Non, nos enfants ne seront pas codeurs mais "no codeurs"

En France, dans le Grand Est, plusieurs élèves de CM1-CM2 ont commencé à recevoir des cours de programmation informatique. Une bonne idée sur le papier, sauf que l'urgence n'est plus à la formation au code mais au no code.

"Tout le monde dans ce pays devrait apprendre à coder, parce que ça apprend à penser", répétait Steve Jobs, le célèbre cofondateur de la marque à la pomme. Une maxime pleine de bon sens au lancement du Macintosh 128K en 1984. Mais plus vraiment d’actualité en 2022, car une nouvelle révolution a pointé le bout de son nez : le no code. Et il serait peut être temps d’arrêter d’être obsédé par l’apprentissage du code à nos enfants.

De l’éveil de l’enfant à l’éveil informatique

S’il est vrai que seulement 0,3% de la population mondiale sait coder, soit l’équivalent du pourcentage de personnes sachant lire et écrire au moyen-âge, il n’est pas nécessaire que tout un chacun connaissent l’ensemble des différents langages informatiques. Et encore moins nos enfants. "Une alphabétisation numérique" presque forcée, qu’il faudrait prendre au pied de la lettre. Arrêtez de culpabiliser et laissez vos enfants apprendre à lire avant d’apprendre à programmer. Alors oui, le code c’est parfois du texte et des suites de phrases logiques, mais les linguistes ne considèrent pas les langages informatiques comme des langues dites naturelles.

En poussant ainsi nos enfants dans l’étude du code dès le plus jeune âge, on risque d’éloigner nos futures générations des autres langues étrangères, ou d’autres domaines culturels qu’il serait tout aussi intéressant d’apprendre et d'appréhender. Ce qui ne leur permettra pas d'accéder aux autres métiers du digital tout aussi épanouissants et dont les entreprises constatent, à l’heure actuelle, un cruel manque parmi leurs rangs. Pire encore, si cet enseignement devait être aussi insipide que les choux de Bruxelles de la cantine, il y a fort à parier, qu'au final, on dégoûte des millions de jeunes à tout jamais de l'informatique. Ce qui serait une vraie catastrophe pour notre pays.

Dans la série télévisée Mr.Robot de Sam Esmail diffusée en 2015 , Elliot Alderson est un jeune informaticien vivant à New York, qui travaille, le jour, en tant qu'ingénieur en sécurité informatique, mais la nuit, passe son temps à hacker. On constate alors que son érudition en matière de code informatique lui ouvre effectivement toutes les portes de ses désirs. Mais à quel prix ? Celui d’avoir sacrifié sa vie à l’apprentissage du code, au détriment de tout ce qui l’entoure. Et même si nous souhaitons tous que nos enfants soient capables de construire un monde (numérique) meilleur, voire même de crier "À bas Evil Corp" un clavier d’ordinateur à la main entouré de cybers-activistes, nous ne souhaitons pas les voir déconnecter du monde réel, comme c’est le cas du protagoniste de l’histoire.

Les futurs entrepreneurs de demain seront tous no codeurs, pas codeurs

"Apprendre à coder" est un refrain que les entrepreneurs entendent depuis plus d'une décennie. Vous voulez que vos enfants soient, plus tard, capables de créer la prochaine pépite de la tech ? Apprenez-leur plutôt à no coder. Ce sera plus accessible et surtout plus ludique. On ne compte plus le nombre de créateurs qui font des piscines. Afin de pallier à leur manque de connaissance ou de développeurs recrutés pour sortir un PoC ou un MVP dans le time to market qui leur est accordé. Alors qu’avec un peu de bon sens et une bonne prise en main des outils no code, n’importe quel entrepreneur avancera plus vite et pour moins cher dans ses projets.

Car rappelons qu’il faut trois à cinq ans pour former un développeur traditionnel, contre un an pour un maker no code professionnel qui en ferait son métier. Et quelques semaines / mois pour pouvoir déjà faire de belles choses.

No code = temps gagné + économies

Mais la magie du no code réside dans la pluralité des domaines qu’il couvre. Pour chaque équipe métier, designer, comptable, office manager etc. Il existe un outil no code plus efficace, plus performant, plus intuitif et plus agile que les outils classiques que nous utilisons. Ainsi Figma tend à remplacer la suite de logiciel créative d’Adobe et Airtable peut être comparé à un Excel survitaminé et connecté. En apprenant le no code à nos enfants, nous ne les préparons pas uniquement au monde de l’informatique, mais nous les poussons à devenir pluridisciplinaires et polyvalents dans l’intégralité du monde digital.

Preuve en est que "D'ici 2023, le nombre d'utilisateurs actifs de solutions no code sera au moins quatre fois supérieures au nombre de programmeurs", prédisait Gartner lors de son IT Symposium Xpo 2021.

En 1932, pour apprendre aux enfants la géométrie dans l’espace et mettre en forme leurs idées dans le monde réel, Ole Kirk Chtistiansen a décidé de créer des jouets en bois sous la forme de petits cubes. Des jouets que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Lego. Soit la contraction de deux mots danois, Leg et Godt, qui veut dire "joue bien". Et bien les outils no code sont semblables aux Lego. En les combinant, en assemblant chaque produit de ces outils comme de petites briques, il est possible à partir d’une idée, de bâtir une start-up révolutionnaire. 

No code + Idée géniale = Produit révolutionnaire

C’est par exemple le cas de Kollecto, une plateforme web de vente, de partage et d’échange d’objets d’art et de collections où les particuliers ont accès à un acheteur d'art personnel à moindre coût. Ou de Qoins, une application financière qui aide les personnes à rembourser leurs dettes de manière plus efficace, assemblée elle aussi sous Bubble.io. Cette dernière a notamment réalisé en 2018, une levée de fonds de plus de 750 000 dollars.

Le futur est no code : notre besoin en maker est devenu une urgence

Bien entendu, nous aurons toujours besoin de développeurs traditionnels. Ne serait-ce que pour développer les outils no code. Mais selon Gartner, d'ici quatre ans, 80% des applications créées le seront en no code. Et avec la pénurie de développeurs d'aujourd'hui, qui s'est aggravée en raison de la crise du Covid, les plateformes no code explosent. Ces outils sont des alternatives indispensables et demandées par les entreprises innovantes et celles qui souhaitent se digitaliser. Comme le prouve la plateforme de mise en relation Malt. Puisque le mot-clé no code fait partie des plus recherchés sur le site en 2020.

L’urgence n’est plus à la formation de développeurs, mais l’avenir appartient bien aux makers no code professionnels. 

Nous avons tout à gagner à apprendre le Nocode au lieu du code à nos enfants. Afin de développer leur imagination, de créer sans se soucier de l'aspect technique de la programmation informatique, tout en réinventant l’entreprise de demain. Un monde du travail plus inclusif, où les softs skills et la débrouillardise priment sur le cursus universitaire. Un sésame qui ouvrira bien plus de portes au monde du digital que le simple apprentissage du code.

Plus jeune, vous avez peut-être loupé le coche du code, alors ne laissez pas vos enfants rater le train du Nocode.