Les liens et Google, que de changements !

Il n'est plus nécessaire, aujourd'hui, d'expliquer à quiconque ayant un site web l'importance de lui faire recevoir des liens. Même si les liens persistent comme facteur de ranking très important, leur intérêt et leur utilisation pour Google ont fondamentalement changé. Mais qu’est-ce qui a changé et pourquoi ?

Un peu d'histoire…
Remontons à la genèse de ce qui a fait de Google le moteur le plus pertinent dès ses débuts "publics". Avant même que Google.com n'existe, Google n'était pas le moteur tel que nous le connaissons aujourd'hui, mais le moteur alternatif proposé sur Yahoo (en "alternance" selon les époques avec Inktomi). 
Mais un jour, le partenariat avec Yahoo ayant été cassé définitivement, il ne restait à Google que le moteur développé pour les intranets d'entreprises.
Qu'allait devenir Google ?
C’est alors que google.com est né. Mais il ne fallait pas faire un moteur public aussi nul que les autres. Il devait vraiment se démarquer.
C'est souvent des catastrophes que naissent les opportunités. Pourquoi ne pas reprendre ce qui faisait des annuaires des outils bien plus pertinents que les moteurs de l'époque ? La classification était le point fort des annuaires.
Les moteurs balançaient tout ce qu'ils trouvaient et qui comprenait plus ou moins ce qu'avait tapé l'internaute.
Les classements proposés par les annuaires, quant à eux, étaient basés sur la catégorisation des sites. DMOZ était un exemple du genre…
Honnêtement, je trouvais à cette époque ancienne les moteurs totalement inutiles sauf si vous disposiez de plusieurs heures pour aller voir chaque site proposé…
Mais une idée folle a traversé la tête de Google : reprendre des concepts mathématiques des années 1930 pour faire quelque chose basé sur la popularité des sites. Ainsi est né le PageRank, reprenant ainsi des concepts vieux de 70 ans à l'époque. C'est beau la rupture technologique, non ?
Si les liens comportaient, comme lui-même le demandait, des intitulés descriptifs, il pouvait faire remonter les sites où les requêtes des internautes correspondaient avec ces mêmes intitulés.
Mais ces concepts n'auraient eu aucun sens s'il n'y avait pas eu, en parallèle, un internet naissant qui se développait à vive allure. Nous y trouvions des projets complètement déjantés et d'autres, carrément merveilleux pour l'époque. 
Les sites qui "scotchaient" les internautes faisaient parler et recevaient pléthore de liens, chacun retirant une grande fierté à citer LA ressource du moment qu'il ne fallait pas ne pas partager !
Le web, pourtant minuscule, tentait même parfois de faire concurrence avec les productions hollywoodiennes. L'étonnement était à son comble.
J'ai eu la chance, à cette époque, d'avoir été plusieurs fois "jeu de la semaine", comme développeur, sur macromedia.com… Je peux vous confirmer qu'il n'y avait pas besoin de faire du netlinking, les liens tombaient tout seuls et de partout.
En développement multimédia d'une façon générale, nous étions aussi dans la surenchère technologique. Dès que c'était "infaisable", je bondissais dessus, car il y avait des défis à cette époque que l'on ne rencontre plus vraiment aujourd'hui. Maintenant, nous serions plutôt dans une morne continuité technologique sans réelle rupture. Tout est tellement prévisible que c'est très triste. C'est ainsi qu'en à peine 5 ans j'ai travaillé in fine comme développeur avec mon équipe pour quelque 250 grands comptes/administrations/institutions…Quand nous disons qu'un lien était un vote, c'était pour ce genre de situations où il avait matière à émerveiller l'internaute et cela avait du sens.
La cassure
Seulement voilà, l'arrêt a été brutal un certain 11 septembre… Plus personne n'avait envie de rire et d'émerveiller qui que ce soit. La planète web ainsi que la planète multimédia sont entrées dans une sorte de dépression nerveuse. Dans le même temps, la bulle internet explosait… Une sacrée claque.
De mon côté, il nous restait tout de même les projets ludo-éducatif sur céderoms car les débits internet de l'époque ne suivaient pas pour tout.
L'explosion de la bulle internet et la morosité due aux attentats ont donc "cassé", in fine, ce que représentait le lien. 
En effet, les attentats du 11 septembre ont eu un impact considérable sur la voie ludique utilisée par beaucoup dans le marketing. Les projets ludiques étaient devenus "déplacés" et le développement de jeux pour les marques s'est écroulé à cette époque. Il a fallu attendre plusieurs années pour que cette "auto-censure" disparaisse en grande partie. 
