Voici la killer application de Microsoft pour contrer Slack

Voici la killer application de Microsoft pour contrer Slack L'éditeur américain a amorcé l'intégration de Skype for Business à sa solution de messagerie d'équipes, alias Teams. Les deux offres ne feront bientôt plus qu'une.

Revendiquant 6 millions d'utilisateurs actifs quotidiens (et 250 000 utilisateurs actifs hebdomadaires en France), Slack se taille la part du lion sur le marché émergent du team messaging. En 2016, elle était classée par Okta en première position des offres SaaS à plus forte croissance en termes d'adoption. D'après une étude de Spiceworks publiée début 2017, Slack se classe de très loin devant ses principaux concurrents en termes de part de marché, que ce soit Microsoft mais aussi Atlassian ou encore Facebook (voir le graphique ci-dessous). Mais désormais, Microsoft est bien décidé à en découdre avec le Canadien.

D'après une étude de Spiceworks parue début 2017, Slack se classe loin devant ses principaux concurrents (Atlassian et Facebook) sur le terrain des outils de team messaging. © Spiceworks 2017

En vue d'enrailler la montée en puissance de Slack, Microsoft a pris une décision radicale : intégrer Skype for Business à sa propre solution de messagerie d'équipes, alias Teams. Le groupe souhaite faire à terme de cette dernière l'application de communication unifiée de référence d'Office 365 (lire le post de cette annonce). Microsoft compte aboutir à la fusion complète des possibilités de Skype for Business dans Teams d'ici la fin du premier semestre 2018. La gestion de la téléphonie y est déjà prise en charge depuis décembre. Doivent venir ensuite le support des téléréunions, du partage d'écran en live, ou encore des conférences en broadcast.

Communication unifiée et team messaging

C'est un coup de semonce pour Slack. Skype for Business bénéficie en effet d'une position écrasante sur le marché des applications de travail collaboratif. Comme le révèle l'étude de Spiceworks évoquée plus haut mais aussi un sondage JDN / Club Décision DSI réalisé en mars et avril 2017 (sur un périmètre franco-français cette fois), le produit de Microsoft tendrait vers les 40% de part de marché sur le créneau (plus large) des messageries professionnelles, contre seulement 10% à 15% pour Slack. Si l'entreprise de Satya Nadella parvient à réaliser son tour de passe-passe, le taux de pénétration de Skype for Business pourrait à terme se reporter sur celui de Teams. Slack se retrouverait alors le bec dans l'eau.

En associant Skype for Business avec Teams, Microsoft fait d'ailleurs d'une pierre deux coups. Il répond dans le même temps à l'émergence d'un autre acteur : Zoom. La solution de visioconférence de ce dernier se hisse en tête du baromètre 2017 d'Okta (reléguant Slack en troisième position). Un succès qui s'explique notamment par une ergonomie simple et moderne, ainsi qu'une couverture fonctionnelle plutôt complète. Sans oublier un modèle freemium, avec un forfait gratuit autorisant un nombre illimité de réunions.

Là encore en associant team messaging et communication unifiée (ce qui parait plutôt censé, la messagerie d'équipes étant un canal de communication comme un autre), Microsoft se démarque de Zoom qui, lui, reste cantonné à la visioconférence et la messagerie instantanée classique.

Vers une fusion Slack-Zoom ?

Comment Slack va-t-il réagir ? Certes, la société de Vancouver pourrait être tentée de conserver sa ligne actuelle. Côté écosystème, Teams est encore loin de faire le poids avec son offre. L'outil de Microsoft se limite à ce jour à 90 applications pré-intégrées (dont 40 bots) contre plus de 1 000 pour Slack. Autre argument, des interfaces avec les principales solutions de vidéoconférence du marché (Google Hangouts, GoToMeeting, Skype, WebEx et même Zoom) permettent aux abonnés de participer à des calls ou meetings dans ces environnements. Last but not least, Slack gère les conférences audio et vidéo entre ses utilisateurs (via la fonction Slack Calls), et ce dès sa version gratuite.  

Slack a-t-il le choix ?

Mais, Slack ne va pas jusqu'à gérer la communication unifiée ni les webconférences comme peut le revendiquer Microsoft (et Zoom). Il ne prend pas en charge la gestion des appels téléphoniques. Il n'inclut ni ne supporte de PBX.

Pour Slack, une des solutions possible (et logique) pourrait être d'acquérir Zoom. Reste à savoir si Slack a les reins suffisamment solides financièrement pour mener à bien l'opération. Slack a levé 841 millions de dollars depuis sa création. Lors de son dernier tour de table annoncé en septembre 2017 (à hauteur de 250 millions de dollars), la société était valorisée 5,1 milliards de dollars. De son côté, Zoom enregistre un financement total de 145 millions de dollars, pour une valorisation de 1 milliard de dollars annoncée lors de sa précédente levée de fonds. Tout comme Slack, Zoom est cashflow positif.

Déjà la gestion des appels téléphoniques dans Teams

En attendant, Microsoft déroule sa feuille de route. Dès septembre, il introduisait la possibilité de rejoindre une réunion dans Teams via un numéro de téléphone, et rendait interopérable l'outil avec Skype. En décembre, il annonçait le support natif de la téléphonie dans Teams. Avec à la clé la gestion des appels (entrants et sortants), des transferts, de la mise en attente, du voicemail, du multi-call, etc. Pour être activées, ces fonctions impliquent de souscrire l'abonnement Office 365 Enterprise E5 - qui donne accès au PBX cloud nécessaire (lire le post de cette annonce). Un guide d'utilisation a été publié par l'éditeur.

En décembre, Microsoft introduisait le support natif de la téléphonie dans Teams. © JDN / Capture

Microsoft ne compte pas pour autant abandonner les clients historiques de  Skype for Business. "Nous allons continuer à proposer Skype for Business, que ce soit en version cloud ou privée. Dans ce dernier cas, nous prévoyons d'ailleurs de lancer une nouvelle version de Skype for Business Server au deuxième semestre 2018", indique la firme.