"De nouveaux modèles économiques vont émerger en vue de renouer avec la croissance"

"De nouveaux modèles économiques vont émerger en vue de renouer avec la croissance" Entreprises et organisations publiques engagent des projets de transformation informatiques pour réduire les coûts. Le secteur de la santé et des services de proximité tirent leur épingle du jeu.

Quel domaine d'activité a le plus souffert de la crise chez vous ?  

CSC dispose de trois activités, conseil, intégration et outsourcing. Le conseil et l'intégration de systèmes en France connaîssent une croissance continue de près de 8%, en Europe de 6%, et aux Etats-Unis de 2%. L'outsourcing est en progression en Europe et en légère diminution aux Etats-Unis. La conduite du changement et les projets ERP pour industrialiser les fonctions de support et métier des entreprises sont une priorité. Ils permettent de réduire les coûts, et souffrent moins de la crise.

Avez-vous envisagé l'offshore comme un levier de croissance ? Continuerez-vous à développer ce type d'activité et, si oui, dans quels pays ?

Le global sourcing est une priorité pour CSC. Nous avons trois réponses. Une forte valeur ajoutée en proximité pour nos clients : conseil, ERP métier et transformation des systèmes d'information. Le nearshore à partir de l'Espagne, de l'Italie et des pays d'Europe centrale pour la gestion de maintenance et de projets spécialisés nécessitant une réactivité courte.

Enfin l'offshore, avec l'Inde en expansion. Nous disposons de 20 000 ingénieurs pour traiter les grands contrats de gestion et de maintenance applicative et de pilotage d'infrastructures ou de processus pour nos grands clients multinationaux. La globalisation est une nécessité pour nos grands clients, nous les accompagnons avec le global sourcing.

Quels projets stratégiques les entreprises ont-elles le plus de mal à repousser ?

Nos clients sont confrontés aujourd'hui à deux grands défis. La réduction des coûts et l'augmentation des revenus. Les projets de transformation qui amènent une réduction des coûts telles que la rationalisation des processus métier ou fonction support, la réduction de la complexité des applications informatiques, l'optimisation et la virtualisation de l'infrastructure informatique, avec des premiers résultats à trois ou six mois, deviennent une priorité pour l'entreprise.

L'approche multicanal, basée sur l'Internet et les réseaux physiques de distribution, permet de son côté de développer une nouvelle relation client pour différencier l'offre de services et de produits selon les modèles économiques adaptés à chaque segment de clientèle.

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"Nous avons permis à la Fnac de compenser la baisse de fréquentation en magasin par l'augmentation du volume sur son site de ventes en ligne" © Antoine Crochet-Damais / Benchmark Group

Ces projets représentent une priorité pour augmenter les revenus et différencier la chaîne logistique. Pour la Fnac nous avons développé Fnac.com en Europe avec plus de 4 millions de clients et l'organisation commerciale et logistique en magasin avec 1,1 million de clients. Cela a permis à l'enseigne de compenser la baisse de fréquentation en magasin par l'augmentation du volume sur son site de vente en ligne.

Faites-vous partie de ces optimistes qui pensent que la crise se terminera en 2010 ou des pessimistes qui n'envisagent pas une reprise sérieuse avant 2011 au moins ?

Je pense que nous sommes dans une crise longue mais que de nouveaux modèles économiques vont sortir pour renouer avec la croissance. Notamment comme on l'a vu dans la crise précédente de 2001 avec les modèles low cost dans les transports, la distribution et les services financiers.

Par ailleurs, les investissements majeurs dans la santé et les services de proximité vont nécessiter des investissements informatiques pour réduire les coûts de gestion administrative, de la santé, et du vieillissement de la population.

Envisagez-vous des opérations de croissance externe ?

Nous avons une politique de croissance en trois tiers. Le premier tiers est basé sur la croissance organique, le deuxième tiers sur la croissance externe. Nous venons notamment d'acquérir Bearing Point Brésil, leader du conseil et des ERP dans ce pays. Le dernier tiers étant l'outsourcing.

