organismes sanitaires. Du côté de Sopra Steria, la mise à jour des consignes est qualifiée de "temps réel". Au sein d'Atos, une cellule de suivi est mobilisée 24 heures sur 24 à la fois au niveau mondial et local. "Elle est chargée de veiller au bien-être des collaborateurs et de leurs familles, ainsi qu'à la continuité de service côté clients", explique la société. Quant à OBS, elle bénéficie de "la cellule multidisciplinaire" crée pour l'occasion par le groupe Orange. Celle-ci diffuse ses directives via l'intranet de l'opérateur historique. "Les équipes RH ainsi que les médecins du travail sont mobilisés pour gérer les situations particulières que nos salariés pourraient être amenés à rencontrer et répondre à leurs interrogations", ajoute Orange.

Sans surprise, les géants français des services digitaux revoient également leur calendrier d'événements. OBS suit en la matière les consignes de sa maison-mère. A l'instar des voyages professionnels, y compris au sein d'un même pays, l'ensemble des manifestations prévues d'ici le 31 mars, tous pays confondus, sont reportées ou tout simplement abandonnées. Même approche chez Capgemini qui annule ses réunions internationales et limite les déplacements "aux seules activités professionnelles critiques" sur la période. Idem chez Sopra Steria. Sont notamment concernées les réunions d'entités ou les formations impliquant des déplacements inter-régions. "Les autres réunions physiques ou regroupements collectifs sont limités au maximum au profit du téléphone ou de la visio-conférence", précise Sopra Steria. "Quant aux événements externes (clients, partenaires...), ils sont limités et là-encore soumis à la validation des directeurs dans chaque pays."