Capgemini vs Atos : leurs stratégies de croissance externe décryptées

Les rachats réalisés par les deux plus grandes SSII françaises se multiplient. Un possible rapprochement des deux géants ne semble plus d'actualité tant leurs stratégies de croissance divergent.

2010 a été une année fertile pour le secteur des sociétés de services informatiques françaises. En particulier pour les deux poids lourds français que sont Capgemini (8,69 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2010) et Atos Origin (5,02 milliards).

En mettant la main sur Siemens IT Solution and Services - la division informatique de l'allemand Siemens - Atos Origin s'est donné les moyens d'accroître son positionnement concurrentiel à l'échelle européenne pour espérer gagner des parts de marché face aux grandes pointures internationales que sont IBM, HP ou encore Accenture.

A l'occasion de l'annonce de la finalisation de ce rachat, la SSII française n'a d'ailleurs pas manqué de signaler que son chiffre d'affaires proforma atteignait pour 2010 les 8,7 milliards d'euros : des revenus très légèrement au-dessus de ceux de son rival Capgemini, du moins virtuellement puisqu'il est objectivement délicat de comparer des résultats réels et proforma.

Depuis sa fusion avec Origin en 2000 puis les rachats d'une partie des activités de KPMG Consulting et de Groupe Sema au début des années 2000, Atos s'était pourtant faite relativement discrète sur le terrain des acquisitions.
 

Capgemini mise sur l'Inde et les Etats-Unis alors qu'Atos Origin a renforcé sa présence en Europe

Elle s'était même résignée courant 2010 à ne pas se porter acquéreur de RBS WorldPay : un opérateur spécialisé dans les moyens de paiement qui lui aurait pourtant permis de donner un second souffle à sa division Atos Worldline.

Ayant abandonné le rachat de cette proie sans doute un peu trop grosse à avaler (il aurait fallu mettre sur la table plus de 2 milliards de dollars), Atos Origin a conclu l'acquisition de Venture Infotek (pour un peu moins de 20 millions d'euros) qui lui permet de disposer de quelques forces en Inde. Sans commune mesure cependant avec celles de Capgemini.


Capgemini s'est renforcé dans l'hébergement en rachetant le français Prosodie

La première SSII française a en effet mis un point d'honneur à développer ses activités au-delà des frontières européennes, au travers notamment du rachat en 2006 du géant des services IT indien Kanbay pour un montant conséquent de 1,25 milliard de dollars.
Une stratégie de croissance ouvertement tournée vers l'international qui s'est poursuivie quelques années plus tard avec l'acquisition de CPM Braxys pour plus de 230 millions de dollars. Cet acteur est également positionné sur le segment des services informatiques, mais cette fois au Brésil. On notera également un premier pas (modeste) de la SSII française en Chine avec le très récent rachat de Praxis Technologies.

Mais, les ambitions de croissance externe de Capgemini ne sont pas uniquement tournées vers l'étranger. Elle l'a prouvée en s'emparant pour 382 millions d'euros de Prosodie, un spécialiste française historique dans le domaine de l'hébergement et des centres de contacts.

Face au rachat de Siemens IT Solution and Services effectué par Atos Origin en Europe, Capgemini estime quant à lui que les portes de la croissance pourront désormais s'ouvrir à lui aux Etats-Unis. Son P-DG Paul Hermelin vise en effet le top 10 des SSII dans ce pays.