Le computational storage va bouleverser l'organisation des datacenters

Le computational storage est attrayant pour sa faible latence. S'il est particulièrement adapté pour les applications en temps réel et les charges de travail à haut débit comme le machine learning, toutes les tâches banales verront demain leur efficacité s'améliorer grâce lui.

Compte tenu de ses gains d'efficacité, le computational storage deviendra  probablement l'un des principes architecturaux qui transformera le modèle des centres de données traditionnels.

On parle beaucoup d'edge computing, mais on entend moins parler d'edge storage. Aujourd’hui, la plupart des données sont générées et consommées à un niveau local. Pourtant, celles-ci font des aller-retours incessants avec les gros datacenters centralisés, ce qui représente un véritable gaspillage.  

Par exemple, si un hôpital souhaite stocker une IRM, il est fort probable que ces données soient générées, analysées et consommées localement. La configuration la plus efficace consisterait donc à concilier les fonctions de stockage et de calcul là où elles ont été créées, ce qui est la base du computational storage.

En supposant qu’un nœud de computational storage fasse partie d’un réseau plus large, l’ensemble des installations devra alors partager un espace de nom commun pour désigner les structures de données et les objets. Cela signifie qu’en théorie, il est possible d’accéder à des données locales et d’en avoir une copie partout dans le monde, un peu comme dans un réseau de distribution de contenu. Le réseau verra ainsi chaque nœud de computational storage comme le serveur d’origine.

Cette situation peut être comparée à ce qui est arrivé à l’industrie de l’acier dans les années 80. À l’époque, US Steel dominait le marché américain de l’acier grâce à ses usines géantes. Mais l’entreprise Nucor est arrivée en proposant une nouvelle approche avec des mini-aciéries très efficaces, dont l’installation ne coûtait qu’une fraction du prix de celles de son concurrent, et qui pouvaient être rapidement déployées au plus près des clients. US Steel a ainsi perdu son hégémonie, n’étant pas en mesure de répondre aux besoins du marché en termes de réactivité et de coûts.

D’un point de vue conceptuel, il s’agit d’une évolution très simple du modèle des centres de données, rendue possible par le computational storage. Même si la mise en œuvre de cette évolution sera un véritable défi, c’est très probablement vers ce modèle que nous allons nous diriger à l’avenir. Plutôt que de disposer de quelques dizaines d’énormes datacenters, les fournisseurs passeront à des centaines ou des milliers de petits centres dotés de fonctionnalités de computational storage. Les données vivront ainsi à proximité de leurs propriétaires, avec leurs ressources informatiques, tout en ne sacrifiant rien en termes d’accès global.