Penpot, le Figma open source qui explose

Penpot, le Figma open source qui explose Alternative open source à Figma, cet outil de prototypage a vu le nombre de ses utilisateurs s'envoler depuis le rachat de ce dernier par Adobe. Développé par un éditeur espagnol, Penpot met l'accent sur la collaboration entre designers et développeurs.

Le 15 septembre 2022 est un jour à marquer d'une pierre noire pour les designers du monde entier. Ce jour-là, Adobe mettait la main pour 20 milliards de dollars sur Figma, leur outil préféré pour concevoir des maquettes d'applications web et mobiles. Lancé dix ans plus tôt, ce logiciel de prototypage a connu une très grande popularité. Concurrent direct d'Adobe XD, Figma a pour avantage par rapport à ce dernier de proposer une version en mode cloud.

Si, pour l'heure, une version gratuite de l'outil, aux fonctionnalités restreintes, est maintenue, l'inquiétude est vive chez les professionnels de la création et du design. Ils redoutent une mise sous tutelle de Figma par Adobe, déjà en situation quasi hégémonique sur ce marché avec ses solutions incontournables telles que Photoshop et Illustrator.

Des alternatives existent à Figma, dont les plus connues sont InVision, Sketch et Canva. Echaudés, les créatifs se tournent aussi vers des solutions open source comme Pencil Project, Wireflow, Quant UX ou Akira. Mais, dans cette deuxième famille, c'est Penpot qui recueille le plus d'utilisateurs épleurés de Figma. Cette solution de prototypage qui permet de concevoir des interfaces UX/UI de sites web et d'applications mobiles explose les compteurs.

Quelques semaines après l'annonce du rachat, Penpot avait conquis 100 000 utilisateurs, il en revendique aujourd'hui 250 000. Cisco, Mozilla, Fujitsu, ByteDance ou Société Générale font partie de ses références. Soutenu par une communauté très dynamique, Penpot est développé par l'éditeur espagnol Kaleidos à qui l'on doit l'outil de gestion de projet agile Taiga, également distribué sous licence open source.

En mode cloud ou on-premise

Le succès de Penpot tient dans sa stratégie d'ouverture. Fonctionnant depuis un navigateur web, l'outil de conception peut être utilisé avec n'importe quel terminal connecté. Il est possible de partager ses prototypes aux partenaires et clients mais aussi aux utilisateurs finaux à des fins de tests. Les membres de l'équipe projet peuvent collaborer simultanément sur la même interface et déposer leurs commentaires.

Penpot propose une bibliothèque de modèles préconçus enrichie par les contributeurs bénévoles. Un module "Flex Layout" permet de créer des mises en page réactives à partir de feuilles de styles CSS. Toutes ces fonctionnalités sont, pour l'heure, gratuites, Kaleidos n'ayant pas encore mis en place de modèle ou de services payants. L'éditeur propose même aux organisations qui le souhaitent d'auto-héberger l'outil sur leurs serveurs. L'installation se fait avec Docker ou Elestio.

Penpot a non seulement séduit les utilisateurs mais aussi le marché. Début février, Kaleidos levait 12 millions de dollars après avoir déjà collecté 8 millions de dollars, quelques mois plus tôt, en septembre. Son PDG et cofondateur, Pablo Ruiz-Múzquiz, entend utiliser cet argent pour faire grossir l'équipe mais aussi continuer à développer le produit. "Un tiers des investissements est consacré à la R&D", précise-t-il.

La France, un marché prioritaire

Le dirigeant entend notamment réduire les irritants sur le chemin de la conception des interfaces UX/UI. Du prototype au rendu final, un grand nombre d'allers-retours interviennent entre l'équipe technique et les "créatifs". En mettant l'accent sur le collaboratif, Penpot entend faire travailler de concert ces développeurs et designers et non les uns après les autres comme le veut jusque-là l'ordonnancement des tâches. Une sorte d'approche DevOps appliquée au design.

Pablo Ruiz-Múzquiz mise aussi beaucoup sur la France pour assurer le développement de Penpot. Taiga connaît, dit-t-il, un grand succès avec Airbus, Orange ou le Crédit Agricole comme entreprises utilisatrices. "Penpot suit le même chemin. Orange, Société Générale, Atos, Capgemini, l'Université Paris-Saclay ou encore la startup open source SimpleLogin sont des clients actifs."

Selon lui, le marché hexagonal a deux principaux atouts. Il repose sur une communauté de contributeurs open source "extrêmement active" mais aussi sur un salutaire bouche à oreille. "Si une entreprise française est satisfaite d'un outil open source, elle en convainc rapidement d'autres autour d'elle." Le dirigeant espagnol ira à la rencontre de ces entreprises françaises en décidant de passer tout le mois de mars à Bordeaux.