Le secret bien caché de l'ESN Devoteam pour booster sa croissance

Le secret bien caché de l'ESN Devoteam pour booster sa croissance Pour accélérer son repositionnement, l'entreprise française de services mise sur une organisation et une structure financière d'un nouveau genre.

En début d'année, Devoteam donnait le coup d'envoi d'un nouveau plan stratégique. L'objectif de l'ESN ? Parvenir à accroître son chiffre d'affaires de 80% en quatre ans, et atteindre le milliard d'euros en 2020. Pour relever ce défi, le groupe de Levallois-Perret compte tirer profit d'un recentrage géographique (sur l'Allemagne, le Benelux, l'Espagne, sans oublier la France). Mais aussi, et surtout, d'un repositionnement dans les SMAC (pour Social, Mobilité, Analytics et Cloud). Représentant 38,3% de son activité sur 2016, ce segment atteint 43% du revenu au 1er trimestre 2017. Une montée en puissance qui contribue à tirer le CA de la SSII de 14,5%, à 150 millions d'euros sur la période, comparé à l'année précédente. L'entreprise entend faire grimper cette part à 70% d'ici trois ans.

"Nous souhaitons accélérer la cadence et passer de deux start-up internes créées chaque année à quatre ou cinq à partir de 2020"

Pour parvenir à ce résultat, Devoteam prévoit d'acquérir pour 200 millions d'euros de chiffre d'affaires sur le front des SMAC d'ici 2020, tout en réalisant en parallèle une croissance organique de 7 à 10% chaque année. Et dans ce domaine, la société de Godefroy et Stanislas de Bentzmann a un secret : elle s'est dotée d'une organisation interne, d'un nouveau genre, en mode start-up.

"Nous recrutons des dirigeants passionnés par la transformation digitale. Nous leur confions une activité avec un financement et l'objectif de lancer une nouvelle offre, sur la base d'un business plan sur 3 à 4 ans conçu et discuté ensemble. Ils bénéficient du branding de Devoteam, de nos références client, mais aussi de notre back office en matière de marketing, d'informatique, de comptabilité. Ces dirigeants pilotent ensuite pleinement leurs opération : les recrutements, le delivery et les ventes...", détaille Sébastien Chevrel, COO de Devoteam.

Booster l'entreprenariat interne

Baptisées speedboats, les structures en question, légères et agiles, ciblent une courbe de croissance rapide dans l'optique d'être bénéficiaires dès le 8e ou 9e mois. Avec pour vocation de conquérir une niche dans les SMAC, elles ont aussi pour but de renforcer les positions de Devoteam sur ses géographies stratégiques, mais également renforcer ses offres de conseil et d'intégration liées aux technologies de ses partenaires clés (Google, Red Hat et ServiceNow).

Sébastien Chevrel est COO de Devoteam. © Devoteam

9 speedboats ont été lancés par Devoteam depuis 2013. L'un, baptisé Fi-Makers, se concentre par exemple sur les enjeux de transformation digitale dans le secteur de la banque d'investissement et de la gestion d'actifs. Ont été recrutés à sa tête deux anciens dirigeants d'activités de conseil en banque, finance et assurance. Une autre de ces start-up internes (Devoteam Customer Effectiveness) se spécialise dans le conseil en gestion de la relation client et en marketing multicanal, avec à la clé des compétences en solutions Salesforce et Microsoft Dynamics 365.

"Nous souhaitons accélérer la cadence et passer de deux speedboats créés chaque année à quatre ou cinq à partir de 2020. L'un des principaux défis de cette dynamique est d'attirer des talents en proposant un mode d'organisation dynamique en ligne avec l'esprit de l'économie digitale", confie Sébastien Chevrel.

Des dirigeants impliqués dans le financement

"Il ne s'agit pas d'incuber des entreprises", insiste le COO. Néanmoins, le mode de financement d'un speedboat est calqué sur celui d'une start-up. "On réalise un tour de table au moment du lancement. Les dirigeants qui nous rejoignent contribuent au financement, et prennent une part dans le capital de Devoteam correspondant à leur niveau d'apport, avec à la clé une formule de sortie à trois à quatre ans qui est fonction de la performance réalisée", explique Sébastien Chevrel. La majeure partie de l'enveloppe est prise en charge par l'ESN, mais au total ce montage permet d'aboutir à une logique d'intéressement en cohérence avec la démarche. Finalement, au terme de 3 ou 4 ans, les offres de ces speedboats sont programmées pour être intégrées dans l'offre globale de Devoteam.

Quel est le poids du nouvel écosystème dans les résultats de Devoteam ? "Les speedboats contribuent déjà à ajouter 2 à 3 points au taux de croissance du chiffre d'affaires annuel global", affirme Sébastien Chevrel. En tenant compte à la fois de l'ensemble de ses capacités organiques et de la contribution consécutive au rachat du néerlandais TMNS (10 millions d'euros sur sept mois), Devoteam vise désormais un chiffre d'affaires de 595 millions d'euros en 2017, en hausse de 7,2%, à taux de change et périmètre constant.