Face à New Relic, Dynatrace perce dans l'automatisation du DevOps

Face à New Relic, Dynatrace perce dans l'automatisation du DevOps Les deux acteurs historiques de l'APM multiplient les annonces. Au-delà de la performance applicative, leurs plateformes ont vocation à surveiller l'infrastructure réseau, les ressources cloud et les architectures de microservices.

On ne parle plus d'APM. Le marché de l'application performance management est devenu celui de l'observabilité. A l'heure de la cloudification du système d'information et de la containerisation logicielle, la notion d'APM devenait trop restrictive. Au sein d'une architecture distribuée pouvant reposer sur des centaines, voire des milliers de microservices, comment prévenir tous les risques de défaillances possibles ? Face à ce défi, les plateformes d'observabilité ont pour ambition d'aller bien au-delà de la surveillance des ressources consommées (CPU, RAM, capacité disque). Objectif : réunir toutes les données de télémétrie qu'elles proviennent du monitoring du code, de l'infrastructure réseau ou d'un cluster Kubernetes. "En proposant un seul outil et des indicateurs communs, une plateforme d'observabilité vise à renforcer la démarche DevOps", souligne Gregory Ouillon, CTO de New Relic pour la région EMEA.

Dans son dernier quadrant magique sur les outils de gestion de la performance applicative, le Gartner présente l'observabilité comme l'extension de la supervision IT à des environnements de plus en plus nativement cloud. Sur ce marché prometteur qui pourrait croître de 9,8% chaque année et atteindre 6,8 milliards de dollars à horizon 2024 d'après le Gartner, New Relic et Dynatrace se livrent une rude bataille à grand renfort de nouveaux produits, de partenariats et de rachats.

Comparatif Dynatrace vs New Relic
  Dynatrace New Relic
Performance applicative X X
Infrastructure réseau X X
Environnement containerisé, microservices X X
Serverless X X
Multicloud (AWS, Microsoft Azure, Google Cloud) X X
Automatisation du cloud X  
OpenTelemetry   X
Expérience utilisateur X X
Business Analytics X  
Module de sécurité X  
Version gratuite illimitée   X
Références Alitalia, BT, Cdiscount, la Macif, SAP... AB InBev, France Télévisions, Morningstar, Talentsoft, 20 Minutes...
Tarification mensuelle (HT) De 10 à 25 dollars par module (infrastructure, expérience digitale, sécurité...). 69 dollars pour la surveillance full stack. Coûts additionnels en fonction du nombre de Go injectés. Trois formules d'observabilité full stack : Standard, Pro, Enterprise. Tarifs non-communiqués. Ingestion gratuitement de 100 Go par mois, puis 0,25 dollars par Go

Classé en tête du quadrant magique du Gartner pour la septième année consécutive, Dynatrace est un acteur historique de l'APM. Un temps propriété de Compuware, l'éditeur américain est actuellement sous le contrôle du fonds Thoma Bravo et s'est introduit au Nasdaq il y a deux ans. Si son siège est basé à Waltham dans le Massachusetts, près de Boston, la société affiche un fort ancrage européen. Depuis sa création en 2005 en Autriche, le groupe conserve sa R&D sur le Vieux Continent. A l'issue de son premier trimestre fiscal 2022 (clos le 30 juin dernier), Dynatrace enregistre un chiffre d'affaires annuel récurrent de 823 millions de dollars, en augmentation de 37% sur un an.

Dynatrace dans la transformation cloud

Ciblant les grands comptes, la solution de Dynatrace est utilisée par 34 entreprises du Cac 40. L'éditeur a néanmoins la volonté de démocratiser l'accès à l'observabilité aux PME et aux ETI. "La criticité d'un SI n'est pas proportionnelle à la taille de l'entreprise", argue Stéphane Dulor, vice-président France de la société. "Toutes les organisations n'ont pas une batterie d'ingénieurs pour monitorer leurs réseaux, applications et bases de données." Parmi les références françaises de Dynatrace, on relève Cdiscount, le ministère de l'Intérieur, la Macif ou les Poulets de Loué.

Avec sa Software Intelligence Platform et son architecture OneAgent, l'éditeur entend capturer les informations IT avec exhaustivité. "Alors que nos concurrents font de la corrélation, nous sommes dans la causalité en remontant les données de toutes les composantes d'une plateforme afin de la cartographier dynamiquement", avance Stéphane Dulor. Pour relever ce défi, Dynatrace propose notamment un agent natif taillé pour analyser les logs provenant des environnements Kubernetes (Red Hat OpenShift compris) et multicloud et y détecter d'éventuelles vulnérabilités logicielles. Sa plateforme couvre les services cloud des trois hyperscalers : Amazon Web Services, Google Cloud et Microsoft Azure.

