MeeGo : Intel et Nokia sous pression
Alors que le fondeur américain est dans l'incapacité de commercialiser des terminaux mobiles MeeGO avant 2011, son allié Nokia occupe le terrain. Symbian est encore loin d'avoir dit son dernier mot.
C'est la deuxième mauvaise nouvelle en une semaine du côté de MeeGo, le système d'exploitation mobile Open Source conjointement porté par Intel et Nokia. Le vice-président exécutif en charge du développement de MeeGo chez le fondeur, Doug Fisher, vient en effet d'annoncer qu'il faudra attendre le premier semestre 2011 pour voir les premiers terminaux mobiles estampillés Intel tournant sous cet OS. Intel a beau se défendre de tout retard, les premiers smartphonse utilisant MeeGo étaient plutôt attendus dès la fin d'année.
Une nouvelle peu rassurante qui succède à une autre, cette fois-ci chez Nokia : une semaine auparavant, Ari Jaaksi, le responsable de MeeGo chez le Finlandais démissionnait. Un départ qui d'ailleurs fait suite à plusieurs remaniements conséquents chez Nokia. Le départ du P-DG Olli-Pekka Kallasvuo, remplacé par Stephen Elop, suivi dans la foulée par la démission d'Anssi Vanjoki, en charge de la division smartphones.
S'il a rapidement remplacé Ari Jaaksi (par un membre du conseil d'administration, Alberto Torres), le Finlandais prévoit cependant toujours de compter sur sa récente recrue Peter Skillman pour développer MeeGo, ce dernier ayant par ailleurs largement contribué à la réussite du WebOS de Palm.
Feuille de route
Annoncé en février dernier lors du dernier Mobile World Congress de Barcelone, la feuille de route de MeeGo avait jusqu'à présent été respecté, a tenu à faire valoir Doug Fisher. Une version publique 1.0 - conçue pour les netbooks - a d'ailleurs été lancée en mai dernier tandis qu'une "preview " du logiciel, légèrement modifié, a eu lieu en juin. L'OS commence donc à vivre, et une version OpenSuse basé sur l'interface MeeGo Smeegol, vient même d'être annoncée. Reste au tandem Nokia/Intel de terminer la version "1.1" du système d'exploitation à temps. Elle doit être dévoilée "plus tard ce mois-ci".
Un retard d'Intel pourrait contrarier la stratégie de Nokia.
Des enjeux considérables
Pour ces deux géants, l'enjeu est de taille. Du côté de Nokia, il s'agit de garder sa place sur le marché des OS mobiles. Avec Symbian, qu'il a racheté avant de le rendre Open Source, le Finlandais détient en effet pour l'instant la plus grosse part de marché des OS mobiles. Mais la concurrence est féroce, et l'iOS et Android ne cessent de grignoter des parts à Symbian. De plus, après avoir connu son apogée sur la précédente génération de téléphones portables, Symbian a été lâché par Samsung et par Sony Ericsson, qui ne l'utiliserons pas pour leurs prochains smartphones. Pour autant, sa communauté est pourtant toujours vive, et Nokia, ne peut pas l'abandonner.
Lors de Nokia World 2010, mi-septembre, le constructeur finlandais a annoncé 4 smartphones tournant l'OS Symbian 3. Parmi eux, le C7, d'ores et déjà disponible en précommande. Nokia pourrait donc jouer sur les deux tableaux MeeGo et Symbian, le premier devant progressivement remplacer le second. Mais un retard d'Intel pourrait venir contrarier cette stratégie, surtout si les 4 smartphones ne trouvent pas leurs cibles.
Pour ce dernier, l'enjeu de MeeGo est malgré tout assez conséquent. Car le fondeur n'est pas présent sur la mobilité et il compte bien attaquer ce marché prometteur - smartphones aussi bien que tablettes - avec ces puces Atom. Mais à trop vouloir peaufiner sa stratégie de conquête, Intel prend le risque de rater le coche et saisir une opportunité de se positionner. En attendant, il a récemment annoncé travailler sur un logiciel permettant de traduire facilement de applications iOS afin de nourrir sa boutique en ligne AppUp.
Mais à trop attendre, le risque de cette stratégie de perfectionniste est de voir les premiers modèles de terminaux mobiles MeeGo tourner avec des processeurs ARM. Nokia pourrait en effet être tenté de devancer son partenaire en commercialisant avant lui ses premiers terminaux MeeGo.