Frédéric Massy (Adobe) "Nous avons mis au point un packageur d'applications pour iPhone"

Avec le projet Open Screen, Adobe joue la carte de l'évangélisation du Flash. Son arrivée sur l'iPhone pourrait bien venir contrarier le modèle économique d'Apple autour de l'App Store.

Pourquoi l'arrivée du Flash sur l'iPhone se fait attendre ? 

Apple serait sans doute plus en mesure que nous de répondre à cette question ! Dans le cadre du projet Open Screen, nous avons pour Flash une vision très précise de son implémentation. Il a ainsi pour vocation à être supporté dans tous les terminaux mobiles et périphériques multimédia existants.

Ce n'est pas un hasard si ce projet Open Source recueille d'ailleurs aujourd'hui l'adhésion de plus d'une soixantaine d'acteurs informatiques dans tous les domaines : ARM, Cisco, Freescale, Google, HTC, Intel, Nokia, Palm, Qualcomm, Samsung, Sony Ericsson...

Apple pourrait cependant avoir une bonne raison de ne pas voir arriver Flash sur ses iPhone et iPad. Avec ce format, il serait alors tout à fait possible de délivrer des applications qui n'auraient plus besoin de passer par l'App Store. Une situation qui ne manquerait pas d'écorner le modèle économique choisi par Apple. Mais nous restons évidemment prêts à l'accueillir au sein du projet Open Screen.

Regrettez-vous son absence sur l'environnement Apple ?

Nos technologies et Flash en particulier ne sont pas absentes de l'écosystème Apple

Les technologies Adobe et Flash en particulier ne sont pas absentes de l'écosystème Apple. Flash est par exemple très bien implanté dans la communauté des utilisateurs et des développeurs d'applications Mac.

Pour ce qui concerne l'iPhone, ce que nous trouvons dommage c'est la fragmentation que cela engendre du point de vue du graphisme et de la programmation, ce qui contraint les entreprises à développer plusieurs fois une même application pour s'adapter à des environnements différents.

Cela étant, dans la prochaine version de la Creative Suite, nous avons mis au point un packageur d'applications pour iPhone. Concrètement, il permettra de transposer le code binaire SWF d'une application et de le transformer en bit code natif pour l'iPhone pour permettre son exécution sur le terminal.  

Quels sont les atouts du Flash pour un OS comme Android ?

Ils ne sont pas éloignés de ceux qui existent par ailleurs pour d'autres environnements et terminaux mobiles ou multimédia. Notre défi actuel c'est bien de s'affranchir de l'hétérogénéité des plates-formes et des matériels, comme on a pu le faire il y a une dizaine d'années pour les navigateurs et les OS.

Ce que nous avons voulu faire avec Flash Player 10.1, actuellement en beta et disponible en version finale dans quelques mois, c'est de s'adapter à une nouvelle réalité d'usage. Si on considère un Blackberry, un GPS ou un écran de TV, ces matériels ont tous un point commun. A savoir : une optimisation de leur consommation énergétique, de leur empreinte mémoire et plus globalement de toutes leurs ressources systèmes.

Flash Player 10.1 permet par exemple à une application de consommer 50% de moins de ressources en termes de mémoire et processeur. Il est également capable de gérer complètement la reconnaissance tactile et pas seulement la pression des doigts. Il supporte également HTTP et l'adaptive streaming, ce qui permet d'améliorer la communication avec le serveur de diffusion et optimiser la bande passante consommée.

Frédéric Massy est directeur marketing Europe de l'Ouest d'Adobe.