Les acteurs du software à l'épreuve de la sobriété numérique

Le numérique a longtemps été l'angle mort des politiques environnementales et climatiques. Il est temps d'aller vers la sobriété numérique. Le climat nous oblige !

Produisant 3,7% des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et consommant 4,2% de la consommation mondiale d’énergie primaire, le numérique a longtemps été l’angle mort des politiques environnementales et climatiques. Mais les temps changent ! La raréfaction et l’envolée des prix de l’énergie fossile, l’approvisionnement plus complexe de l’électricité, les Accords de Paris ont fait bouger le monde de la Tech lui aussi confronté aux enjeux du changement climatique. C’est ce que révèle un récent sondage publiée par Odoxa. Au-delà de l’inquiétude que ce nouveau contexte suscite, les professionnels se montrent plutôt résilients. En effet, 65% d’entre eux affirment se pencher sur ce dossier et agir, tout en estimant que l’Etat ne leur vient pas suffisamment en aide.

Le Saas, première étape responsable

Dans l’environnement du software, la révolution en faveur du climat n’en est encore qu’à ses prémices. Tous les éditeurs de logiciels ont entamé le transfert de leur solution vers le SaaS ou sont en train de le faire. Cette technologie permet à leurs clients, confrontés à l’augmentation du volume de données, de s'inscrire dans une démarche plus responsable, en limitant le nombre de serveurs internes. Cette externalisation ne peut que les conduire à réduire leur impact carbone. 

Cette transition a mené bon nombre de sociétés spécialisées dans l’informatique de gestion à modéliser différemment leurs offres pour répondre aux attentes des clients beaucoup plus sensibles aux enjeux environnementaux. Le packaging en rayon ne contient plus de CD-rom pour installer une solution. Mais plutôt un code pour en avoir la licence d’utilisation en ligne. Ce qui fut déjà une étape majeure. De même, l’acquisition d’outils de gestion par exemple est en grande partie dématérialisée. Cette composante de l’économie de services s’est entièrement digitalisée et elle entraîne toute une échelle de mesures plus vertueuses, notamment la fin des tickets de caisse, des factures papier…

Vers le green IT

Dans l’envers du décor, les éditeurs de logiciels tendent à produire des solutions plus durables dans le temps, dont le développement permet de retarder l’obsolescence à son maximum. De même, la multiplication des usages hors ligne est de nature à être moins consommatrice en énergies. 

Ainsi et tout en sécurisant les données des clients et en assurant un stockage optimal, l’informatique de gestion va progressivement concentrer la data dans des serveurs moins gourmands en électricité, en système de refroidissement et en opération de maintenance. 

Ainsi, s’ouvre une nouvelle ère où le software va progressivement réduire son empreinte carbone numérique mais aussi être un acteur de l’économie plus soucieux de promouvoir les éco gestes numériques. En somme, il a mis les atouts de son côté pour adopter le concept de sobriété numérique qui a déjà séduit 58% des Français. 

L’Etat doit être stratège 

Cette démarche n’est pas cosmétique lorsque l’on sait que les data centers émettent 14% de l’empreinte carbone numérique en France. Par ailleurs, le Cloud permet de mutualiser les serveurs. Enfin, l’Etat, s’il veut être stratège en matière de transition écologique, doit encourager la relocalisation des serveurs en France et les encourager fiscalement vers l’éco responsabilité. 

Cette mesure est en effet indispensable et n’est pas seulement émise pour répondre à un engouement pour le “Made in France”. En 2040, si tous les autres secteurs réalisent des économies de carbone conformément à l’Accord de Paris et si aucune politique publique de sobriété numérique n’est déployée, le numérique pourrait atteindre près de 7% des émissions de gaz à effet de serre de la France. Soit un niveau bien supérieur à celui actuellement émis par le transport aérien. Il faudra du courage politique pour parvenir à changement de paradigme mais ne vaut-il pas mieux pour nos dirigeants d'apparaître impopulaires plutôt qu’irresponsables ?