Libérons le potentiel créatif des développeurs !

Depuis bientôt deux ans, les entreprises ont dû s'adapter extrêmement rapidement à une nouvelle configuration de travail. Pour garantir leur résilience dans ces nouvelles conditions, de nombreuses organisations ont misé sur la capacité créative et la performance des développeurs.

Maintenance à distance, numérisation des points de vente, automatisation de la facturation, des processus d’achats, migration vers le cloud… Depuis bientôt deux ans, les entreprises ont dû s’adapter extrêmement rapidement à une nouvelle configuration de travail. Pour garantir leur résilience dans ces nouvelles conditions, de nombreuses organisations ont misé sur la capacité créative et la performance des développeurs, ces magiciens du code capables de transformer de simples idées en révolutions du quotidien via le développement d’applications et de programmes informatiques.

Ces maîtres des langages de programmation ont été, depuis le début de la crise, à l’origine de nombreuses initiatives ayant permis d’améliorer les processus de leurs organisations ou même de leurs pays, au bénéfice de la poursuite d’activité et de l’innovation. Ils ont par exemple mis au point une carte de suivi de l’épidémie dans le monde, accessibles par tous en open-source, et contribué à l’effort de production de ventilateurs du National Health Service au Royaume-Uni. Ils ont permis, en entreprise, d’accélérer la numérisation des processus métiers en améliorant par exemple le suivi de la chaîne logistique.

Au regard de ce formidable potentiel, comment faire de la programmation informatique un levier d’innovation en entreprise ?

La "puissance de développement" comme objectif

Il existe un terme essentiel à mes yeux : la vélocité du développeur, ou du développement ("developer velocity" en anglais). Nous devons absolument en créer les conditions, c’est-à-dire proposer un environnement favorable à l’accélération de l’innovation pour mettre les compétences des développeurs au service de la performance et de la satisfaction client. Cette adéquation de l’environnement en entreprise avec les besoins des développeurs est mesurable, d’après McKinsey & Company, grâce au Developer Velocity Index. Il s’agit d’un outil de mesure qui tient compte par exemple de l’architecture logicielle de l’organisation, des outils utilisés par les équipes, de sa maturité en termes d’adoption du cloud, de ses pratiques managériales ou encore de son agilité. D’après une étude Microsoft menée auprès de 700 cadres et décideurs(1), 75% des répondants estiment que tirer parti de la tech intensity est le moyen le plus efficace de créer un avantage concurrentiel aujourd'hui. La croissance des revenus des organisations qui favorisent cette puissance de développement est jusqu’à 5 fois supérieure à celle de leurs concurrents et leurs marges d'exploitation sont 20% supérieures en moyenne. Elles obtiennent également de meilleurs résultats en matière de satisfaction client et de perception de leur marque.

S’équiper des outils les plus performants du marché dans un environnement cloud

La tech intensity, cet indicateur d’innovation, ne pourra voir le jour sans de bons outils ! Adopter des solutions de pointe permet d’attirer et de retenir les meilleurs talents sur le marché qui auront plaisir à travailler sur des projets qui les passionnent. Leur métier en constante évolution exige surtout un renouvellement régulier des solutions qui leur sont proposées. D’après McKinsey & Company, le principal moteur de la performance des entreprises est la détention des meilleurs outils du marché. Les organisations disposant d'outils performants sont 65% plus innovantes, et les taux de satisfaction et de fidélisation des développeurs sont 47% plus élevés. Quand on connaît l’impact d’un développeur senior et expérimenté sur des développements logiciels, on ne peut être indifférent à vouloir les attirer et surtout les fidéliser. Par exemple, en utilisant des solutions qui leur font gagner du temps en automatisant les tâches de tests quotidiennes ou de configuration des environnements logiciels. Tout développeur peut aujourd'hui activer et tester son code directement en ligne, avec une émulation automatique des librairies nécessaires pour le faire fonctionner. Il est capable, en un clic, de le partager avec un autre développeur et de collaborer pour le débuguer. Voire de faire appel à une intelligence artificielle et lui demander en langage naturel des propositions de code intelligent, quel que soit le langage informatique utilisé. De cette façon, les entreprises mettent toutes les chances de leur côté.

