Créer son contenu directement pour le mobile

Créer son contenu directement pour le mobile Le smartphone offre une navigation confortable et interactive dont les référenceurs ont intérêt à tirer parti en concevant des contenus adaptés.

S'il est plus pratique de consulter un dossier de cent pages ou un livre blanc sur desktop, bien d'autres contenus sont désormais consommés prioritairement sur le mobile. Ceux du site de L'Equipe, par exemple, en font partie, avec une audience composée à 75% de mobinautes. Pour les sites qui se trouvent dans une situation identique, la première étape est de comprendre dans quel usage les mobinautes consomment leurs contenus (loisir, déplacements, besoin urgent d'informations précises, etc), et quelles sont leurs attentes pour pouvoir leur offrir une navigation ergonomique et satisfaisante. Ensuite, reste à créer un contenu adapté au mobile.

Organisation d'une page pensée pour le mobile

Les pages créées pour le mobile doivent être conçues dans un esprit de légèreté. "Le choix de la simplicité peut donner un sentiment d'appauvrissement, mais en fait, c'est un gain pour la lecture", commente Emmanuel Alix, directeur du pôle numérique de L'Equipe. Pour lui, penser son contenu pour le mobile oblige à épurer les pages de façon parfois drastique : "Par exemple nous avons décidé de supprimer le sous-titre qui expliquait le contenu de l'article". Des pages plus sobres, donc, et "sans colonnades, illisibles sur un petit écran", ajoute Jean-Marc Hardy, cofondateur de l'agence Yellow Dolphins. Pour ce dernier, il faut commencer par "soigner le haut de la page, au-dessus de la ligne de flottaison", qui doit être clair et donner envie de voir la suite. Choisir des CTA plus gros et évidents, facilement actionnables avec les doigts et un menu en hamburger (composé de trois lignes superposées et cliquables pour faire apparaître les éléments de l'arborescence) sont autant de mesures qui allègent la page et permettent au regard d'embrasser tout de suite l'ensemble de son contenu. Emmanuel Alix, lui, est plutôt partisan de la navigation horizontale, qui permet de swiper les éléments avec le pouce. Le menu du site de L'Equipe est présenté sur ce modèle. 

Jean-Marc Hardy engage les référenceurs à s'interroger sur le niveau de responsivité qu'ils souhaitent pour leur site :

  • intégral : le site repose sur une technologie nativement responsive. C'est le système le plus productif et le plus facile techniquement, mais il impose de penser son contenu exactement de la même façon pour le mobile et le desktop.
  • séparé : un site mobile et un site desktop indépendants, avec deux contenus complètement adaptés. Il faut que le basculement d'un site à l'autre soit facile.
  • le responsive design amélioré : la solution que Jean-Marc Hardy qualifie de "plus réaliste", car plus conciliante. Elle permet de décider quels blocs s'affichent sur quel écran. A l'aide des statistiques d'usage des différents éléments de la page, le référenceur peut se rendre compte que sur mobile, un bloc n'est jamais cliqué sur une page. Il n'y alors pas de raison pour qu'il occupe de l'espace sur l'écran. Une solution qui demande un peu de patience mais permet de créer avec précision des pages adaptées aux usages de ses utilisateurs.

Ecriture : les bonnes pratiques

Pour Emmanuel Alix, il n'y a pas de raison de rédiger différemment un contenu destiné au smartphone ou au desktop. Les deux supports exigent un contenu descriptif, enrichi de liens, de vidéos et de visuels. Jean-Marc Hardy considère pour sa part que la différence principale réside dans l'organisation des informations. Sur le smartphone, il y a peu d'espace pour convaincre l'internaute de poursuivre sa lecture. Le spécialiste de la rédaction web conseille de "sélectionner un détail ou une information indispensable mais qui demande d'être approfondi par la suite". Le titre et le chapô, courts et concis, doivent ouvrir sur un contenu riche. Sur mobile comme ailleurs, internautes et moteurs de recherche sont avides d'informations à forte valeur ajoutée.

"Une longue page peut très bien fonctionner sur mobile si la mise en page est lisible et le contenu intéressant"

Jean-Marc Hardy considère que si les internautes apprécient son style, le rédacteur n'a pas de raison de se museler sous prétexte qu'il cherche à les atteindre via un autre support. Au contraire, adopter un ton plus neutre pourrait les décevoir. Quant à la longueur du contenu, il conseille de ne pas faire "trop court". "Une longue page peut très bien fonctionner sur mobile si la mise en page est bien lisible et le contenu intéressant. Si vous faites plusieurs pages avec un contenu trop court ou trop pauvre, vous risquez surtout de pénaliser les performance SEO de votre site".

Vidéos / podcast

Pour Jean-Marc-Hardy, le format vidéo a l'avantage de réunir de façon complémentaire la vidéo et le son, en permettant de les dissocier si besoin. Le podcast est un format très populaire, mais plus limité, puisque seulement audio. Ils répondent cependant tous les deux bien aux usages du mobile et aident à augmenter l'engagement des utilisateurs. Ils doivent de ce fait être correctement mis en valeur. Par exemple, "l'utilisation en haut de page d'un résumé vidéo du contenu textuel va permettre de rapidement faire passer l'information principale et de rendre ses CTA plus visibles", considère Olivier d'Aries, responsable SEO chez Nexity. En revanche, il déconseille fortement de mettre automatiquement le son sur les vidéos, afin de ne pas dégrader gravement l'expérience utilisateur. Après le podcast ou la vidéo, il est recommandé d'ajouté des CTA, puis un texte descriptif contenant des mots-clés pour aider les robots de crawl à comprendre le contenu de la page.

Les éléments sticky, qui restent fixes sur un coin de l'écran même lorsque l'utilisateur scrolle la page, représentent une avancée en matière d'UX sur le smartphone. Olivier d'Aries conseille d'y recourir pour les vidéos, tandis que L'Equipe a ajouté sur les live de compétitions un tableau sticky pour garder le score du match sous les yeux.

Opportunités : penser aux fonctionnalités du mobile

"Lorsqu'on travaille sur un ordinateur, c'est une discipline à prendre de penser tous les jours tout son contenu pour le mobile", reconnaît Emmanuel Alix. Pourtant, "le mobile a l'avantage de comporter de nombreuses fonctionnalités qui permettent de penser son contenu de façon vraiment interactive", souligne Jean-Marc Hardy. De la simple fonctionnalité "appel" qui permet de prendre contact par téléphone en un seul clic à la mesure de la température en passant par la caméra ou la géolocalisation, les pistes sont nombreuses pour inspirer un contenu spécifique et propice à susciter l'engagement des mobinautes.