Henri d'Oriola (Akamai) "Nous optimisons le cloud afin de le rendre efficace pour les entreprises"

Comment le spécialiste de l'accélération des contenus et des applications en ligne aborde-t-il le phénomène du cloud computing ? Dans quel sens son offre évolue-t-elle ?

Comment vous positionnez-vous par rapport au phénomène cloud computing ?

On parle actuellement beaucoup du cloud et de ses différents composants : le Saas, avec Salesforce notamment, le PaaS avec Google et l'IaaS avec Amazon Web Services. La problématique est toujours la même : les utilisateurs des applications proposées par ces acteurs sont dans le cloud. Et la distance entre les serveurs d'origine et les utilisateurs finaux est toujours la même.

Or, nous constatons une augmentation des temps de réponse en fonction de l'application de l'utilisateur. Prenez le cas du Groupe Casino : il dispose d'une application de sourcing dont les utilisateurs sont au Pakistan mais avec des serveurs d'origine basés à Saint-Etienne. Cette situation peut entraîner des temps de latence élevés et des pertes de paquets importantes. Cela est dû à la structure même de l'Internet. Le cloud, qui est par nature imprévisible, est composé de 13 000 réseaux juxtaposés qui ne se parlent pas entre eux.

Nous avons récemment mené une étude sur les temps de latence et les pertes de paquets entre Londres et Los Angeles. Les temps de latence étaient compris entre 145 et 200 ms et les pertes de paquets pouvaient aller jusqu'à 13%. Entre Londres et Pékin, la perte de paquets pouvait monter jusqu'à 81%. Notre métier est d'éliminer ces pertes de paquets et de réduire ces temps de latence.

Comment s'explique cette qualité insuffisante des échanges ?

Nous sommes passé d'un monde de sites statiques à des applications BtoB et sites très dynamiques

Nous sommes passé d'un monde de sites statiques à des applications BtoB et sites Web très dynamiques, ce qui génère des échanges permanents entre les serveurs et les internautes. Les temps de réponse élevés sont dus au temps d'acheminement des transactions dans le cloud.

Il existe également des facteurs physiques : les opérateurs sont souvent tributaires de certaines liaisons physiques. Et puis parfois, il y a des ruptures de câbles, comme celle qui a eu lieu il y a quelques temps dans l'Océan Indien.

Que proposez-vous à vos clients pour y remédier ?

Nous proposons, pour pallier cela, de distribuer ces applications via nos serveurs : 45 000 en tout, répartis sur 1 500 lieux géographiques distincts, dans 70 pays. Cela nous permet de nous affranchir de la problématique liée à la distance et de disposer de serveurs qui se "connaissant" et se "parlent". En quelque sorte, nous optimisons le cloud, afin de le rendre utilisable et efficace pour une utilisation en entreprise.

Dans sa nature et dans ses risques, le cloud n?est pas adapté à une utilisation professionnelle. C'est un réseau qui n'appartient à personne, qui n'est pas managé. Avec notre plate-forme et son système d'exploitation, nous avons un sous-ensemble que nous administrons et sur lequel nous nous engageons. Nous sommes une "Plat-form as a Service" qui sert de socle à une utilisation du cloud par les entreprises. Le SaaS est génial mais le bât blesse par l'infrastructure.

Henri d'Oriola est directeur des opérations Europe du sud chez Akamai. Etait également présent lors de l'entretien Olivier Noyelle, solution engineer Europe du sud.