Allez-vous lancer une offensive dans le cloud comme certains de vos confrères ?

Nous avons signé un accord de partenariat avec Microsoft sur la suite Business Productivity Online Suite. Pour nous, le cloud computing représente une opportunité de mettre en ligne rapidement des applications et des systèmes de collaboration. Nous sommes également le partenaire d'Oracle avec CRM On-demand en Europe, avec une réalisation pour Thales. Nous travaillons également avec Salesforce.com et Pivotal. Nous pensons que ces solutions apportent des réponses rapides à nos clients.

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"Aujourd'hui, les secteurs les plus dynamiques sont la grande consommation, les transports, l'énergie et le secteur public" © Antoine Crochet-Damais / Benchmark Group

Quels segments de marché sont aujourd'hui les plus dynamiques en termes de projets IT ?

Aujourd'hui, les secteurs les plus dynamiques sont la grande consommation, les transports, l'énergie et le secteur public. Les besoins d'amélioration de la relation client et de la chaine logistique représentent des enjeux importants pour la distribution. La dérégulation européenne du chemin de fer représente une opportunité de transformation de l'organisation des SI pour séparer l'infrastructure rail, gare et services, désormais ouverts à la concurrence.

Nous aidons dans toute l'Europe les principaux acteurs dans cette transformation et notamment la SNCF au travers de ses filiales Thalys et Eurostar, mais aussi les Chemins de Fer belge, italien, espagnol, anglais et hollandais. Nous sommes en train d'offrir notre offre de services en Australie et aux Etats-Unis via Amtrak. L'énergie représente également un secteur de croissance et notamment dans le nucléaire pour la sécurité, la distribution, la bonne gestion et la facturation, et la consolidation des acquisitions.

Vous êtes un français qui réussit dans un groupe étranger. Quelle est la différence culturelle entre les deux modèles ? Quels conseils donneriez-vous à un français ? Comment faire pour réussir à l'étranger ? Quelles sont les qualités requises pour réussir à travailler dans un groupe américain ?

J'ai la chance d'avoir réussi dans un groupe international américain et leader dans les métiers du conseil et des technologies de l'information, et ce en apportant de l'innovation dans les solutions et les réponses à apporter à nos clients, dans l'intégration des métiers du conseil et des services informatiques, mais surtout en garantissant des résultats et en donnant une vision aux équipes et aux actionnaires durant les 15 dernières années au sein de CSC.

Les cultures sont différentes : les américains sont pragmatiques et industriels alors que nous sommes parfois innovants et arrogants. Mais en mélangeant les deux cultures, nous pouvons devenir innovants et industriels et avoir des résultats avec humilité. Il faut aller au-devant des autres, se faire respecter et apprécier la contribution de tous.

Utiliser l'humour, être multilingue, savoir se déplacer au-delà des frontières, voilà quelques composants qui permettent de réussir au sein d'un groupe international. Je suis aujourd'hui le président des activités conseil et intégration de systèmes monde qui incluent consulting, SAP, Oracle et technologies. Cela représente un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars sur les 16 milliards de dollars de chiffre d'affaires de CSC.

Claude Czechowski est P-DG de CSC pour la région Europe de l'Ouest et du Sud. Il préside également les activités consulting et intégration de systèmes Monde. Il a rejoint CSC en 1994 en prenant la direction de la division française. Auparavant, il a exercé plusieurs responsabilités à la direction générale de Sema Group. Claude Czechowski est diplômé de l'ENSI et est titulaire d'un doctorat en sciences des organisations.

Nous informons nos lecteurs qu'un incident intervenu chez l'un des opérateurs de transit du JDN a pu perturber l'affichage de la session de ce chat (qui s'est tenu mardi 21 juin de 17h à 18h). Certains internautes ont été impactés, en particulier ceux connectés via Orange. L'incident ne remet cependant pas en cause l'intégrité et la véracité des propos rapportés dans cette présente retranscription.