Collaborer avec les algorithmes : un jeu d’équilibriste

L’avènement des algorithmes et le monde du travail ne sont pas incompatibles. Pourquoi alors, est-il si facile de collaborer avec des algorithmes à titre personnel et si difficile à titre professionnel ? Collaborer en parfaite intelligence est faisable, si nous acceptons de changer et de travailler différemment.

Les nouvelles technologies finissent par converger en capacité, usages et diffusion à chaque génération et souvent une révolution se produit. Un Internet bien implanté, les faibles coûts de réseaux et les progrès technologiques (Smartphones, compression, …) ont été le terreau des YouTube, Facebook, Uber, Airbnb, et Twitter, qui ont bouleversé l'expérience de la mobilité.

Nous sommes maintenant proches d’un nouveau point de convergence certainement encore plus révolutionnaire : le Big Data, le Machine et Deep Learning et la puissance de calcul, qui préparent l’omniprésence de l'intelligence artificielle. L'IA sera la technologie déterminante du XXIe siècle.


Algorithmes et opérateurs humains : une complémentarité à ne pas mésestimer

L’utilisation des algorithmes est différente de celle des machines classiques : les algorithmes sont conçus pour nous faire faire des choses en nous dispensant souvent d’avoir à identifier et évaluer par nous-mêmes plusieurs possibilités. Les finalités des algorithmes peuvent être schématiquement classées en trois catégories : La simple information (veilles, alertes, informations commerciales, …), la recommandation (prix, communication, embauche, promotion, gestion des ressources humaines, …) et la décision à la place d’un humain (filtrage, pilotage automatique, expérience client en marketing, …).

L’autorité des algorithmes exige, de la part de celui qui souhaite ne pas suivre ses recommandations, de s’en justifier de manière persuasive et surtout d’assumer personnellement les conséquences de la décision prise. Alors que l’obéissance aux algorithmes atténue fortement la responsabilité des opérateurs humains. L’humain doit plonger dans cet environnement sans appréhension mais avec la volonté féroce d’y trouver sa place en valorisant ses différences. C’est à ce prix que nous trouverons une utilité en symbiose avec nos compétences et notre image sociale. 

Des répercussions considérables sur la culture d’entreprise

Pour l’entreprise, l’impact est bien plus profond qu’une transformation digitale et plus complexe qu’un projet IT. La transformation est multiple car l’intégration de l’IA a une influence sur des sujets hétérogènes et nombreux. Pour les Ressources Humaines, elle a un impact sur des sujets comme l’intégration, la fragmentation du travail, la transmission, la collaboration, la responsabilité et le partage du savoir. Elle se traduit pour l’organisation par un passage d’un modèle traditionnellement hiérarchique à un système en réseau pour des besoins de transversalité et de réactivité. Elle conduit par ailleurs à repenser la notion d’appropriation de la technologie, avec un enjeu consistant à éviter la dépendance à des systèmes tout en réussissant son intégration dans la chaîne métier. Enfin, et bien entendu, elle a des répercussions sur la culture d’entreprise car désormais toute l’organisation parle de client, d’usage et de service.

Au-delà des concepts et de leur mise en œuvre, en matière d’Intelligence Artificielle, seul le résultat compte. La recherche de la perfection est trop longue et trop coûteuse. Il est donc essentiel de se concentrer sur la rapidité. Les concepts d’organisation sont déjà là sous forme embryonnaire avec le modèle des « factories » (digital factory, data factory, ...). Ils traduisent la recherche d’une industrialisation qui permettra d’aller plus vite en rationnalisant et en mutualisant les moyens, dont l’IA.