SAP a retrouvé le chemin de la croissance au 1er trimestre

Le géant allemand de l'ERP a vu son chiffre d'affaires trimestriel grimper de 5% sur un an. Mais son cash flow opérationnel a été handicapé par des retards d'encaissement des revenus issus de l'Enterprise Support.

On le croyait à terre, SAP bombe fièrement le torse. Après une fin d'exercice difficile et des lendemains douloureux suite à l'éviction de Léo Apotheker (lire notre dossier), SAP semble remis d'aplomb. Enfin presque.

A l'occasion de la publication de ses premiers résultats de l'année, de nombreux indicateurs sont dans le vert. Ainsi, le chiffre d'affaires est ressorti en croissance de 5% à 2,51 milliards d'euros contre 1,74 milliard un an auparavant.

Une hausse soutenue par la bonne tenue des ventes de logiciels qui ont totalisé 464 millions d'euros, mais surtout des prestations de maintenance et de support associés (+12%) ayant toisé les 2 milliards d'euros. Des augmentations qui ont entraîné par effet domino la marge opérationnelle du groupe, passée de 12,8% à 22,2% sur un an.

Mais si les bonnes nouvelles en termes de niveau d'activité ont indéniablement pu rassurer les dirigeants - et les conforter dans le maintien du cap de la stratégie actuelle - le marché s'attendait quand même à des performances encore meilleures.

"Les ventes de logiciels montrent que l'entreprise est revenue sur les rails de la croissance organique" (Stephan Wittwer - Analyste chez LBBW)

"Les ventes de logiciels montrent que l'entreprise est revenue sur les rails de la croissance organique, mais elles ne sont pas traduites dans le résultat opérationnel", a ainsi pointé du doigt Stephan Wittwer, analyste chez LBBW dans une récente note.

Mais alors quid de la hausse de 97% du profit opérationnel enregistré par SAP au 1er trimestre ? Car l'éditeur a quand même annoncé un bénéfice de 387 millions d'euros contre 196 millions un an plus tôt. Un chiffre qui aurait donc dû largement satisfaire analystes et investisseurs.

Sans la charge pour frais de restructuration d'un montant de 166 millions, le bénéfice net du 1er trimestre 2009 se serait en effet établi à 362 millions d'euros. Soit une hausse de seulement 6,9% par rapport aux 387 millions d'euros enregistrés cette année. Une réalité qui n'a sans doute pas été du gout de tous les acteurs du marché.

La déception s'est d'ailleurs traduite chez les investisseurs qui ont boudé le titre en bourse de Francfort, en recul d'1,5% dans les échanges en cours de journée, marquée cependant par la publication de mauvais indicateurs macroéconomiques en provenance de la Grèce.

SAP dispose d'un trésor de guerre de 2,3 milliards d'euros pouvant lui servir à des opérations de croissance externe

L'autre déception pour SAP sur ce trimestre est venue du niveau de son cash flow opérationnel, en recul de 44% sur un an à 772 millions d'euros contre 1,39 milliard d'euros en 2009. Une chute qui s'explique par la décision prise par l'éditeur de sciemment décaler la mise en paiement des frais de support 2010.

Ce dernier ayant attendu jusqu'à la mi-avril que ces clients optent soit pour le contrat SAP Entreprise Support, soit pour le Standard Support avant d'encaisser les chèques. Une magnanimité bienvenue dans un contexte où la tension entre l'éditeur et ses clients n'a pas manqué de se faire sentir à plusieurs reprises au cours de l'année passée.  

Cela n'empêche pas pour autant SAP d'aborder son nouvel exercice fiscal plus sereinement en ne touchant par exemple pas à ses prévisions de croissance de revenus, estimés dans une fourchette de 8,53 à 8,86 milliards d'euros contre 8,2 milliards d'euros en 2009.

Par ailleurs, l'existence d'un trésor de liquidités d'un montant astronomique de 2,3 milliards d'euros à fin mars 2010 permet également à SAP d'envisager plus que jamais l'avenir avec sérénité et lui laisser les mains libres pour envisager d'éventuelles acquisitions, pourquoi pas dans le domaine du cloud.