"La sécurité n'est pas notre métier premier, mais les clients nous attendaient sur ce terrain"

En février, Dynatrace présentait un nouveau module pour orchestrer le processus de développement d'applications, en automatisant notamment les tests et les contrôles de qualité du code. Faisant appel à l'intelligence artificielle, Cloud Automation se base sur une version intégrée de Keptn, une application open source portée par la Cloud Native Computing Foundation (CNCF). Il se destine aux experts DevOps et aux ingénieurs SRE (pour site reliability engineer).

En décembre 2020, Dynatrace lançait un module dédié à la sécurité. Optimisé pour les architectures Kubernetes et les approches DevSecOps, Dynatrace Application Security propose des fonctions d'autoprotection en continu des applications en cours d'exécution. Pour enfoncer le clou, il présentait, en juin dernier, Davis, un conseiller en sécurité, alimenté par une IA, qui contextualise et hiérarchise automatiquement les vulnérabilités logiciels. "La sécurité n'est pas notre métier premier mais les clients nous attendaient sur ce terrain où nous sommes techniquement légitimes", explique Stéphane Dulor.

En février dernier, Dynatrace commercialisait en plus un module pour orchestrer le processus de développement logiciel, en automatisant notamment les tests et les contrôles de qualité du code. Faisant appel à l'intelligence artificielle, Cloud Automation se base sur une version intégrée de Keptn, une application open source portée par la Cloud Native Computing Foundation (CNCF). Il se destine aux experts DevOps et aux ingénieurs SRE (pour site reliability engineer).

En France, Dynatrace, emploie une soixantaine de personnes et s'appuie sur des partenaires comme Accenture et Sopra Steria.

New Relic parie sur l'IA et l'open source

Autre poids lourd du marché de l'APM, classé lui aussi parmi les leaders du segment par le Gartner, New Relic est un pure player en mode SaaS. Créée en 2008 à San Francisco, la société est cotée à la bourse de New York. Elle réalise un chiffre d'affaires de 600 millions de dollars sur 2020, en hausse de 25%, et emploie à ce jour quelque 2 300 collaborateurs dans le monde. Parmi ses références françaises figurent Canal +, France Télévisions, OuiCar, Talentsoft ou encore 20 Minutes.

Ces derniers mois, New Relic a multiplié les annonces pour renforcer son ancrage dans l'observabilité. En février dernier, l'éditeur californien présentait un outil de supervision full stack. New Relic Explorer a pour but de fédérer toutes les données de télémétrie d'une organisation en vue de donner une vue en temps réel sur la santé et les performances des systèmes information. "Plus besoin d'avoir un outil spécifique pour chaque domaine : l'applicatif, l'infrastructure, le réseau. Les équipes IT disposent d'une cartographie de leur SI sur un seul écran", souligne Gregory Ouillon. New Relic Explorer analyse notamment les informations remontées par des outils de surveillance open source comme Prometheus ou le logiciel de collecte OpenTelemetry.

"Le machine learning permet d'émettre des recommandations en cas de dégradation de la performance"

En mars, New Relic mettait à jour sa brique Applied Intelligence. Un module, issu du rachat de l'israélo-américaine SignifAI en février 2019, qui s'adosse au machine learning pour automatiser la détection d'anomalies et la résolution d'incidents. "L'IA permet de réduire le bruit en éliminant les faux positifs", poursuit Gregory Ouillon. "Elle permet aussi d'émettre des recommandations en cas de dégradation de la performance. C'est un outil d'aide à la décision pour les ingénieurs SRE." Autre rachat structurant : celui de Pixie intervenu fin 2020. New Relic a depuis intégré sa technologie de télémétrie (basée sur eBPF) conçue pour surveiller des clusters Kubernetes. Il en a par ailleurs fait don à la CNCF. "Un moteur de règles identifie les éléments de télémétrie les plus pertinents puis créer dynamiquement des logs spécifiques", complète Gregory Ouillon.

Dans l'observabilité réseau, New Relic s'est associé à Kentik, un spécialiste du domaine. Résultat : le module New Relic One ingère la télémétrie remontée par l'application de son partenaire, puis la transforme en tableau de bord et en alertes de monitoring. L'entreprise a aussi noué, en novembre dernier, un partenariat avec AWS pour intégrer la télémétrie du numéro un du cloud d'infrastructure. Dans la même logique, des annonces devraient prochainement tomber concernant Microsoft Azure et Google Cloud. "Nous avons la volonté d'être une plateforme cloud agnostique", rappelle Gregory Ouillon.

Bonne surprise, l'éditeur a simplifié, il y a un an, la tarification de New Relic One. Trois formules sont désormais proposées, contre onze auparavant. Les volumes de données intégrés sont aussi moins chers. Enfin, l'éditeur propose des versions gratuites pour les étudiants et les start-up.