Pour propulser leurs innovations à l’échelle supérieure, les entreprises ont également tout intérêt à s’emparer du cloud. On a tendance parfois à simplifier le débat et penser le cloud comme un simple ordinateur géant qui stockerait des données dans un centre de données, une infrastructure associée à une capacité de calcul certes potentiellement sans limite mais qui ne serait constituée que de machines virtuelles assemblées en rack. C’est, là encore, une image d’Epinal bien loin de la réalité du développeur car le cloud amène aujourd’hui une série d’innovations autour des outils logiciels qui transforment complètement la manière dont une entreprise développe des applications.

Miser sur la création d’applications natives dans le cloud permet aux développeurs de se concentrer sur leur travail sans se soucier des capacités des infrastructures sur lesquelles ils travaillent. McKinsey & Company a identifié l'adoption du cloud public comme un catalyseur de cette "puissance de développement", en particulier pour les entreprises non logicielles – l'adoption du cloud public a quatre fois plus d'impact sur leurs performances commerciales que pour les entreprises de logiciels. Des conteneurs dédiés et des fonctionnalités de passage à l’échelle permettent par exemple aux organisations de s’adapter à de nouveaux besoins en un temps record.

Etudier les enjeux de grandes entreprises de la banque et de la distribution(2) a permis de tirer plusieurs conclusions : il est crucial de trouver le bon équilibre entre flexibilité et standardisation en matière d’outils, pour apporter de la cohérence aux processus de programmation et réduire les risques de sécurité tout en laissant une part de liberté aux développeurs. Par ailleurs, si les entreprises ont déjà massivement investi dans le développement d’applications, elles sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses à placer la donnée et la sécurité parmi leurs priorités pour 2022.

Encourager une culture de l’innovation en entreprise

Mais la technologie ne fait pas tout. Pour attirer les meilleurs talents et révéler le potentiel des développeurs, il faut avant tout encourager une culture de l’innovation en entreprise. Cela passe par le choix de méthodologies agiles et par le travail en open source. Opter pour des technologies open source est vain s’il n’existe pas, au sein de l’organisation, une culture de partage des connaissances, qui permet de capitaliser sur la puissance du collectif au profit d’équipes productives. D’après McKinsey & Company, l'adoption de l'open source par les organisations est le plus grand facteur de différenciation sur le marché, un facteur qui serait 3 fois plus important que les autres. Et pour preuve : les organisations les plus performantes en matière de capacités open source obtiennent un score 30% plus élevé en matière d'innovation et 20% supérieur concernant la satisfaction de leurs développeurs. Leur donner accès à une plateforme leur permettant de stocker et de partager leur code publiquement, quel que soit le projet – logiciels, sites Web, applications pour mobile – ou le langage de programmation, est clé, et il est important d’établir des ponts et intégrations dans le cloud ou dans les solutions collaboratives.

Alors que le cabinet IDC prévoit une pénurie de quatre millions de développeurs au cours des quatre prochaines années, le développement d’applications devient un enjeu stratégique pour les entreprises. La tendance du low-code – qui consiste à donner une possibilité d’édition à des environnements no-code – a vu fleurir ici et là des applications métiers très performantes : capitaliser sur cet élan de démocratisation de l’accès à la donnée en entreprise permet de transformer rapidement les bonnes idées en améliorations concrètes des processus métiers. Les organisations gagneront en agilité en profitant de modèles prédéfinis et facilement déployables.

L'étude de McKinsey & Company a ainsi révélé que les grandes entreprises utilisaient régulièrement des plateformes à faible code et sans code et que ces mêmes entreprises obtenaient un score de 33% supérieur en matière d'innovation par rapport aux entreprises du quartile inférieur. Utiliser une plateforme low-code a par exemple permis à Total Solar de favoriser la solarisation d’un grand nombre de ses sites énergétiques, et à la SNCF de développer la culture numérique de plusieurs centaines de milliers de collaborateurs tout en renforçant leur efficacité opérationnelle.

Pour faire des développeurs les fers de lance de l’innovation en entreprise en France, nous devons collectivement leur offrir des moyens technologiques de pointe et encourager une culture de la collaboration et de l’innovation, pour voir naître cette vélocité ("developer velocity") aujourd’hui indispensable pour rebondir et créer de la valeur. L’enjeu est de taille pour la résilience et la productivité de l’ensemble de nos entreprises françaises, quelle que soit leur taille.

(1) Source : State of Tech Intensity 2019

(2) Source : McKinsey, 2020