Le coronavirus fait grimper le trafic Internet de 30% en France

Le coronavirus fait grimper le trafic Internet de 30% en France Le réseau de diffusion de contenu Akamai lève le voile pour la première fois sur l'évolution de l'activité enregistrée sur son infrastructure française depuis début mars.

Depuis le début de la phase de confinement, Akamai encaisse une hausse mondial de trafic Internet de 30% sur son réseau de diffusion de contenu (CDN). En France, les indicateurs relevés par le CDN suivent une tendance similaire. "La progression que nous mesurons dans l'Hexagone débute le 12 mars, le jour de l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron (annonçant l'entrée en vigueur des mesures de confinement, ndlr)", constate Jérôme Renoux, vice-président régional web & media chez Akamai. Un autre pic est enregistré par la société de Cambridge le 15 mars lors de la soirée électorale des municipales.

Dans la foulée des deux événements, Akamai relève une légère baisse du trafic sur ses infrastructures françaises le 16 mars avant que ce dernier ne reparte de plus bel dans les jours qui suivent. "Depuis, nous observons en moyenne 100Tb de plus en soirée. Ce qui représente un surcroît de 20% comparé à la normale", poursuit Jérôme Renoux. Des pics encore plus importants sont perceptibles le midi. Sur cette plage horaire, le transit moyen se hisse à 250 Tb, contre 170 Tb en temps normal pour la France. Soit une hausse de 50%.

Trafic enregistré en France par Akamai du 2 mars au 19 avril 2020. Les double-barres en gris clair dans le graphique supérieur représentent les week-ends. Les "pics dentelés" correspondent au volume de trafic, et la ligne orange au volume de trafic moyen quotidien. © Akamai

Autres tendances observées par Akamai en France : des pics de trafic dès la semaine du 14 mars, liés à la fois au téléchargement de jeux et à la vidéo à la demande. Une secousse est également enregistrée le 8 avril, suivie pendant une dizaine de jours de montées en charge de moindre importance. Un phénomène qui s'explique probablement par le téléchargement de la mise à jour mensuelle de Windows (le Patch Tuesday) livré par Microsoft le 7 avril dans la nuit et dont la diffusion et l'installation sur les terminaux Windows s'échelonnent généralement pendant une à deux semaines.

"Globalement, l'impact de l'épidémie de Covid-19 n'a pas eu le même effet que les pics classiques que nous gérons, qui sont le plus souvent liés à de grands événements sportifs. L'effet a été beaucoup plus dilué", explique Jérôme Renoux. Aux côtés des broadcasters et des plateformes de gaming, l'ascension de la courbe s'explique évidemment, aussi, par l'accroissement du trafic sur les sites d'actualité et les sites du gouvernement délivrant de l'information sur l'épidémie. Mais également par la montée en flèche du recours aux plateformes éducatives utilisées par les écoliers, les collégiens, les lycéens et les étudiants en confinement.

Pour maintenir son niveau de performance, Akamai a passé des accords avec Microsoft et Sony

"En parallèle, nous avons observé un effet de vase communicant dans le retail. Avec d'un côté des sites web de chaînes de magasins en perte de vitesse. Et de l'autre des sites d'e-commerce en forte progression", ajoute Jérôme Renoux.

Akamai a-t-il été capable d'encaisser le choc ? La réponse est oui. Sur l'année 2020, le CDN tablait justement sur une hausse de 30% de son audience. L'opérateur avait par conséquent dimensionné son réseau et son infrastructure serveur en ligne avec cet objectif. Pour maintenir son niveau de performance, Akamai a néanmoins passé des accords avec Microsoft et Sony pour qu'ils proposent leurs mises à jour de logiciels ou de jeux à des heures de faible trafic. "Certains broadcasters ont par ailleurs souhaité dégrader leur niveau d'encodage vidéo et proposer des formats plus standard pour laisser la place aux plateformes éducatives", confie Jérôme Renoux.

Akamai n'a pas attendu la sortie du confinement pour passer de nouvelles commandes de serveurs et d'équipements réseau. "Il est clair que l'épidémie a créé de nouveaux besoins numériques et de nouvelles habitudes. Même s'il devrait y avoir un contrecoup post-Covid-19 avec une baisse relative de trafic en juin et juillet, nous avons passé un nouveau palier d'activité", estime pour finir Jérôme Renoux.