Le français Aircall lève 120 millions de dollars et devient une licorne
Opérateur de services de téléphonie d'entreprise en mode cloud, Aircall boucle une levée de fonds de 120 millions de dollars portant sa valorisation à plus d'un milliard de dollars. Une série D qui a été menée par Goldman Sachs Asset Management Growth Equity. La majorité des actionnaires historiques ont remis au pot, à l'image d'Adams Street Partners, Draper Esprit, DTCP, eFounders, Gaia Capital Partners, NextWorld Capital et Swisscom Ventures. L'opération porte à 226 millions de dollars le total des fonds levés par la société depuis sa création 2014. Fort de ce nouvel apport, elle entend ajouter une corde à son arc : la visioconférence.
La montée en puissance d'Aircall est fulgurante ces douze derniers mois. De 5 000 organisations clientes revendiquées lors de son dernier tour de table il y a un an, l'éditeur en revendique désormais 8 500. Résultat : un chiffre d'affaires qui progresse de 60% en 2020. "Et pour 2021, nous anticipons une croissance de 72%", confie Jonathan Anguelov, cofondateur et COO d'Aircall, avant de reconnaitre : "Avec la démocratisation du télétravail, les entreprises s'orientent massivement vers des solutions SaaS comme la nôtre permettant de déployer la téléphonie en quelques clics partout dans le monde."
"Notre ambition est de devenir la plateforme de communication unique de l'entreprise"
La principale valeur ajoutée d'Aircall ? Sa plateforme se connecte à quelque 60 applications centrées principalement sur la gestion de la relation client. Parmi elles figurent HubSpot, Intercom, Kustomer, Microsoft Dynamics, Salesforce, Shopify, Zendesk ou Zoho. Dans la liste, on compte aussi des outils de gestion du recrutement tels Bullhorn ou JobAdder, ou encore des messageries d'équipe comme Slack et Teams. "En multipliant les intégrations et extensions, notre ambition est de devenir la plateforme de communication unique de l'entreprise, que ce soit pour les ventes, le support, la RH…", résume Jonathan Anguelov.
NLP et reconnaissance d'image
Parmi les investissements prévus en R&D, Aircall prévoit d'équiper sa plateforme téléphonique d'une couche de natural language processing (NLP) qui associe reconnaissance de la parole et retranscription automatique des appels. L'objectif ? Bâtir une brique de voice analytics couvant l'analyse de sentiments, la détection d'hésitation, d'intensité dans la voix, mais également l'identification de mots clés dans le discours : nom de produit, mention d'un prix ou d'un concurrent, etc.
Quant à sa solution de visioconférence, Aircall anticipe son lancement en 2022. "En matière de support, la vidéo va devenir un élément clé pour l'aide à la résolution de problèmes à distance. Elle permet aux clients de filmer le produit et au centre de contacts de l'accompagner pas à pas", souligne Jonathan Anguelov. Dans la même logique que pour la voix, la nouvelle application sera dotée de possibilités d'IA orientées productivité. "Par exemple, nous envisageons une fonction d'analyse d'image pour détecter si l'interlocuteur se déconcentre, s'il détourne la tête ou porte son attention sur autre chose", souligne Jonathan Anguelov. Un dispositif qui pourra se révéler utile pour un commercial ou un agent de support prenant des notes les yeux rivés sur son clavier.
Pour l'heure, Aircall enregistre 35% de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord, contre 15% en France. L'autre moitié des revenus est réalisée dans le reste du monde, principalement en Europe. Partant de là, l'entreprise entend accélérer sa croissance en Asie-Pacifique. Une région qui représente déjà 8 à 9% de son activité. Comme elle l'a déjà fait aux Etats-Unis, Aircall va y ouvrir une business unit.
Une entrée au Nasdaq en 2024
Implanté à Berlin, Londres, Madrid, New York, Paris et Sydney, Aircall compte passer d'un effectif de 450 employés aujourd'hui à 650 à la fin de l'année. Forte de 150 salariés, sa R&D restera "à 90% basée en France." Elle dispose néanmoins d'une antenne basée à Madrid et bientôt d'une seconde en Inde. "Nous souhaitons recruter les talents où qu'ils se soient", argue Jonathan Anguelov. D'ici 2024, Aircall entend passer la barre des 1 500 salariés. C'est aussi en 2024 que l'entreprise prévoit une éventuelle entrée en bourse. "Ce sera au Nasdaq si les conditions de marché sont remplies", précise Jonathan Anguelov.