De la nécessité d'instaurer une gouvernance data pour les assureurs

De la création d'un contrat à sa clôture en passant par la déclaration d'un sinistre, de nombreuses données sont collectées concernant le client et sa situation. Aujourd'hui, ce patrimoine représente la colonne vertébrale des assureurs.

Le monde des sociétés d’assurance est bousculé à plusieurs niveaux. Tout comme le secteur bancaire, le marché de l’assurance a fait place à de nouveaux entrants, les assurtech, qui viennent concurrencer les acteurs historiques sur leur terrain grâce à leurs innovations et à leur modèle économique fondé sur la proximité client et leur maîtrise et transparence dans l’utilisation des données client.

Si le partage et la capitalisation de la connaissance des données sont importantes chez les assureurs, il existe généralement deux types d’approche possibles dans la gestion et la valorisation de la data : l’approche défensive qui se focalise sur la gestion des données, leur gouvernance et leur qualité afin d’être conforme à la réglementation en vigueur (GDPR, IFRS17, Solvabilité 2, Ficovie, etc.). Et l’approche offensive qui consiste à utiliser le patrimoine informationnel comme un actif de l’entreprise pour concevoir de nouveaux produits et services ou identifier de nouveaux marchés. Cette dernière approche nécessite une bonne gestion et une gouvernance de la data (connaissance, qualité, sécurité, architecture…).

La connaissance des données de bout en bout

Quelle que soit la stratégie retenue, le patrimoine informationnel représente donc un actif incorporel pour les assurances qu’il faut maintenir et faire évoluer en fonction des évolutions et des besoins de l’entreprise. La maîtrise de ce capital passe nécessairement par la connaissance de bout en bout des données dans toutes leurs dimensions, depuis la sémantique jusqu’à leur traduction dans l’organisation en passant par les usages métiers associés et les systèmes applicatifs dans lesquels ces données évoluent.

Pour collecter, formaliser et maintenir cette connaissance, il est nécessaire de la capitaliser dans un catalogue de métadonnées sous la forme d’un glossaire métier ou d’un dictionnaire, voire les deux à la fois. Mais avant tout, il est important de définir les cas d’usage de ce catalogue. Pour cela, il suffit de répondre à certaines questions qui peuvent paraître simples mais sont en pratique bien souvent complexes. Les réponses à ces différentes questions adaptées pour chaque contexte permettent de non seulement clarifier la visibilité, mais aussi positionner le catalogue des métadonnées comme un vrai outil de travail pour l’entreprise.

Instaurer une gouvernance de la data, un défi

Si ce catalogue est indispensable pour tirer pleinement profit de l’ambition data-centric des assureurs, il ne se suffit pas à lui-même. La mise en place d’une gouvernance et d’une organisation autour du patrimoine informationnel recensé est désormais une condition sine qua non pour adapter la connaissance des données aux nouvelles exigences métiers et/ou réglementaires. Une fois créé, le catalogue des métadonnées devra continuer à vivre grâce à une organisation et une animation pour son maintien et sa valorisation auprès des utilisateurs identifiés lors du cadrage. Il est donc indispensable que les assureurs accompagnent ces derniers afin de garantir une dynamique autour de cette connaissance : communication interne, nombre de données ajoutées…

Car c’est seulement en mettant en place une conduite du changement qui garantit une acculturation à l’importance des données et une proactivité des différents acteurs autour du patrimoine informationnel que les assureurs pourront tirer leur épingle du jeu. Les bénéfices seront nombreux - plus d’agilité, des prises de décisions plus pertinentes, une meilleure connaissance client, le renforcement de la lutte contre la fraude et une gestion des sinistres plus performante. Ceux qui rateront le train en revanche resteront à quai. Définitivement.