“Cloud native” ou pas, telle n’est pas la question

Le terme de “cloud native”, parfois galvaudé, peut sembler exclure certaines entreprises qui ont développé leur infrastructure IT avant l’avènement du cloud, alors qu’au contraire, la technologie qu’il désigne est particulièrement inclusive.

Si les fondamentaux du cloud computing, son fonctionnement et ses principaux bénéfices sont désormais connus, certains termes sont parfois utilisés de façon inconséquente et peuvent conduire à certaines interprétations erronées. Prenons par exemple "cloud native". Les milieux informatiques l'utilisent pour décrire une approche visant à construire, déployer et gérer les stratégies, les personnes, les équipes et les entreprises qui "comprennent" le cloud, et l'utilisent de façon exhaustive sans compromis avec l’existant, s’il y en a un. D'autres s’en servent afin d’évoluer dans un environnement de cloud computing. 

Qu'il s'agisse de personnes ou de logiciels, le "cloud native" est un raccourci pour désigner l’utilisation ou les compétences liées au cloud dans son ensemble : agiles pour s’adapter plus aisément aux changements de besoins, rapides pour répondre efficacement aux nouvelles demandes du marché, et relativement nouvelles puisqu’elles s’appliquent aux méthodes optimisées pour le cloud public

A l’évidence, le "cloud natif”, par ses avantages, soutient l’innovation des entreprises, qu’elles soient start-up, issues du numérique ou sociétés établies. Trop souvent, cependant, le terme crée des malentendus et de l'exclusion. "Natif" peut signifier une différence durable par rapport à ce qui est né ailleurs. Par extension, cela peut créer une frontière entre les technologies qui ont été décidées et développées auparavant, et de nouveaux investissements dans le cloud. Existerait-il une dualité entre le “legacy” (l’existant) et le “cloud native” ?  En fait, non. Un grand nombre d'anciens codes logiciels peut en réalité très bien fonctionner à l'intérieur d’environnements cloud, en particulier s'ils sont “traités” avec des technologies comme les conteneurs logiciels qui permettent une flexibilité et une reconfiguration rapide. 

Cela peut également laisser entendre que les entreprises et les personnes qui étaient actives avant l'avènement du cloud computing sont en quelque sorte désavantagées, ou (pour rester dans l'idiome "natif") ne maîtriseront jamais complètement la nouvelle langue. Là encore, les faits montrent le contraire.  Le cloud, est, il est vrai, à l'origine de l'émergence de nouvelles sociétés de covoiturage, d'applications pour smartphones, de nouveaux types de banques en ligne et de nombreux autres services s’appuyant sur les technologies de localisation, de réseaux sociaux, de paiements mobiles et même d'intelligence artificielle, sans investissement massif en capital. Pousser cette dualité et y céder serait oublier le succès de certaines entreprises dites “traditionnelles” qui ont su transformer leur existant informatique et humain pour donner naissance à de nouveaux services et business modèles tout aussi compétitifs, innovants et performants que ceux des entreprises issues de la Tech. 

Il ne s’agit pas d’opposer neuf versus ancien, natif versus transformé, mais bien de se concentrer sur ce que l’entreprise en question peut développer de mieux, en utilisant les connaissances et les compétences disponibles, parfois héritées de décennies voire de siècles de savoir-faire et d’expérience, et de les codifier, les structurer et les distribuer d’un point de vue informatique. L’objectif final est bien finalement la création de valeur ajoutée, de l’entreprise vis-à-vis de ses clients, partenaires et autres parties prenantes.