La souveraineté numérique n'est pas qu'une question de préférence nationale

La souveraineté numérique n'est pas un combat dénué de sens. L'Etat doit pouvoir renforcer les moyens de son indépendance, créer des emplois et faire rayonner l'écosystème français à l'étranger.

Contrairement à une idée reçue, la nationalité d’une solution ne garantit pas forcément les conditions d’une quelconque souveraineté numérique dans son pays d’origine. En effet, une solution étrangère peut tout à fait offrir à son utilisateur les moyens de préserver son indépendance. Pourquoi ? Car la souveraineté numérique ne repose pas tant sur la nationalité des éditeurs, que sur la maîtrise au long cours des solutions, des données et des choix technologiques.

Tout d’abord, la souveraineté numérique revient à disposer des moyens de maîtriser de bout en bout les solutions technologiques adoptées. Par ailleurs, il est nécessaire de se poser les bonnes questions : ces solutions sont-elles déployées on-premise ou bien dans le cloud ? Le cas échéant, qui est l’hébergeur de la solution ? Ces solutions nécessitent-elles d’être connectées à internet pour fonctionner ?

Ensuite, la souveraineté se caractérise par la capacité à maîtriser ses données. Là aussi, plusieurs questions doivent être soulevées : les solutions technologiques utilisées collectent-elles des données ? Si oui, garantissent-elles la localisation et la protection des données collectées ? Qu’en est-il des conditions de stockage et de réplication ?

Par ailleurs, la souveraineté implique de s’assurer le contrôle de ses choix technologiques sur le long terme. L’acquéreur de solutions technologiques ne doit pas faire appel à un seul et unique fournisseur. En effet, les solutions adoptées doivent être interopérables, quelle que soit leur nationalité. De telles combinaisons permettent de créer des complémentarités utiles à la croissance des éditeurs. Pour les utilisateurs finaux, cette interopérabilité leur garantit de disposer des meilleures solutions, tout en restant libres de faire évoluer leur système d’information.

Développer des compétences et dynamiser l’écosystème local

Au-delà du sujet de la nationalité des solutions, la croissance d'éditeurs étrangers en France permet de générer des emplois sur l’ensemble du territoire. Car c’est en effet l’un des objectifs premiers de la souveraineté : posséder et développer des compétences sur le terrain.

Par cette dynamique, il est possible d’en tirer des fruits à deux niveaux : directement, avec la création d’emplois liés à la croissance de l’éditeur en France ; indirectement, avec les revenus créés pour l’ensemble de son écosystème. A titre d’exemple, un éditeur étranger peut tout à fait recourir à des prestataires locaux pour ses approvisionnements, son circuit de distribution peut s’appuyer sur des revendeurs locaux, ou encore ses partenaires peuvent être des intégrateurs implantés sur le territoire.

Animer les communautés à l’international

Enfin, la souveraineté numérique consiste à développer les capacités pour exporter et mettre en lumière des éditeurs français à l’étranger. L’objectif : faciliter le développement des entreprises à l’international et renforcer l’attractivité du pays dans le monde.

Partant de ce constat, on remarque que les entreprises et les pouvoirs publics disposent de systèmes d’information hétérogènes et complexes qui sont la résultante de décennies d’évolutions technologiques. Dans le même temps, le marché de la Tech ne cesse d’évoluer. De nouvelles solutions sont développées et elles apportent de nouveaux services qui favorisent le développement des entreprises. L’accélération de la transformation numérique des entreprises exige que les solutions développées s’intègrent avec des solutions existantes et tierces, quel que soit leur pays d’origine.

Cette capacité à l’interopérabilité est fondamentale pour favoriser le rayonnement de la filière française en France et à l’étranger. Ces interactions permettent d’industrialiser la vente et de contribuer à leur développement, conformément aux besoins des utilisateurs.

Plus qu’une question de nationalité, la souveraineté doit se conjuguer à l’international car la French Tech s’intègre dans un écosystème global. C’est là tout l’enjeu de son succès.