IBM s'empare du français Ilog pour 215 millions d'euros

En se renforçant dans le domaine de la gestion de règles et des processus métiers, le groupe américain entend étoffer son catalogue et enrichir ses solutions Websphere, Lotus et Tivoli.

Toujours à l'affût d'opérations de croissance externe, le géant américain de l'informatique IBM tente désormais d'acquérir le spécialiste français Ilog. Le groupe vient de dévoiler ce lundi 28 juillet une offre publique d'achat qui valorise l'éditeur de logiciel de gestion des processus métiers (BPM), à 215 millions d'euros, soit 340 millions de dollars (+37% par rapport à la valeur du titre au 25 juillet 2008).

IBM souhaite intégrer les technologies d'Ilog au sein de sa plate-forme de développement d'application : Websphere. Par ailleurs, elles offriraient aux clients d'IBM une gamme complète d'outils de gestion de règles métiers pour des solutions de gestion de l'information, et des technologies de visualisation pour les produits Lotus et Tivoli. Ce type de produit aide par ailleurs à l'efficacité des solutions de planification et d'ordonnancement de la chaîne logistique.

Très utilisées par les banques, les assurances, mais aussi dans les domaines de la santé et des transports, les solutions de gestion des processus métiers intéressent donc les mêmes clients que ceux d'IBM : principalement les grands comptes. Par ailleurs, Ilog dispose d'une activité bien établie. Créé en 1987, Ilog compte plus de 850 salariés et 2500 clients parmi les grandes entreprises.

Du point de vue financier, le bilan est également bon. La société Ilog réalise toutefois des croissances relativement modestes par rapport aux fleurons de la high-tech américaine. Sur son dernier exercice fiscal, l'éditeur publie un chiffre d'affaires de 181 millions de dollars, en hausse de 12%, et un résultat net de 0,5 millions de dollars, en baisse par rapport aux 4,9 millions de dollars de l'exercice précédent.

Sur son segment relativement étroit, Ilog fait figure de référence. La société est présente principalement en France et aux Etats-Unis, et dispose de filiales en Allemagne, Chine, Espagne, Grande-Bretagne, Japon et à Singapour. IBM pourrait donc lui fournir une meilleure couverture géographique en plus de l'intégration à ses solutions logicielles. Cependant, les produits Ilog pourraient perdre leur indépendance : l'éditeur est en effet partenaire d'Oracle, Microsoft, SAP, BEA. Des sociétés directement concurrentes d'IBM.

Le conseil d'administration d'Ilog a approuvé la transaction

Les solutions de BPM s'avèrent particulièrement intéressantes à l'heure de l'automatisation des tâches en entreprise. C'est aussi un projet assez facilement rentable et qui peut bénéficier du soutien des directions générales. Les outils de BPM sont utilisés pour analyser, planifier, suivre et améliorer les processus métiers et se destinent aussi bien aux responsables opérationnels qu'aux développeurs. Une règle métier peut être par exemple l'ouverture d'un compte bancaire.

Le conseil d'administration d'Ilog a approuvé la transaction entre les deux sociétés. D'autre part, IBM a reçu de la part de certains actionnaires des engagements d'apport à l'offre, représentant environ 10% du capital d'Ilog. Le conseil d'administration d'Ilog rendra son avis définitif d'ici le 15 septembre, date à laquelle le dossier sera déposé auprès des autorités des marchés financiers pour obtenir une validation de l'acte.

Les deux sociétés auront donc tout l'été pour réfléchir au devenir de l'équipe de direction d'Ilog et de son personnel au sein d'IBM. Toutefois, cette annonce serait un nouveau coup dur pour l'économie du numérique en France. Après le rachat de Business Objects par SAP, Ilog était l'un des tous premiers éditeurs de logiciels de l'Hexagone, avec Dassault Systèmes.

IBM quant à lui continue d'intensifier sa division logicielle. Le groupe s'est offert en 2007 / 2008, les sociétés Cognos et Telelogic. Dans ce domaine, il est sérieusement attaqué par Oracle. Ce dernier a racheté successivement Peoplesoft, Siebel, Hyperion et BEA Systems en seulement 5 ans.