Le portefeuille d'identité numérique européen va bientôt changer notre quotidien

Le portefeuille d'identité numérique européen va bientôt changer notre quotidien Généralisé à partir de 2024, l'EU digital ID Wallet permettra de produire des documents d'identité et autres titres sécurisés depuis un smartphone. Un service d'identification universel aux multiples bénéfices.

Tous les automobilistes en ont fait l'expérience. Lors d'un contrôle routier, vous devez produire un grand nombre de documents à l'agent de police : permis de conduire, carte d'identité, carte grise, attestation d'assurance à jour... A partir de 2024, il vous suffira de sortir votre portefeuille d'identité numérique européen hébergé sur votre smartphone ou tout autre terminal numérique personnel. Dévoilé en juin 2021, l'EU digital ID Wallet se présente comme un coffre-fort électronique ultrasécurisé permettant aux citoyens de l'Union européenne de stocker leurs documents d'identité et autres titres sécurisés tels qu'une carte d'identité, un diplôme ou un certificat médical.

Ce nouveau sésame universel a vocation à simplifier la vie quotidienne des Européens au moment de renouveler un passeport, d'ouvrir un compte bancaire, de louer un appartement, de remplir une déclaration fiscale, de s'inscrire dans une université située dans un autre État membre, de conserver une prescription médicale utilisable partout en Europe ou de se déplacer au sein de l'UE.

Selon la Commission européenne, ce "wallet" fluidifiera l'expérience voyageur avec un enregistrement et un passage à la sécurité facilités dans les aéroports. Une fois arrivé à destination, le voyageur zappera la file d'attente au comptoir de la société de location de voitures. Il aura rassemblé, en amont, toutes les éléments constitutifs de son dossier : passeport, permis de conduire, carte bancaire. Sa voiture l'attendra au parking et son smartphone pourra même servir de clé pour ouvrir et démarrer le véhicule

Un enjeu de souveraineté face aux Gafa

Une simplification attendue par les citoyens européens et tout particulièrement par les Français, notre pays étant un des Etats membres où le taux de pénétration des outils de gestion d'identité numérique est le moins élevée. 85% ne nos compatriotes se disent prêts à utiliser le portefeuille d'identité numérique approuvé par l'Union Européenne selon une étude réalisée par Thalès auprès de 1 800 personnes. Après le dispositif FranceConnect qui permet de s'identifier et s'authentifier sur des sites administratifs, ce concept de wallet va un cran plus loin. Il permet à son porteur de disposer de documents numérisés qui ont le même niveau légal que les originaux papier. Fini la carte d'étudiant ou la carte vitale photographiées à la va-vite et n'offrant aucune valeur probante.

La Commission européenne fait de cette initiative un enjeu de souveraineté face aux GAFA qui proposent déjà avec les Apple Pay et Google Pay des wallets dédiés aux moyens de paiement avec le risque que les données associées soient utilisées à des fins de profilage marketing. Pour Claire Godron, en charge des sujets d'identité numérique au sein de Thales Identité et Sécurité Numérique, l'étape suivante pour ces géants du numérique, c'est l'identité et les documents régaliens numérisés. "Aux Etats-Unis, Apple prend déjà en charge le permis de conduire sur iPhone et Apple Watch", note-t-elle.

"Les citoyens pourront déterminer quels éléments de leur d'identité, de leurs données et de leurs certificats ils partagent avec des tiers"

Demain, les Gafa sauront-ils que vous vous êtes rendu, hier, dans telle boîte de nuit puis que vous avez été contrôlé par les forces de l'ordre ? Pour respecter nos vies privées, l'EU digital ID Wallet reprendra, lui, deux principes chers au RGPD. Celui tout d'abord du consentement. "Les citoyens auront la maîtrise de leurs données", affirme la Commission. Ils pourront "déterminer quels éléments de leur d'identité, de leurs données et de leurs certificats ils partagent avec des tiers, et garder la trace de ce partage".

Le second principe est celui de la minimisation des données. Le portefeuille ne fournira que la donnée utile et elle seule. On parle d'attribut. Pour être servi dans un bar, le wallet indiquera au gérant que vous êtes bien majeur mais sans révéler votre âge exact ni les autres informations personnelles mentionnées sur votre pièce d'identité : nom, adresse, genre, taille.

Lutter contre l'usurpation d'identité

Si la Commission est diserte sur les cas d'usage pour les citoyens, elle l'est beaucoup moins quant aux bénéfices pour les entreprises. Selon Claire Godron, "les banques ou les opérateurs télécoms accepteront ce wallet citoyen comme outil d'identification." Un moyen de réduire le travail administratif en back office, en simplifiant la constitution d'un dossier client tout en luttant efficacement contre l'usurpation d'identité.

D'autres fonctionnalités intégrées dans le portefeuille s'avéreront très utiles pour les entreprises comme le sceau électronique, garantissant l'origine et l'intégrité d'un document, la signature électronique pour l'approuver et le service de recommandé pour l'envoyer. Les professionnels pourront aussi utiliser le "certificat d'authentification web qualifié" pour garantir que leurs sites sont fiables et dignes de confiance. D'autres cas d'usage devraient émerger avec les projets pilotes attendus en 2023. Le consortium NOBID pour Nordic-Baltic eID Project, réunissant six pays (Allemagne, Danemark, ,Islande, Italie, Lettonie et Norvège) va notamment expérimenter les paiements transfrontaliers à grande échelle. La poste italienne ou la banque norvégienne DNB sont parties prenantes du projet.

Thales dispose déjà à son catalogue d'une offre de portefeuille mobile baptisée... Digital ID Wallet

Le portefeuille d'identité numérique sera fourni au citoyen par son pays d'origine, selon des normes et des spécifications techniques à même de garantir "les niveaux de sécurité les plus élevés". Avec semble-t-il un retard à l'allumage puisqu'une "boîte à outils" était prévue pour septembre 2022. D'après un article du Financial Times, le wallet intègrerait un processus d'authentification biométrique, tel la reconnaissance d'empreinte digitale ou le scan de la rétine.

L'EU digital ID Wallet s'inscrit aussi dans le cadre de la version 2 de l'eIDAS (electronic IDentification, Authentication and trust Services) dont l'entrée en vigueur est attendue d'ici la fin de l'année. Le règlement eIDAS 2 doit permettre à la Commission européenne de compléter sa vision de l'identification numérique, d'élargir le périmètre des services de confiance avec, entre autres, l'archivage numérique à valeur probante, et d'assurer l'interopérabilité des solutions d'identification utilisées par les services publics comme privés.

Les gouvernements feront appel à des prestataires dont Thales, fournisseur de solutions de cybersécurité pour une vingtaine d'Etats membres dont la France. Le groupe français se dit prêt. Il dispose déjà à son catalogue d'une offre de portefeuille mobile pour héberger documents d'identité et titres sécurisés. Elle est baptisée... Digital ID Wallet.