Les DSI face au SaaS

Les directions informatiques, historiquement à l’origine des innovations et des projets, hésitent à prendre le train du Software as a Service... Quelles en sont les raisons? Et quelle approche pour les DSI face au SaaS ?

Une récente chronique intitulée «Vous avez dit "SaaS" ?» publiée dans ce même journal évoquait entre autres «la cohabitation» des solutions SaaS. En effet, un des enjeux clés pour les solutions à la demande, est «la cohabitation» des solutions SaaS avec la base installée ou autrement dit, l'intégration des applications «on demand» avec les systèmes existants dans l'entreprise.
Mais il y en a d'autres...

Un des constats que nous faisons est que ce sont les directions informatiques - historiquement à l'origine des innovations et des projets - qui rechignent à prendre le train du SaaS et qui mettent en avant des arguments, parfois sujets à discussion tels que :

- la sécurité de la solution et sa compatibilité avec les normes de sécurité des sociétés (un grand groupe bancaire français à fait auditer la sécurité de Salesforce.com pendant plusieurs jours en Californie avant de valider le choix métier)
- le partage des données réputées «stratégiques» comme le «Client», un autre grand groupe industriel lui a récemment demandé que ses données soient hébergées ailleurs qu'aux Etats-Unis... Un data center localisé en Asie est d'ailleurs en projet par Salesforce.com)
- la maîtrise du logiciel, des versions, de la road map,...


La réalité, c'est que le centre de gravité s'est déplacé vers les directions métiers et les directions générales qui réclament des solutions à bénéfices rapides et des implémentations courtes. La maîtrise de ce type de projet échapperait au pouvoir de recommandation et de décision des directions informatiques (DSI).
 
Le succès de Salesforce.com dans le CRM, l'arrivée attendue de SAP Business by Design pour l'ERP «on demand», pour ne citer qu'eux, démontre que l'industrie des «solutions applicatives» a intégré cette tendance aussi bien que les directions métiers des entreprises...

Mais la DSI, par sa connaissance métier de l'entreprise, par sa maîtrise des portefeuilles applicatifs et des enjeux business associés a pleinement son rôle à jouer. Il ne faut pas que les DSI s'excluent d'elles même de cette évolution naturelle de l'univers des solutions applicatives, au contraire elles doivent s'inscrire dans ces nouvelles tendances, voire même anticiper ces évolutions.

Le métier de la DSI évolue encore et plus qu'on ne le croit. Des compétences métiers fortes dans les DSI contribuent à identifier des solutions avec des cycles de mise en oeuvre courts et par conséquent sont génératrices de valeur pour l'entreprise.

L'analyse du «ROI» des projets, elle aussi doit s'adapter car, d'une logique d'investissement, on est passé à logique de «redevance», et les règles d'immobilisation des projets s'en trouvent modifiées. A périmètre équivalent, le TCO à 5 ans d'une solution SaaS est meilleur de 30 % comparé à une solution traditionnelle.

La Direction des Systèmes d'Information de l'entreprise se dirige donc vers un rôle de pilotage et de gouvernance de portefeuilles applicatifs qui verra cohabiter de plus en plus d'applications SaaS et impose donc une redéfinition de l'approche économique des projets. Qu'on se le dise, le «pay per use» (c'est-à-dire le droit d'usage) a définitivement supplanté le droit de possession...