Visualiser toutes les données médicales pour assurer un meilleur suivi du patient

Le milieu hospitalier est un secteur où la transformation numérique est fastidieuse à mettre en place pour des raisons organisationnelles et probablement économiques, pourtant, elle y est essentielle.

Au-delà de la situation inédite que nous connaissons actuellement, la population vieillissante, les maladies longues ou chroniques de plus en plus répandues, les attentes vis-à-vis des services et traitements grandissantes… sont autant d’éléments qui exercent des pressions sur les institutions hospitalières et leur organisation, que ce soit en termes de charges de travail, d’administration ou de gestion des patients. En conséquence, la nécessité d’une transformation numérique, prenant en compte une approche rationalisée et patient-centric, n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.

Le dossier médical partagé (ou DMP) est la pierre angulaire du projet Espace Numérique Santé de 2022 mené par le gouvernement Français. Si celui-ci n’est pas encore généralisé ou encore obligatoire, il vise à uniformiser et à standardiser les dossiers patients en intégrant l’ensemble des actions de santé menées au cours de notre vie : du premier vaccin, aux problèmes de santé survenant avec l’âge en passant par la naissance du premier enfant, tous les bons (et les mauvais moments) y sont inscrits, constituant au-delà d’un dossier, une véritable histoire. Notre histoire. Et chacun d’entre nous s’attend à ce que cela soit considéré comme telle.

Aujourd’hui, les patients exigent des soins de santé qu’ils soient pratiques, efficaces et personnalisés pour correspondre au mieux à leur style de vie contemporain. Ils s’attendent par exemple à pouvoir prendre rendez-vous chez leur médecin traitant en ligne ou encore que les différents spécialistes qu’ils consultent puissent avoir accès à leurs antécédents médicaux complets sans qu’ils n’aient à les rappeler eux-mêmes. En renforçant la cohérence et la praticité des soins de santé, et plus particulièrement l’interconnectivité entre les différents spécialistes, il serait également possible de limiter les problèmes liés aux diagnostics (erreurs, allergies, etc.) et d’améliorer les prises de décisions en matière de soins.

Les données du dossier médical doivent être orientées vers le patient pour s’avérer réellement utiles. Lors de leur transformation numérique, il est nécessaire pour les hôpitaux de garder cette notion à l’esprit pour aller au-delà de la simple mise en place de versions numériques des dossiers. Les institutions de santé ont à traiter et considérer les données des patients comme un actif stratégique : leur mise en corrélation et leur analyse pourront permettre de fournir de meilleures informations pour la prise de décision en matière de soins.

Les acteurs de la santé ont établi cet objectif comme étant prioritaire. Une enquête IPSOS[1] a par exemple révélé que les ¾ des acteurs français de la santé considéraient que le développement de solutions digitales allait améliorer la qualité du système de santé. Cependant, une étude Odoxa souligne que 73% des sondés reconnaissent se sentir démunis et se considèrent comme mal formés vis-à-vis du numérique [2]. Parallèlement, de nouvelles réglementations, plus strictes, régissant la gestion des données des patients ainsi que les nouvelles dispositions pour le contrôle de la qualité des soins, soulèvent de nouvelles problématiques en matière de transformation numérique au sein des hôpitaux. Le défi est donc double : les institutions doivent non seulement assurer la sécurité et la confidentialité de l’ensemble des données numériques relatives aux patients mais également mettre en application de nouvelles réglementations.

Permettre de visualiser les données des patients à 360°

En réponse à ces problématiques, les hôpitaux s’efforcent de redéfinir l’ensemble du parcours de soin des patients. Les nouveaux modèles devront alors fournir une vue à 360 degrés sur leurs informations et ce, en garantissant leur sécurité et leur disponibilité quel que soit le lieu de consultation. La transformation numérique permettra aux institutions de santé de mettre en place de nouveaux services aux patients, d’améliorer leur expérience et les soins qui leur sont apportés tout en optimisant les modèles opérationnels et autres allocations de ressources internes ou externes. Elles devront faire évoluer leur architecture et leur environnement informatique en conséquence, afin de tirer parti des données des patients et d’en faire ressortir la valeur sur l’ensemble des systèmes. Ceci, notamment pour permettre de développer, modifier et déployer rapidement des flux de travail cliniques et administratifs centrés sur le patient.

