Fabrice Lacroix (Antidot) "Une consolidation du marché français de la recherche est à prévoir dans les 18 mois"

Antidot mise sur une technologie de recherche à facette et une rapidité de traitement accrue pour tirer son épingle du jeu. Il n'exclut pas non plus une levée de fonds.

JDN Solutions. Comment le marché de la recherche a-t-il traversé la crise et quelles sont ses perspectives ?

Fabrice Lacroix. Nous avons beaucoup moins souffert de cette crise que celle que nous avons vécue à l'époque de la bulle Internet. On ne peut pas se faire massacrer tous les dix ans quand même. Cela s'explique par le fait que le secteur de la recherche est un secteur encore naissant, loin d'avoir atteint son potentiel maximal et également par le sous-équipement des entreprises. En 2009, la crise n'a pas affecté notre activité car nous avons annoncé une progression de 34% de notre chiffre d'affaires à 2,4 millions d'euros pour un résultat net stable à 365 000 euros.

En revanche, on a ressenti que les projets liés aux moteurs de recherche souffraient d'un certain manque de visibilité long terme par rapport aux autres années et que les choix de débloquer des financements pour les réaliser pouvaient se faire au dernier moment, ou au contraire être coupés rapidement.

Nous pensons qu'une phase de consolidation du marché de la recherche est à prévoir en France dans les 18 mois. Il n'y a qu'à regarder ce qui s'est passé sur le marché américain pour se rendre compte que cette tendance est bien ancrée dans une réalité. En France, la particularité du marché de la recherche est qu'il existe une quantité d'acteurs d'une taille plus ou moins équivalente.

Cela se traduit par une guerre commerciale très tendue qui devrait aboutir à une logique de reconstitution capitalistique des éditeurs présents depuis au moins une dizaine d'années. En ce qui nous concerne, nous restons ouverts à tout rapprochement et nous restons intéressé par une levée de fonds sans avoir pour autant un besoin de refinancement immédiat car notre trésorerie est saine.

"Nous avons réécrit 85-90% du code de Finder Suite 7 qui sortira en mode SaaS en juin"

Quels sont vos facteurs clés de succès ?

Antidot a les mêmes capacités de traitement en termes de volume documentaire que ses camarades. Plusieurs points nous distinguent cependant. En particulier pour tout ce qui touche aux technologies du Web sémantique permettant l'exploitation automatisée du sens des informations, à l'interconnexion des données ou encore aux ontologies.

Mais notre solution n'est pas qu'une somme de technologies plus ou moins standardisées, elle permet de répondre à la problématique de recherche de bout en bout avec des couches de text mining via des partenariats avec Arisem, Temis et Mondeca, mais aussi de la recherche collaborative, de marquage de favoris et de partage de documents.

La version 7 de Finder Suite qui sera disponible en juin a bénéficié d'une réécriture quasi complète de son code, entre 85 et 90%. Cette version a nécessité trois ans de développement et constitue pour Antidot le socle d'un nouveau départ pour les 10 prochaines années. La couverture fonctionnelle a largement été étendue sur la recherche à facettes tandis que les performances ont été accrues de façon drastique pour descendre jusqu'à 6 millisecondes.

La prise en compte de services collaboratifs permet également aux entreprises de s'initier au collaboratif 2.0 sans avoir à superposer un nouvel outil au moteur de recherche dont l'usage est désormais bien ancré dans les pratiques. Antidot Finder Suite 7 sera disponible en mode SaaS en juin et en mode acquisition de licence en septembre pour un tarif équivalent à la précédente version mais avec plus de performances, de fonctionnalités et d'options.

Sur quels projets travaillez-vous aujourd'hui ?

Actuellement, nous travaillons sur deux grands projets. Dans le cadre du Dossier Patient Informatisé tout d'abord, nous allons livrer en juin une solution permettant l'exploitation en situation d'urgence des données d'un Dossier Médical Personnalisé qui s'appuie sur des algorithmes de text mining.

Il y a également le projet Isidore, un projet ambitieux mené par le TGE Adonis-CNRS qui sera livré en octobre qui offrira la possibilité via un point d'accès unique d'accéder à l'ensemble des informations relatives aux sciences humaines et sociales disséminées dans les entrepôts de publications, les blogs, sites et réseaux sociaux. Ce projet mobilisera tout un tas de technologies en termes d'analyse, d'identification et de dédoublonnage de données.

Fabrice Lacroix est président d'Antidot depuis 2000. Il a auparavant occupé le poste de directeur technique d'Infosources de 1997 à 1999 et de développeur système chez Cosmosbay de 1994 à 1995. Fabrice Lacroix est titulaire d'un Master in computing.