Devoteam se transforme pour prendre le virage du Cloud

Devoteam se transforme pour prendre le virage du Cloud Spécialisée dans le conseil en infrastructure informatique, la SSII a levé le voile sur un plan de transformation sur 3 ans. Objectif du groupe : se donner les moyens d'accompagner les DSI dans la révolution du Cloud et de la mobilité.

Grand oral ce matin au siège de Devoteam à Levallois-Perret près de Paris. Stanislas de Bentzmann, cofondateur de la SSII, présentait officiellement le plan de transformation défini par le groupe pour les trois années à venir. Pour la SSII l'enjeu est important.

Fondée en 1995, la société de services et d'ingénierie avait habitué les analystes à des croissance à deux chiffres. Mais, à partir de 2009, les résultats ont commencé à s'infléchir. Depuis, la progression du chiffre d'affaires n'excède pas les 6 à 7%. Il s'élève à 528 millions en 2011. Quant à la croissance organique, elle est passée de 17% en 2007 et 2008 à 0,3% en 2010 et 3,2% en 2011. Et la marge opérationnelle ? Elle décroit. De 8,5% et 8,8% en 2007 et 2008, elle tombe à 6,2% en 2009, 6% en 2010, et 5,5% en 2011.

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Stanislas de Bentzmann, cofondateur de  Devoteam, lors de la présentation du plan de transformation de la SSII le 3 juillet au siège du groupe à Levallois-Perret. © JDN / Antoine Crochet-Damais

Aider les DSI à reprendre l'initiative

Spécialisée dans le conseil et l'ingénierie en infrastructure informatique d'entreprise, Devoteam couvrait jusque-là à la fois les problématiques réseau, sécurité, télécoms et de centres de données. La SSII avait notamment basé sa croissance sur un stratégie d'acquisitions (30 en 10 ans) qui lui a permis d'étendre son portefeuille de clients ainsi que sa présence géographique. Une stratégie qui a également conduit Devoteam à multiplier ses offres en catalogue. Comptant quelque 5 000 salariés, le groupe est désormais présent dans 23 pays avec 55% de son chiffre d'affaires réalisés hors de France.

"La baisse de notre rentabilité depuis 2009 s'explique par une pression croissante sur les salaires, dû fait d'un contexte économique qui se tend, et de notre difficulté à aligner nos prix sur la concurrence", explique Stanislas de Bentzmann. "Dans le même temps, nos clients opèrent des transformations profondes de leur mode d'organisation pour faire face au contexte, mais aussi mettent en œuvre de nouveaux modèles de système d'information."Une mutation que le coprésident du directoire de Devoteam n'hésite pas à qualifier de "tendance de rupture". Cloud, montée en puissance de la mobilité en entreprise, explosion des données non-structurées... Les défis sont nombreux.

"Avec les logiciels SaaS, les directions métiers peuvent avoir accès directement à des applications, sans avoir à passer par l'informatique. De même dans la mobilité", commente Stanislas de Bentzmann. "Les DSI ont l'impression de perdre le contrôle de l'informatique, et de ne plus être capables de suivre les besoins IT. De leurs côtés, les utilisateurs estiment que les directions IT ne leur fournissent plus d'outils adaptés, notamment face à la pression de la concurrence."

Prenant acte de ces changements au sein de l'écosystème IT et la nécessité d'adopter de nouveaux modèles dans un contexte économique toujours plus exigent, Devoteam entend donc se donner les moyens d'accompagner cette transformation des systèmes d'information. "Bref, nous voulons aider les DSI à reprendre l'initiative", résume Stanislas de Bentzmann.

Se réorganiser pour gagner en performance financière

La SSII a donc décidé de se transformer elle-même pour mieux se donner les moyens de son ambition. Première action stratégique : une concentration du catalogue sur sept offres (contre plusieurs dizaines jusqu'à présent), en phase avec cette mutation (dont le périmètre pèserait d'environ 60% dans le chiffre d'affaires actuel) : Cloud, mobilité, gestion des données, gestion des services IT, sécurité et gestion des risques, et communication unifiée et réseau télécoms. La transformation informatique étant présentée comme la pierre d'achoppement de l'ensemble.

Pourquoi se limiter à 7 offres ? Pour être plus efficace en termes de gestion des investissements et d'innovation, mais aussi sur le plan de l'industrialisation et de la proposition de valeur. Et Stanislas de Bentzmann d'insister sur les compétences de Devoteam en matière de mobilité (avec une offre d'accompagnement stratégique, des expertises en ergonomie, en urbanisation, une solution de place de marché privée...). Le groupe annonce à cette occasion l'arrêt de son activité de R&D pour le secteur des télécoms. "Ce qui ne veut pas dire que nous abandonnons cette cible", nous a-t-on bien précisé en marge de la conférence.

Second axe du plan, la SSII compte améliorer sa performance commerciale, optimiser ses achats (par la mise en place d'une fonction dédiée à cette fonction), mais aussi rationaliser ses fonctions RH et financières. Avec pour objectif de gagner au final 7,5 points de marge sur les 9 premiers pays concernés par le plan. Les 14 pays restant, qui correspondent aux pays d'Europe de l'Est, à la Turquie et à la zone du Maghreb resteront en dehors du plan pour pouvoir conserver leur agilité, et ainsi tirer parti au mieux de marchés à plus fort potentiel de croissance. Pour 2015, Devoteam entend atteindre un chiffre d'affaires de 580 à 600 millions d'euros, pour une marge opérationnelle de l'ordre de 10%.

"Nous estimons qu'accompagner nos clients dans la mise en place de Clouds privés, puis de Clouds hybrides et, enfin, dans les migrations vers le Cloud public va prendre au moins 5 ans", estime Stanislas de Bentzmann. Passé ce dernier cap, la SSII anticipe la mise en place de contrats récurrents portant à la fois sur le pilotage des projets de Cloud et la gestion de la performance des fournisseurs. Et Stanislas de Bentzmann de conclure : "nous miserons sur la formation pour accompagner nos équipes internes qui sont déjà pour la plupart prêtes à amorcer cette transformation, mais aussi sur des recrutements." Pour 2012, Devoteam anticipe un chiffre d'affaires de 515 à 520 millions d'euros pour une marge opérationnelle d'environ 4%.