Jean-Marc Gottero (Slack) "Avec cette crise, le recours à Slack s'étend à toute l'entreprise"

Le directeur France de la plateforme collaborative détaille les nouveaux usages de Slack engendrés par cette période de confinement et de télétravail massif.

JDN. Comment évolue l'utilisation de Slack, notamment en France, avec l'explosion du télétravail imposé par les mesures de confinement ?

Jean-Marc Gottero. Historiquement, Slack est utilisé surtout dans le digital et la technologie. Avec cette crise, le recours à notre plateforme s'étend à toute l'entreprise : ressources humaines, finances, forces de vente, gestion de la chaîne logistique... En parallèle, nous observons de nouveaux usages. Les workflows se multiplient. Ils sont conçus notamment pour orchestrer la gestion des tâches de développement ou de production, ou réallouer des process en temps réel en fonction des ressources et compétences disponibles, des contraintes sanitaires, sachant que des salariés ont pu faire valoir leur droit de retrait. Slack est aussi mis en œuvre pour gérer l'onboarding virtuel de nouveaux salariés, via des séances de coaching en ligne par exemple. Les interactions vidéo s'intensifient. Des comités de direction mettent place des cellules de crise via Slack, à la fois pour la remontée d'informations et la coordination des actions à mettre en place. Avec le Covid-19, Slack devient le système nerveux de l'entreprise.

Les shared channel Slack se développent également. Face à la crise, ces canaux partagés sont notamment déployés par des sites d'e-commerce pour maintenir leur chaîne logistique, cordonner en temps réel les fournisseurs et transporteurs, éventuellement faire des ajustements voire même reconfigurer la supply chain en fonction des impondérables qui se présentent. Dans le secteur de la livraison à domicile, Deliveroo par exemple a recours au shared channel pour adapter son activité au fur et à mesure, en fonction des restaurants ouverts ou fermés, des forces de livraison disponibles...

Des Slack publics sont aussi ouverts. C'est le cas dans la santé. L'Assistance publique des Hôpitaux de Paris par exemple s'est adossée à Slack pour créer un réseau de volontaires en quelques heures. Nous leur avons fourni une instance Slack pour ce projet. Un workflow Slack a été mis en œuvre pour recueillir les compétences des volontaires. En fonction de leur savoir-faire, ils sont ensuite rattachés un canal Slack consacré à la coordination d'une mission donnée (portage de repas, aide à la gestion du linge, inventaires de stock de matériel, data science, ndlr). Plus de 16 000 bénévoles ont rejoint ce réseau.

Qu'en est-il de l'audience de Slack depuis le début de la phase de confinement ?

Nous avons passé la barre des 12 millions d'utilisateurs actifs quotidiens. Plus de 5 milliards d'actions sont désormais réalisées dans Slack chaque semaine. Sur mars, nous enregistrons globalement une croissance de près de 350% des appels émis ou reçus dans Slack (comparé au mois précédent, ndlr), et en France une hausse de 44% du nombre de messages par utilisateur entre la semaine du 17 février et celle du 16 mars. Face à cette explosion, nous avons tenu la charge. Sur février et mars, notre taux de disponibilité d'élève à 99,995%.

"Deliveroo a recours au shared channel pour adapter son activité au fur et à mesure"

En France comme ailleurs, la signature de nouveaux clients s'est accélérée. Nos équipes travaillent en mode plan d'urgence avec plusieurs grandes structures qui souhaitent faire de Slack leur plateforme collaborative de référence. La demande n'a jamais été aussi importante. Nous sommes pleinement mobilisés pour y répondre. En France notamment, Slack est par ailleurs mis en œuvre par beaucoup d'écoles, de classes pour maintenir la relation avec les élèves.

Les 2 000 salariés de Slack sont passés au télétravail. Quelles sont les premières leçons que vous tirez de cette expérience ?

On se rend compte que le télétravail rend plus productif. C'est un fait. Comme nous, beaucoup d'entreprises en prennent actuellement conscience. Les salariés sont plus concentrés sur leurs tâches. En évitant les trajets et autres contraintes extérieurs, ils sont moins stressés, moins fatigués. Du coup, cette crise devrait faire émerger de nouveaux modes d'organisation, plus flexible, donnant le choix aux salariés de télétravailler ou non, ou encore de mixer les deux approches. Les entreprises qui souhaitent attirer de nouveaux talents vont clairement devoir ajouter cette corde à leur arc. Evidemment, on va devoir tirer les enseignements de cette crise et se donner les moyens de gérer dans le futur des situations similaires plus efficacement. Le collaboratif représente la solution technologique.

Qu'en est-il des perspectives de Slack en France ?

La France est le troisième marché de Slack en Europe, et l'un des pays à plus forte croissance. Plus de la moitié des entreprises du Cac 40 sont clientes. Nous avons ouvert notre bureau à Paris il y a six mois. Nous comptons 10 salariés : commerciaux, consultants et experts techniques. En ce moment, notre énergie se concentre sur l'accompagnement et le conseil pour télétravailler dans Slack. Nous avons aussi déployé en France des capacités de stockage pour permettre à nos clients qui le souhaitent de pouvoir localiser leurs données dans l'Hexagone.

Jean-Marc Gottero a été nommé directeur de Slack France en juillet 2019. Diplômé de l'ESSEC, il a précédemment occupé le poste de vice-président des ventes cloud EMEA d'Oracle pendant 4 ans. Avant de rejoindre Oracle, il a travaillé chez Cisco pendant 14 ans. Au sein de l'équipementier réseau, il a notamment été en charge des ventes EMEA sur le front du cloud. En 2017, il est angel investor et membre du bureau de Paris Business Angels.