Numérique responsable : les clés pour ne pas rater le virage

Le numérique pèse 2,5% de l'empreinte carbone de la France. Pour limiter son impact, misons sur la prise de conscience, l'éco-conception, la longévité des équipements et une démarche éthique.

Nul ne peut plus ignorer l'impact croissant du numérique sur notre environnement et dans notre société. À l’échelle de la France, le numérique est responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone. Il représente 10 % de la consommation électrique, plus de 2 % de la consommation d’eau et 20 millions de tonnes de déchets produits par an sur l’ensemble du cycle de vie selon l’ADEME.

Si l’intérêt des DSI pour le Numérique Responsable est grandissant, le sujet est encore émergent dans un grand nombre d’organisations. Par où commencer ? Comment déterminer sa feuille de route ? Quels objectifs se fixer pour que le Numérique Responsable reste un allié de la performance ?

Première étape : sensibiliser et faire évoluer ses pratiques

Engager la transition vers un numérique plus responsable implique la sensibilisation et la formation des collaborateurs, afin qu’ils en saisissent les enjeux et la matérialité pour, à la mesure de leurs fonctions, adopter les meilleures pratiques.

Mais comment prendre conscience de son impact réel ? Développer un tableau de bord qui permet de calculer l’empreinte carbone liée à l’usage d’applications incontournables comme Microsoft 365, constitue un bon point de départ. Cette solution, facile à implémenter, permet de donner les ordres de grandeur d’empreinte carbone des différents services de MS 365, ainsi que des équivalences concrètes (kilométrages parcourus en voiture, à vélo électrique ou en nombre d’impressions sur papier A4) pour évaluer leurs impacts. L’organisation peut ainsi obtenir une visibilité mensuelle sur les volumes de mails envoyés ou reçus et stockés dans le cloud, ainsi que du stockage de données sur OneDrive, avec une conversion en coût carbone.

La mise en place de la Fresque du Numérique, inspirée de la Fresque du Climat, permet quant à elle d’aborder les enjeux environnementaux du numérique en permettant d’identifier, chacun à son niveau, les actions à mettre en place pour évoluer vers un numérique plus soutenable.

Tracer sa trajectoire Numérique Responsable

Le diagnostic de maturité est une étape essentielle qui permet de lancer la réflexion et d’engager les équipes. Sur la base d’un scoring établi selon les cinq dimensions du label Numérique Responsable, allant de la stratégie et la gouvernance aux usages des collaborateurs, l’organisation peut ainsi cerner son niveau de maturité sur le sujet.

La mesure de l’empreinte carbone de l’organisation est également un prérequis à toute action, afin de cibler rapidement les principaux impacts et d’en observer les principaux gains. Pour mesurer, il convient de commencer par un inventaire le plus exhaustif et détaillé possible de tous les éléments qui constituent l’infrastructure de l’organisation (typologie et volumétrie des équipements, spécifications techniques, consommation électrique, durée de vie, etc.). À cela s’ajoute un autre défi : l’identification des facteurs d’émissions les plus précis possibles. Or les données sont le plus souvent parcellaires, voire obsolètes. Les organisations peuvent prendre une longueur d’avance en ayant recours à un calculateur d’empreinte carbone, qui repose sur une base de données exclusive et qui agrège les facteurs d’émissions les plus précis et qui fournit une répartition de l’empreinte carbone avec une granularité très élevée (au niveau CPU, RAM, etc.).

Afin d’établir un plan d’actions adapté, il est important de comprendre la répartition de l’empreinte carbone au niveau des composants d’un système sur tout le cycle de via une méthodologie d’analyse du cycle de vie, encadrée par la norme ISO14040-44. Cela permet également d’adopter une démarche d’éco-conception, en intégrant ces connaissances dans le dimensionnement des futures infrastructures.

Passer à l’action

Éco-conception des architectures et des services, allongement de la durée de vie des équipements et achats responsables sont autant de réponses concrètes à mettre en œuvre.

L’intégration de la réduction de l’empreinte environnementale dès la phase de conception d’un produit ou d’un service – l’écoconception – est la démarche reconnue comme la plus efficace et la plus pertinente. Elle implique de prendre en compte les impacts à toutes les étapes du cycle de vie (fabrication des équipements, transport, utilisation et fin de vie de ces équipements) dans une approche multicritères. Elle suggère, par ailleurs, dans une notion de responsabilité plus globale, d’intégrer les enjeux sociaux, sociétaux et éthiques, et d’adopter un processus de conception vertueux qui évite tous les transferts de pollution et autres externalités négatives.

Augmenter la durée d’utilisation des équipements numériques constitue également un levier très efficace. Les outils digitaux liés à l’environnement de travail sont particulièrement concernés. En effet, sur dix ordinateurs remplacés par les entreprises, huit sont encore fonctionnels. Les organisations doivent donc repenser le cycle de vie de ces équipements : réviser la fréquence de remplacement des ordinateurs, écrans et autres smartphones, envisager des solutions de leasing durable, valoriser les matériels décommissionnés en leur donnant une seconde vie (réparation, revente aux collaborateurs, dons à des associations, etc.) et s’assurer d’un recyclage correct des e-déchets. Réduire le taux de possession est également un moyen d’alléger l’empreinte carbone de son parc informatique.

L'éthique et la souveraineté : les nouveaux défis d’un numérique durable

Au-delà de la décarbonation de l’IT, un numérique durable doit intégrer d’autres dimensions. L’éthique constitue un pilier fondamental, garantissant que nos avancées technologiques respectent et renforcent nos valeurs collectives.

Les nouvelles technologies – l’IA en particulier – présentent une dualité : elles peuvent servir l’Homme (en fournissant un assistant personnel par exemple) mais aussi l’asservir (avec les solutions de surveillance de masse). Face à cette réalité, les organisations doivent impérativement développer une compréhension approfondie des mécanismes sous-jacents aux solutions technologiques qu’elles déploient et établir un cadre rigoureux pour leur utilisation éthique. Cette vigilance doit s’accompagner d’une réflexion sur la souveraineté numérique, assurant que nos données et infrastructures critiques demeurent sous contrôle.

L'éthique et la souveraineté ne sont pas des considérations accessoires ; elles constituent les fondations essentielles d'un Numérique Responsable.