Carnet de bord d’un entrepreneur de la French Tech qui a rejoint The Refiners (1ère partie)

Le 20 mars dernier, CloudScreener intégrait la 2ème promotion du programme d’accélération dédié aux pépites étrangères qui veulent s’implanter aux États-Unis.

Rencontres, enseignements, surprises : entre découvertes, rythme effréné et choc culturel, Anthony Sollinger, CEO de CloudScreener, chronique chaque mois pour le JDN sa plongée dans la Silicon Valley.

En lançant CloudScreener en 2012 nous pensions déjà global. Nous avions pour ambition de donner à notre start-up une dimension internationale et la volonté d’aller nous implanter sur le marché américain, 1er marché mondial du cloud. Mais ce que nous savions aussi c’est que le timing, comme souvent dans les étapes du développement d’une start-up, est important : trop tôt ou trop tard et notre projet pouvait être compromis.

Nous nous sommes donc avant tout attachés à développer des solutions au plus près des attentes du marché, à gagner des clients, faire nos armes tout en peaufinant notre offre au contact de nos utilisateurs.

Après ces 4 premières années et des « incursions » prometteuses aux Etats-Unis, nous avions le sentiment d’avoir la maturité suffisante pour aller plus loin et confronter notre offre à cet immense marché. Plutôt que de prendre 1, 2 voire 4 ans pour tenter de faire notre place au soleil, nous avons vite compris, suite notamment à nos échanges avec Géraldine Le Meur, Pierre Gaubil et Carlos Diaz, co-fondateurs de The Refiners, que nous avions la possibilité de gagner un temps immense… Après avoir candidaté, nous avons eu la chance d’être sélectionnés parmi plus de 400 candidats pour rejoindre The Refiners.

Voilà donc un mois maintenant que nous avons posé nos valises à San Francisco et j’ai déjà la certitude d’avoir opté pour la bonne solution. En tant qu’entrepreneur, j’ai déjà vécu en un mois ce que j’aurais mis 3 à 6 mois, si ce n’est plus, à apprendre et expérimenter sans le programme. En un mot, ces dernières semaines ont été intenses et productives.

Le temps de l’acculturation

Pour commencer, vu de France on peut avoir l'impression que tout est facile dans la Silicon Valley, qu'il suffit d'y aller pour faire décoller son business et lever de l'argent (un peu comme si les billets poussaient sur les arbres). Mais en réalité, personne ne nous attend ici. Il y a certes beaucoup de capital-risqueurs mais aussi une énorme concurrence au regard du nombre de startups présentes dans la vallée. Comme le répète souvent Carlos Diaz, "il ne suffit pas d'y être, il faut EN être", tisser son réseau, rencontrer les bonnes personnes, connaître les codes et apprendre à "se vendre". 

Par exemple, il est coutume de dire ici que tous les entrepreneurs doivent être capable de présenter leur projet en quelques secondes si jamais ils rencontrent Mark Zuckerberg par hasard dans l’ascenseur ! Véritable institution dans l’univers de la Tech, le pitch est avant tout un moyen de se vendre, de faire le show. Et à cet exercice les Français ne sont pas vraiment réputés pour être les meilleurs. En France, nous sommes marqués par une « culture d’ingénieur », nous partons du produit ou de la solution. Les américains, eux, sont marqués par le « why » qui fait d’abord primer la vision de la start-up, la manière dont elle va permettre de « changer le monde » ou, à minima, son marché… Et bien sûr, ils sont aussi marqués par leur « culture commerciale et business ».


Aborder une personne, mener un rendez-vous professionnel ou tout simplement présenter sa start-up et son projet : tout cela nécessite donc un temps d’acculturation et l’apprentissage de toutes les règles qui font le jeu de la Silicon Valley. Si l’ambiance est décontractée et s’il est possible de parler business « jusqu’à plus soif », les rendez-vous sont très cadrés et sur des sujets précis. Et attention aux sujets politiques ou religieux, on ne débat pas comme en France ici…  

Des mentors pas comme les autres

Ensuite, comment ne pas mentionner les rencontres que nous faisons ici. La liste des mentors que Géraldine Le Meur, Carlos Diaz et Pierre Gaubil ont réussi à fédérer autour du programme The Refiners est tout simplement impressionnante. Très clairement, l’occasion n’est pas donnée tous les jours aux start-up de la Tech française d’échanger et de pitcher leur projet devant Phil Libin, ex-fondateur et CEO d’Evernote, Reid Hoffman, ex-fondateur et CEO de LinkedIn aujourd’hui au board de Microsoft, Guillaume Decugis, co-fondateur et CEO de Scoop.it, Rob Le Bras-Brown, CMO de Nokia Technology ou encore Rick Marini, business angel bien connu de l’écosystème entrepreneurial américain. 

A chaque workshop, nous apprenons énormément des retours d’expériences des mentors, de leurs parcours et des séances de questions-réponses pendant lesquelles nous pouvons obtenir, sur certains aspects de notre stratégie, un avis éclairé. Comme des éponges, nous assimilons le moindre conseil qu’ils peuvent nous donner. 

13 start-up et tous dans le même bateau

Au-delà du business, l’expérience consiste aussi à intégrer une promo à 13. Une des particularités de The Refiners est de miser sur des start-up très différentes, qu’il s’agisse de leur niveau de maturité, de leur taille, du marché qu’elles visent, de leur business model, du profil et de la personnalité de leurs fondateurs. Dans le casting de cette promo, au-delà des profils d’entrepreneurs « classiques » – si tant est que cela existe évidemment – certains porteurs de projets ont des profils plus atypiques : par exemple, deux anciens pilotes de chasse ont fondé Wezr en partant d’une problématique fondamentale dans le quotidien des pilotes : les prévisions météorologiques.

Malgré nos horizons différents, depuis le 20 mars dernier, nous avons développé une solidarité et un réel sens de l’entraide, dans une logique de partage de compétences.

Quotidiennement, chacun est amené à donner son avis sur le pitch des autres et donc à apporter sa sensibilité, son expertise, ses éventuelles idées. Les start-up les plus avancées partagent leur expérience et donnent des conseils aux jeunes pousses, par exemple sur les mécanismes de financement ou les étapes de la levée de fonds. Les sociétés dans le même domaine (B2B, B2C) peuvent aussi faire jouer les synergies et mutualiser leur expérience et leurs ressources. Certaines deviennent même fournisseurs pour d’autres dans la promotion…

Après la découverte, l’acculturation, les liens noués entre tous les membres de la promo, le deuxième mois de cette aventure va aussi représenter un cap important pour nous au regard de notre objectif avec l’accélération du networking et le début des rendez-vous avec les investisseurs.

A suivre…