PLM dans les PME : un parcours semé d'embûches

Les solutions de gestion du cycle de vie des produits s'immiscent sur la pointe des pieds dans l'univers des PME/PMI. La peur d'une remise en cause organisationnelle serait-elle trop forte ?

Plus vite, plus haut, plus fort. Empruntée à Pierre de Coubertin, voilà une devise qui se prête bien à l'évocation des nouveaux enjeux technologiques et économiques auxquels les PME/PMI d'aujourd'hui doivent faire face. Notamment pour celles qui gravitent dans l'univers de la fabrication et de la conception de produits manufacturés ou industriels.

Afin de les accompagner dans les nouveaux défis de la globalisation - dans un contexte où l'amélioration des temps de mise sur le marché et d'optimisation des processus de production sont (très) souvent érigés en dogme universel - les solutions de PLM (Product Lifecycle Management) constituent de précieux adjuvants.

Et ce, autant pour les PME/PMI positionnées dans une chaîne de sous-traitance auprès d'un donneur d'ordre global que celles qui sont amenées à commercialiser directement leurs produits auprès du grand public.

"Alors que les premières ont tout intérêt à s'équiper de la solution la plus répandue dans la filière si elles ne veulent pas être exclues des appels d'offres, ce n'est pas le cas pour les autres qui restent plus libres de leur choix stratégiques", signale d'entrée Guy Forax, secrétaire du FPDMUG, association française des utilisateurs de PLM / SGDT.

Pour cette seconde catégorie de PME/PMI, se pose alors la question de franchir le Rubicon en optant pour une solution PLM, ou bien en dopant fonctionnellement leur outil de CAO existant, voire en faisant évoluer leur ERP (pour peu qu'il soit présent). De quelle façon ? En lui adjoignant, par exemple, un module ad hoc de modélisation et de conception 3D.

"Le projet PLM peut constituer une occasion pour les PME de réaliser une remise en cause profonde de leur SI" (Jean-Michel Aberide - Euriware)

"On a assisté pendant des années à des phases d'investissements massifs des PME/PMI pour améliorer leur documentation technique qui les a conduit à s'équiper en solutions de CAO et DAO. Aujourd'hui, elles souhaitent mettre un terme à la cacophonie de leurs données de conception et optimiser leur gestion en se tournant vers des offres PLM adaptées", signalent Philippe Rouquayrol et Isabelle Gilles, responsable des ventes indirectes et marketing chez Siemens PLM Software.

Et Jean-Michel Aberide, responsable des activités avant-vente du département PLM au sein d'Euriware, de préciser de son côté : "le projet PLM peut constituer une occasion pour les PME de réaliser une remise en cause profonde de leur SI en y associant le remplacement de leur ERP vieillissant, alors même qu'il s'avère être particulièrement structurant pour elles jusqu'à devenir dans certains cas un point central de leur SI".

Au-delà du défi des PME/PMI d'accroître le niveau de collaboration autour du projet PLM entre ses différents métiers (études, production, méthodes, achats, finance, ventes...), plusieurs freins peuvent toutefois refroidir leurs ardeurs. Et ce, malgré des offres que les éditeurs, au premier rang desquels PTC, Siemens/UGS Dassault Systèmes et Autodesk positionnent comme étant fonctionnellement adaptées et prépackagées pour répondre à des besoins spécifiques.

Tout d'abord un ticket d'entrée rarement en deçà des 10 000 euros qui peut rapidement grimper jusqu'à 2 voire 3 dizaines de milliers d'euros en fonction du nombre d'utilisateurs. Mais également le fait de devoir compter sur un certain nombre de compétences internes (ou à défaut recourir à une prestation externe qui ne fera qu'allonger l'adition PLM) pour piloter, implémenter et mener à bien le projet.

Sans compter sur une nécessaire évolution organisationnelle et la remise à plat d'un certain nombre de méthodologies et de processus métiers de l'entreprise. "Mettre en œuvre une solution PLM dans une PME/PMI nécessite de faire en sorte que chacun puisse obtenir la vue métier qui l'intéresse, comme le fait de pouvoir tester la robustesse d'une pièce pour un service de l'ingénierie, estimer son coût quand on fait partie du département achats ou encore de connaître le processus de développement à suivre pour fabriquer la pièce si on est un outilleurs", précise Jean Marc Deshays, vice-président des ventes monde pour CATIA chez Dassault Systèmes.