Par exemple, c'est seulement en 2007 que nous avons pu développer un jeu multiuser en 3D pour la SNCF. Ce "second-life" était destiné à l’accueil des 5600 nouveaux cheminots. En comparaison, avant 2002, les demandes pleuvaient presque quotidiennement. 
Le deuxième facteur a été l'accroissement durant ce temps du web qui est devenu tellement énorme que le lien n'était plus un vote, mais tout au plus une "indication". Tout le monde était habitué, comment surprendre encore un internaute ? L'internaute était blasé, il avait déjà tout vu.
Alors, que faire des liens ?
Les SEO se sont chargés finalement de "maintenir" le système à jour en spammant à fond sur des ancres exactes ;-)
Car oui, 10.000 liens pointant vers un site de serrurier, c'est que le serrurier doit être excellent, non ?
Google a sciemment laissé faire, car les SEO le servaient en mettant systématiquement des ancres exactes. Sans même s'en rendre compte, ils ne travaillaient pas pour leur client ou pour eux-mêmes, mais pour Google qui pouvait ainsi poursuivre sa "catégorisation".
Mais trop, c'est trop…
Dans une page, il y a son contenu, mais aussi ses liens qu'il faut suivre. Or, dans ce web, il y a de tout : des sites qui n'ont pas bougé depuis des années, du spam, du contenu dupliqué, du cloacking, des sites qui sont mis à jour régulièrement… Mais même pour les sites tenus à jour, comment faire pour que cela présage d'une meilleure qualité ? Voire de l'intérêt que ces sites peuvent avoir dans l'absolu ? 
Pourtant, il faut tenter d'aller voir chaque page de temps à autre ou régulièrement. Google, même si je ne renie pas le bon escient de l'idée de départ de faire des liens le critère qui devait tout changer, s'est fait aujourd'hui manipuler par ceux qu’il voulait lui-même manipuler.
Ce critère était devenu une véritable "illusion" quant à sa pertinence.
Il faut bien admettre que le lien réellement naturel a presque totalement disparu. S’appuyer sur ceux-ci aujourd'hui a beaucoup moins de poids qu'à ses débuts.
Le sens du lien est passé du vote à une indication. Mais une indication de quoi ?
Il apparaît nécessaire de lui trouver un sens et donc, la sémantique doit entrer en piste afin de permettre de valoriser plus ou moins le lien. L'indication doit devenir information.
Par conséquent, le lien n'est plus un vote, mais permet de savoir ce qu'il se passe sur la planète web…
Allez, on déglingue tous les sites ayant des liens à ancres exactes. Maintenant que l'on a assez d'informations, plus de souci à se faire. Tiens, déglinguons aussi le duplicate content qui ne sert pas les intérêts de Google dans sa quête, nouvelle, de compréhension du web. Google communique comme des sagouins, car il n'a jamais fait son moteur ni pour les sites ni pour les internautes, mais pour servir ses propres intérêts.
La sémantique seo entre en piste
La sémantique SEO ou naturelle (si on a de la chance) doit permettre de développer un formidable outil de prédiction. La capacité de réaliser de la prédiction vaut de l'or !
Voici comment, selon moi, cela se décompose :
- Les requêtes d’un internaute doivent être reformulées => prédiction sur ce qu'il cherche.
- Les pages qui lui sont proposées doivent répondre à cette reformulation => selon le comportement de l'internaute, confirmation ou non de la prédiction précédente.
- Dans les pages visitées, il existe des liens dans le contenu de chacune => prédiction sur ce qui se trouve derrière le lien, car c'est lui qui doit fournir l'information que cherche Google (d'où les metamots). Si la prédiction se réalise, le lien est pleinement valorisé. Si ce n'est pas le cas, la valeur du lien dégringole.
La vraie sémantique SEO ne se situe pas dans le contenu des pages si dans ledit contenu nous ne trouvons pas des liens sur lesquels Google peut réaliser des prédictions. Pour cela, il faut les contextualiser à la fois au départ ainsi qu'au point d'atterrissage.
Vous aurez remarqué qu'en cherchant à fournir de la sémantique, au travers des metamots, nous continuons de servir Google en nous servant de lui pour dépasser nos concurrents. Finalement, cet aspect de l’histoire a peu changé !
Quelle est la prochaine étape selon vous ?
J'ai déjà ma petite idée. Nous allons attendre un peu avant de vous la révéler, car il se peut que je me trompe ;-)