Afin d’adopter une approche centrée sur une expérience patient personnalisée et une humanisation des données, les institutions de santé devront disposer de processus et outils adéquats pour renforcer le système de prévention et de gestion des maladies et assurer les soins aux patients. En voici quelques exemples :

  • Disposer d’une plateforme de gestion de contenu qui garantit la visibilité sur l’ensemble des données quels que soient l’endroit ou les systèmes sur lesquels elles sont stockées, assurant ainsi une vue globale sur le dossier patient aux praticiens. Les soins doivent être dispensés avec transparence (en étant intégrés et coordonnés) dans le but que soient partagées efficacement entre les différents acteurs, toutes les informations nécessaires à la bonne prise en charge du patient et au renforcement de la relation avec l’équipe soignante.
  •  Mettre en place un outil d’automatisation assurant la continuité des soins du patient. Cette automatisation assure la prise en charge du dossier de santé électronique (ECR) et améliore la conformité et l'interopérabilité des informations en les rendant disponibles à l’occasion de chaque rendez-vous médical.
  • Déployer un système d’archivage d’images permettant de stocker et de rendre accessibles des images médicales disparates à partir d'un seul et même référentiel. L'informatique mobile peut également fournir aux établissements de santé de nouveaux outils de collaboration qui améliorent la façon dont les patients et les professionnels communiquent en temps réel. Grace à cette approche, les professionnels de la santé peuvent établir des diagnostics quel que soit l'emplacement ou l'appareil à partir duquel ils travaillent. Cela peut également permettre aux patients d'accéder à leurs propres dossiers et de communiquer avec les soignants à tout moment.
  •  Fournir des soins adéquats grâce à une coordination numérique des traitements dispensés par les différents acteurs, tout en assurant la sécurité des données patient. Les institutions de santé doivent assurer une distribution efficace et sécurisée de l'intégralité du dossier patient entre les praticiens. Les informations critiques et sensibles doivent être sécurisées et les parcours de soins parfaitement intelligibles. Ces normes permettront l'intégration des données dans le flux de travail des praticiens, soutenant la médecine factuelle.

Certaines institutions de soins de santé adopteraient déjà une approche humaine des données et auraient par exemple mis en place des formulaires électroniques de prise en charge destinés aux patients des urgences. Avant cette solution, les infirmières de l'hôpital répondaient aux appels téléphoniques d'urgence et comptaient sur des formulaires de triage papier pour enregistrer les appels. Les patients se rendaient alors parfois aux urgences sans que cela ne soit réellement nécessaire, encombrant ainsi inutilement le service. Pour résoudre ce problème, certains établissements auraient mis en place un système de gestion des processus métier (BPM) : une parfaite intégration à un portail clinique doublée d’une automatisation des processus avec des outils flexibles et conviviaux, permettent la création de formulaires personnalisés. En soutient à un système de triage cohérent, ces nouveaux formulaires auraient permis une diminution spectaculaire du nombre d’admissions inutiles aux urgences. De plus, les interactions avec les patients seraient désormais beaucoup plus individualisées grâce à la collecte d’informations concrètes en amont relatives à chaque situation et à chaque patient.

Les perspectives d'avenir

Les systèmes de santé, centrés sur le patient, devront avoir une approche "de bout en bout" s’ils souhaitent réussir leur transformation numérique. Bien menée, celle-ci améliorera la collaboration entre les différents acteurs (praticiens, fournisseurs etc.) et par conséquent le service de santé rendu au patient.

En intégrant la technologie de gestion de contenu à leurs plateformes d'administration, aux dossiers de santé électroniques et aux portails destinés aux patients, praticiens et acteurs pourront participer à l’amélioration de la collaboration entre les services cliniques d'un hôpital ou encore avec des prestataires externes. Une gestion efficace et sécurisée des images médicales de plus en plus nombreuses et l’automatisation des processus cliniques sont d’ailleurs de très bons exemples. Enfin, la démocratisation des dispositifs de surveillance à distance et des appareils de santé portatifs contribueront à élargir les cas d’utilisation des données numériques entre praticiens et patients.

[1] En quête européenne sur la digitalisation du parcours de santé, Juin 2019

[2]  Santé, Formation et Numérique, Décembre 2019